Homélie de la célébration de la Croix – Vendredi Saint – 19 avril 2019
Par l’abbé Dino Gbebe
« Père, pardonne-leur », « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? », « J’ai soif », « Tout est accompli ». Chers frères et sœurs, Jésus s’est dépouillé de tout, de toute sensibilité humaine, et nous fait même don de sa mère, la Vierge Marie. Jésus est mort et mis au tombeau. Le monde pense que tout est fini, l’espérance est perdue et plongée dans les ténèbres. Mais, aux yeux des croyants, c’est maintenant que tout commence, c’est le début d’un nouveau départ. Chers frères et sœurs, ouvrons les yeux de notre cœur pour mesurer la grandeur de cet événement. La plus grande leçon que Jésus nous donne de sa passion, c’est de nous montrer comment la force de l’amour passe par la souffrance. Dans le cœur de Jésus, il y a une unité extraordinaire entre l’amour et la souffrance. Les saints le comprennent si bien qu’ils se réjouissent de souffrir pour être plus près de Jésus.
Souvent, ce qui nous empêche d’avancer dans notre vie chrétienne, c’est que nous sommes en quelque sorte tentés en face de la souffrance, de la maladie, du cancer, la liste n’est pas exhaustive. Nous avons tendance à croire que la souffrance est toujours à écarter, qu’il ne peut pas y avoir de sainte souffrance. Nous avons raison, c’est que nous n’avons pas encore suffisamment expérimenté l’amour infini de Dieu, c’est que le Saint-Esprit n’est pas encore venu nous faire pénétrer dans le cœur de Jésus. Sans l’Esprit Saint, nous sommes incapables de deviner comment il peut exister un amour plus fort que la mort, non pas un amour qui empêche de mourir, mais un amour capable de sanctifier la mort, de la pénétrer, de faire qu’il existe une mort qui soit sainte : je veux dire, la mort de Jésus et toutes les morts qui sont unies à la sienne.
Jésus peut nous faire parfois connaître les souffrances de sa propre agonie et nous faire comprendre en même temps que nous avons à les accepter, que nous n’avons pas à les fuir ; il nous demande d’avoir le courage de rester avec lui, et tant que nous n’avons pas ce courage, nous ne pouvons pas trouver la paix de son amour. Mais, il vient lui-même à notre secours et demande à Dieu de nous pardonner nos péchés : « Père, pardonne-leur ». Aujourd’hui, nous avons l’assurance que Jésus a obtenu le pardon de tous les hommes, quelles que soient leurs fautes, et que le salut acquis par lui sur la Croix comme prêtre et victime aimante est offert à tous sans exception. Et c’est pourquoi, il ouvre le ciel au bon larron : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le royaume ».
Demandons
humblement à Jésus d’être prêts, quand il voudra, à communier à ses
souffrances. N’essayons pas de les imaginer, mais si nous ne nous sentons pas
prêts à les vivre maintenant, prions pour ceux à qui Jésus demande de les
vivre, ceux qui continuent la mission de Marie : ils sont les plus faibles
et c’est eux qui ont le plus besoin d’être soutenus.
Ce soir, Seigneur, nous voulons veiller avec toi, contempler ta passion pour comprendre le mystère de ton amour infini pour nous. Prépare nos cœurs à accueillir le mystère de la Croix mets en nous l’esprit de grâce, de supplication et de repentir pour nos péchés et pour les péchés de toute l’humanité. Ô Marie, toi qui as vécu avec ton Fils son agonie et sa mort, donne-nous de pleurer avec toi des larmes que rien ne saurait tarir, pour que sans cesse notre âme s’en trouve irriguée, et que notre cœur, parfois endurci, s’attendrisse.