Homélie du 2e dimanche de
Carême – 17 mars 2019
À l’occasion de la profession de Foi de 8 jeunes de la paroisse
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale, les titres sont ajoutés après transcription
« Citoyenneté dans les cieux ». Nous sommes citoyens du ciel ! C’est quand même une bonne nouvelle ! Et si nous sommes ici, dans cette église, c’est pour nous rappeler ceci : nous sommes de la famille de Dieu. Et, aujourd’hui, huit d’entre nous qui sont là, en blanc, comme au jour de leur baptême, viennent affirmer : « Oui, nous voulons faire partie de ce peuple ; nous voulons faire partie de la famille de Dieu ; oui, nous voulons choisir d’avoir Dieu dans notre vie, d’être vraiment des citoyens de ciel. » Alors, je pourrais reprendre les mots de saint Paul en vous parlant à vous : « Vous êtes ma joie et ma couronne ! J’ai tant d’affection pour vous. Tenez bon ! » Tenez bon.
I – La Foi
Dans la première lecture, nous avons entendu une Parole de Dieu à Abraham : « Regarde le ciel, et compte les étoiles si tu peux. Telle sera ta descendance ! » Et, vous savez que, au moment où Dieu dit cela, Abraham est déjà assez âgé, et il n’a pas d’enfant. Et « Abraham eut foi dans le Seigneur ». C’est une belle parole qui nous est donnée là, le jour de la profession de foi. Avez-vous foi dans le Seigneur, comme Abraham eut foi dans le Seigneur ? Alors, qu’est-ce que c’est que la foi ?
La Foi, c’est d’abord la première des ‘vertus
théologales’, mot
barbare s’il en est. Une vertu, c’est une force, et si elle est théologale
c’est qu’elle est donnée par Dieu. C’est la Foi qui nous fait savoir que Dieu
existe. Je ne Le touche pas, Dieu, je ne Le vois pas avec mes yeux, je ne Le
respire pas, je ne L’entends pas avec mes oreilles, et pourtant je sais qu’Il est là. Mon intelligence
en est convaincue. La foi, c’est le cadeau que Dieu fait à mon intelligence.
Sans la Foi, je peux à la limite imaginer qu’il existe un dieu, mais je ne peux
pas en être sûr. Et s’il existe un dieu, je peux lui faire confiance – c’est le
même mot : la foi et la confiance – et quand Il me parle, par les
prophètes, par le Christ, par l’Église, par sa voix au fond de mon cœur, je lui
fais confiance.
Alors nous sommes invités à être, tous et chacun, des Abraham. Si on l’appelle ‘Père
dans la foi’, ce n’est pas pour rien. Et
nous sommes invités à faire comme lui, c’est-à-dire à faire alliance avec Dieu.
Et à l’époque, on prend des animaux, on les partage en deux, sous-entendu :
‘si je ne tiens pas ma promesse, qu’il m’arrive
ce qui est arrivé à ces animaux’. Donc, c’est un engagement tout entier d’Abraham.
Et le Seigneur a conclu une alliance avec Abraham. Il y a 10, 11, 12, 13, 14,
15 ans, 16 ans, Dieu a conclu une alliance avec chacun de vous. Il vous a dit –
vous n’avez pas entendu avec vos oreilles, vous étiez petits d’ailleurs -, mais
Il vous a dit : « Tu es mon
fils, ma fille, bien-aimé, celui que j’ai choisi »; Il nous l’a dit à
chacun ainsi. Et de fait, cette Parole de Dieu pour nous, elle nous engage et
nous invite à une réponse. Et c’est ce que vous faites aujourd’hui : vous
répondez à Dieu. Et donc, c’est un motif de joie pour tous, pour chacun de
nous.
Alors, on a parlé de la foi avec Abraham.
II – l’Espérance
Et puis, saint Paul nous parle de cette citoyenneté. « Et, nous attendons notre Sauveur le Seigneur Jésus-Christ, Lui qui transformera nos pauvres corps, à l’image de son Corps glorieux. » Et cela nous introduit sur un deuxième cadeau que Dieu nous fait, une deuxième vertu théologale, que vous avez reçue aussi au jour de votre baptême. Cette vertu, c’est l’Espérance. L’Espérance, elle s’appuie sur notre mémoire, si nous nous souvenons de toutes les merveilles de Dieu pour nous — ‘merci, Seigneur, de m’avoir donné une famille, merci, Seigneur, de m’avoir donné un pays en paix, merci, Seigneur, de m‘avoir donné une intelligence, une famille, des amis, de m’avoir donné d’être ici dans cette église aujourd’hui’ – tous ces motifs d’action de grâce, de remerciements pour le Seigneur, nous font croire que le Seigneur ne cessera pas de nous faire des cadeaux, jusqu’au cadeau ultime, lorsque nous nous retrouverons face à face avec Lui dans Sa joie, pleinement. Déjà aujourd’hui, par la Foi et l’Espérance, nous touchons à cette joie de Dieu ; mais elle n’est pas encore plénière, on le sait bien.
