Homélie du Mercredi des Cendres
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
I – Conversion
C’est le Seigneur lui-même qui nous appelle. « Maintenant, revenez à Moi de tout votre cœur ! » C’est Lui qui nous précède. Il nous appelle avant même que nous ayons eu l’idée de revenir vers lui. « Revenez à Moi de tout votre cœur ! »
Et c’est saint Paul qui le dit aussi : « Nous sommes les ambassadeurs du Christ, et par nous, c’est Dieu lui-même qui vous lance un appel : laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Pourquoi ? Parce que nous sommes loin de Dieu. Parce que nous sommes séparés de Lui. Et vraiment, vraiment, nous avons besoin de nous rapprocher de Lui.
Vous connaissez le terme technique… de la conversion ! On repense à cet exercice sportif, quand on est sur des skis, que l’on regarde dans une mauvaise direction et que l’on veut aller par-là, on fait une conversion. C’est un peu technique d’ailleurs. On peut se casser la figure facilement… Bah voilà ! C’est cela l’objectif. Je regarde dans la mauvaise direction, – ou plutôt vers celle-là !-, et je veux me tourner vers le Christ. Vers le Christ… Le regarder Lui. Car c’est Lui qui me sauve ! C’est Lui qui m’aime ! C’est Lui qui me donne Sa grâce ! C’est le moment… C’est le moment d’accueillir ce Salut. « Au moment favorable, je t’ai exaucé. Au jour du Salut, je t’ai secouru ». Et c’est maintenant le moment favorable ! C’est maintenant le jour du Salut. C’est ce que dit saint Paul. Il le disait aux Corinthiens autour des années 50, eh bien cela est toujours vrai aujourd’hui. C’est maintenant. Et il faut s’y mettre aujourd’hui. Accueillir le cadeau que Dieu veut nous faire. Sa vie. Son amour. Sa grâce.
Alors, notre réponse… Notre réponse, c’est d’abord une décision. Nous voulons devenir des justes. Et c’est ce que dit Jésus. « Ce que vous faites pour devenir des justes… » Nous voulons devenir des justes ! Et nous posons des actes pour cela.
II -L’entrainement du carême
Des justes, c’est quoi ? Ce n’est pas le gars qui dit : “Je suis meilleur que les autres !” Le juste, c’est celui qui est ajusté à la Parole de Dieu, ajusté à la volonté de Dieu. Je veux devenir Juste. Et donc pour cela, je pose des actes. Il va falloir que j’en pose dans trois directions : les enfants du caté savent que ce sont les trois P. Le P de la… Prière ! Le P de… la Pénitence. Et le P du… Partage. À l’époque de Jésus, on dit plutôt “aumône” pour dire “partage”, mais cela revient au même. “Prière”, cela n’a pas changé de mot. Et puis pénitence, c’est le jeûne.
De fait, il est intéressant de voir que Jésus considère comme naturel de jeûner. Il ne nous dit pas : “Mettez-vous à jeûner. Non.” Il dit : « Quand vous jeûnez ». Donc Il attend bien que nous jeûnions régulièrement quand même. Alors qu’est-ce que c’est que ce jeûne ? Eh bien c’est un rapport d’abord avec moi-même. C’est une ascèse. Un exercice. Et d’ailleurs, comme c’est un exercice qui n’est pas si facile que cela, l’Église ne le demande vraiment qu’aux personnes entre 16 et 65 ans, qui ne sont pas enceintes et pas malades. Voyez, cela réduit tout de suite la population. Mais quand on a plus de 65 ans, ou que l’on en a moins que 16, on a le droit quand même de jeûner. Il ne faut pas se mettre en danger. Ce n’est pas le but ! Le but, ce n’est pas de se mettre en danger, évidemment.
Donc jeûner, comme faire pénitence en général, c’est un exercice sur soi-même. C’est être capable de se commander à soi-même. Est-ce que je suis maître de mes désirs, de mes envies ? Est-ce que je peux retarder la satisfaction d’un plaisir ? Parce que, ne pas manger pendant une journée, le Mercredi des Cendres, personne n’en est mort… Et je peux attendre jusqu’à demain matin. Est-ce que je suis capable de me commander ? C’est un exercice… Et l’Église ne nous demande de le faire que deux fois dans l’année. Le mercredi des Cendres et le Vendredi Saint. Après, là aussi, on a le droit d’en faire plus.
Et c’est aussi l’occasion, quand on a le ventre vide qui crie famine et qui dit : “Aïe, j’ai faim”, eh bien, on peut se mettre en connexion avec les autres. Parce qu’on peut penser en particulier à tous ceux qui ont faim dans le monde et qui, eux, n’ont pas le choix. Ils n’ont pas choisi d’avoir faim. On peut se dire qu’eux, ils souffrent de cela tous les jours. Et enfin, on peut se mettre aussi en rapport avec Dieu. Parce que chaque fois que j’ai faim, je peux me dire : “Ah oui, j’ai faim parce que je jeûne, parce que je suis chrétien, parce que…” Et du coup, je pense à Dieu. Et je peux Le prier. Et je peux prier pour les autres… Et pour tous les autres chrétiens qui ont en ce moment un petit creux !
Je ne vais pas déployer sur l’aumône, le partage et la prière… Pourtant, c’est bien essentiel. C’est notre réponse à cet appel de Dieu. “Laissez-vous réconcilier. Venez. Faites un pas en Ma direction”. Convertissez-vous”. Et bien, je réponds : “Oui Seigneur. Je veux prendre du temps avec Toi dans la prière. Je veux prendre du temps avec les autres dans le partage. Je veux prendre du temps avec moi-même d’une certaine manière et je veux me commander dans la pénitence.
III – Imposition des cendres
Dans quelques instants, nous allons vivre ce moment de l’imposition des Cendres. Deux grandes idées majeures dans cette imposition des Cendres, qui correspondent aux deux phrases que le prêtre peut dire en imposant les Cendres.
La première phrase qu’il peut dire, c’est : “Tu es poussière. Et tu retourneras en poussière”. C’est une citation de la Genèse. Oui, c’est maintenant le moment du Salut et il est vraiment temps de se convertir. Il est vraiment temps de mettre l’Amour en premier dans nos vies, parce que demain, peut-être que nous serons morts. Et il sera trop tard. Alors ça n’est pas une mauvaise nouvelle ! Mais c’est pour nous dire un peu l’urgence du truc, quoi !
Et puis, la deuxième parole, c’est : “Convertissez-vous et croyez à l’Évangile”. Tournez votre cœur vers le Christ. C’est Lui qui vous sauve. C’est Lui qui vous aime. C’est Lui notre rocher sur lequel on peut bâtir quelque chose de solide et de ferme. Mettons-nous en route dans ce Carême, ces quarante jours qui sont comme les quarante ans passés dans le désert par les Hébreux, préparant l’entrée en Terre promise, qui sont comme les quarante jours passés par Jésus au désert, préparant Sa mission. Prenons le temps de nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu. Prenons le temps de nous laisser aimer, et d’aimer.