III – la Charité
Et puis, il y a cette rencontre que nous avons entendue dans l’Évangile : Jésus, Homme, Fils de Dieu, s’en va sur la montagne pour prier. Il a besoin de prier, il est le Fils de Dieu, il est tout le temps en relation avec son Père, et pourtant, comme tout homme, il a besoin de s’arrêter et de prendre un peu de temps, juste pour Dieu. Il veut prendre le temps de se laisser aimer par Dieu et d’aimer Dieu. Et l’amour, dans ce cadre-là – quand c’est l’amour de Dieu lui-même – on l’appelle par un mot qui est un peu suranné, on l’appelle la Charité. L’amour de Dieu lui-même, et c’est la troisième vertu, la plus haute. La Foi, l’Espérance, et la Charité ! C’est le troisième cadeau que Dieu vous a fait, et c’est le plus important : car la Foi, lorsque nous serons au ciel, nous n’en n’aurons plus besoin car on verra Dieu, l’Espérance, on n’en aura plus besoin car tout ce que nous pourrons espérer, nous l’aurons ! La Charité, l’amour, ça, ça continuera. Donc, Dieu et Dieu, Dieu Père et Dieu Fils se rencontrent dans la prière. Et il y a des témoins : Pierre, Jean et Jacques. Et Jésus, cet homme, devient transparent à l’amour de Dieu, et c’est pour cela qu’Il devient rayonnant, éblouissant et que cela inquiète un peu les témoins ! Pierre, Jean et Jacques sont saisis d’une grande frayeur. C’est comme s’ils voyaient Dieu lui-même. Ils ressentent cette frayeur et en même temps ce désir que cette rencontre continue. « Seigneur, nous allons dresser ici trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, une pour Élie ». Alors, Pierre a raison de vouloir rester, mais le Seigneur n’a pas besoin de s’installer sur une montagne avec trois tentes… Ce qu’il veut d’abord et avant tout, c’est planter sa tente dans votre cœur, dans notre cœur, à tous et à chacun. C’est cela sa maison, le temple de Dieu par excellence, c’est notre cœur, et cela dépend de nous. Il n’y a que nous qui pouvons décider de l’accueillir, ou non. Nous sommes libres.
Aujourd’hui, en faisant ce pas de profession de foi, vous dites à Dieu : « Viens, Seigneur, installe-Toi dans mon cœur. » Et nous allons proclamer la foi avec vous, et vous allez recevoir l’Eucharistie, Dieu, lui-même qui se donne. Et vous voulez que Dieu habite en vos cœurs. Alors, on a parlé de la charité, cette troisième vertu, cette force de Dieu qui nous est donnée en cadeau, cette relation entre Dieu et nous. Mais, vous savez que la charité, ça ne s’arrête pas là. La Charité, c’est la Croix de Jésus, Dieu qui donne Sa vie. Et vous savez que la Croix a deux axes. Elle a un axe qui vient de Dieu et qui vient vers nous, et qui vient de nous et qui va vers Dieu ; et puis, elle a un axe horizontal : parce que l’amour que Dieu nous donne, nous sommes chargés de le transmettre aux autres. Hier, vous avez vécu, je pense, une belle rencontre. On n’a pas eu l’occasion d’en reparler. Vous êtes allés à Charly, Millery, pour rencontrer des volontaires de « Festin d’espérance » qui est une association qui organise une soupe populaire tous les dimanches soirs. – Si vous cherchez un lieu pour vous engager, je crois qu’ils recrutent. – Et, de fait, ceux qui se sont engagés-là, ils reçoivent l’amour de Dieu dans leur vie, et c’est pour le transmettre à ceux qui sont autour de nous. C’est cela, aimer. Une croix qui n’aurait qu’un montant vertical, ce n’est plus une croix ; une croix qui n’aurait qu’un montant horizontal, ce n’est plus une croix. Il y a besoin des deux. « Écoute, Israël, le Seigneur ton Dieu est l’unique Seigneur ; tu L‘aimeras de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » La foi, l’espérance et la charité vous sont données à vous comme un trésor. Saint Paul dit, dans un autre passage, que nous sommes comme des vases d’argile – autrement dit, pas très beaux – qui contiennent un trésor. Et ce trésor, c’est Dieu lui-même qui nous remplit de Foi, d’Espérance et de Charité, et qui nous permet de rayonner.
Conclusion – le saint, c’est celui qui laisse passer la lumière
Je vais terminer. Un jour, il y a un petit garçon – il a peut-être 4 ou 5 ans – qui regarde les vitraux qui sont là, et il demande à sa maman : « mais c’est quoi, ça ? » Et sa maman lui dit « Chuuut, ce n’est pas le moment, on est pendant la messe. » Mais l’enfant insiste : « Mais c’est quoi, ça ? » « Chuuut, ce n’est pas le moment. » Et puis, encore une fois : « c’est quoi ça ? ». Et la maman répond : « ce sont des saints. Chut ! » Quelques jours plus tard, il y a catéchisme, et justement on parle de la sainteté. Et puis, l’animateur de catéchisme pose la question « Qu’est-ce que c’est qu’un saint ? ». Et le petit garçon, qui a tout compris, répond : « un saint, c’est quelqu’un qui laisse passer la lumière. » Et je crois qu’il avait tout compris.
Aujourd’hui, en faisant profession de foi, vous décidez d’être des saints, vous voulez accueillir le cadeau que Dieu vous fait, pour laisser passer la lumière de Dieu à travers vos vies. Alors, c’est pour cela que nous allons prier les uns pour les autres, parce que c’est quand même un sacré challenge. C’est un vrai combat que de laisser passer, chaque jour, la lumière de Dieu à travers nous, pour finalement ressembler encore plus à Jésus. C’est pour cela que nous avons besoin de la prière : chaque jour prendre un petit temps gratuit pour le bon Dieu. Dix minutes. On prend plus de temps pour se laver les dents chaque jour. Dix minutes pour Dieu : c’est pour cela qu’on est invité à vivre la messe chaque semaine. Ce n’est pas pour nous embêter. C’est parce que c’est là que nous recevons la force de Dieu, que nous sommes nourris par Sa Parole, que nous sommes fortifiés par Son Eucharistie, que nous sommes envoyés pour être des lumières pour le monde entier. h