Homélie de la solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
I – Nous sommes de la famille de Dieu
Ce 1er janvier, c’est le jour octave de Noël. 8 jours que nous avons eu pour méditer cet événement extraordinaire : Dieu est venu habiter parmi nous. Et c’est ce que veut nous rappeler la lettre de saint Paul. « Lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme ». Il est vraiment un homme, comme nous. Il est né d’une femme. C’est peut-être la caractéristique même d’être un homme, c’est de naître d’une femme.
Et puisqu’Il est un homme, Il est donc notre frère. Et puisqu’Il est notre frère, cela fait de nous des fils adoptifs de Dieu. Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs afin que nous puissions crier : « Abba, Père ! ». Et même plus, c’est cet esprit qui en nous, crie : « Abba, Père ! ». Et ce n’est pas juste une parole en l’air. Lorsqu’on emploie le mot “fils adoptif”, en français, on a une petite impression que ce sont des enfants de 2e zone. Or, on peut le demander aux enfants adoptés : Ce n’est pas vrai du tout. Un enfant adoptif, c’est l’enfant qui a été choisi alors qu’il n’y avait aucun lien dans l’ordre naturel.
En fait, l’espérance que l’on peut avoir, c’est que chacun des enfants naturels soient véritablement adoptés par ses parents. Nous sommes des fils adoptifs de Dieu, puisque Dieu nous a choisis entre mille. Chacun de nous. Unique. Alors nous pouvons nous reconnaître, non pas comme des esclaves, mais comme des fils. Et vous savez la différence essentielle. Dans une boutique entre l’employé et l’héritier. L’employé, il fait son “taf”, et il s’arrête. Et quand il devient associé, il ne compte plus ses heures. Nous sommes invités à faire pareil. Dans le projet de Dieu, nous ne sommes pas des employés, nous ne sommes pas des salariés, nous sommes associés au projet de Dieu. Et donc ne comptons pas nos heures pour ce projet.
II – Partie prenante du projet de Dieu
Le projet de Dieu, c’est de bénir le monde, de bénir chaque homme sur cette terre, de bénir l’univers entier. « Le Seigneur parla à Moïse et Il dit : Parle à Aaron et à ses fils. Tu leur diras : “Voici en quels termes vous bénirez les Fils d’Israël” ». Cette parole, elle s’adresse aussi à nous, à chacun de nous, chrétiens. Voici avec quelle parole vous bénirez le monde. Nous avons cette mission-là : nous participons au projet de Dieu. Et ce que nous souhaitons au monde, c’est la paix ! C’est pour cela qu’aujourd’hui, entre mille, le 1er janvier a été choisi comme journée mondiale de prière pour la paix. Nous avons besoin de préparer la paix, de prier pour la paix, de vivre pour la paix. Est-ce que ça suffit de crier : “Paix, paix, paix !”, pour que cela fonctionne ? Vous savez ce que dit Jésus quand Il parle de ceux qui disent : “Seigneur, Seigneur !” Ça ne suffit pas ! Si je veux la paix, il faut que je la mette en œuvre. Pas en Syrie… Je n’y peux rien, moi, à la paix ou à la guerre en Syrie. Je vais prier beaucoup pour eux, mais déjà, est-ce que je peux commencer à faire la paix ici et maintenant, là !, dans mon cœur ? Avec moi-même, peut-être… Et avec ceux qui sont là, près de moi.
Et alors si la paix est dans mon cœur, alors du coup, la paix va pouvoir rayonner autour de moi. Vous allez me dire : “c’est un petit peu difficile”. Et c’est vrai, c’est difficile ! C’est bien pour cela que l’on ne peut compter que sur la grâce de Dieu. Mais pour que la grâce de Dieu puisse agir, son Amour, sa force, il faut que je le laisse agir. Il faut que je lui laisse un peu de place.
III – Circoncision : signe de l’offrande du Christ
Comment laisser un peu de place au Seigneur dans notre vie ? On peut reprendre cet évangile que l’on a déjà entendu, c’était l’évangile de la messe de l’aurore. Et puis… il y a un petit verset supplémentaire. Le verset 21, qui nous est donné en plus. “Les bergers ont observé, ils ont contemplé, ils ont dit : “allez, allons voir !”. Ils glorifient et louent Dieu pour tout ce qu’ils ont entendu et vu : ils ont la foi !” Et puis : “Quand fut arrivé le 8e jour, celui de la circoncision, l’enfant reçu le nom de Jésus”. On parle de cet événement bien particulier qui est celui de la circoncision. C’est un tout petit événement, un micro-événement dans l’histoire du monde. Des générations et des générations de Juifs ont été circoncis, et dans toutes les populations de ces régions, on circoncit. Et là, il a fallu que dans l’évangile, on rappelle cet événement.
Pourquoi ? Parce que la circoncision, c’est un acte qui est fait sur les fils d’Abraham. Et c’est un signe, marqué dans la chair, de l’alliance entre Dieu et les descendants d’Abraham. Et ce signe marqué dans la chair, c’est un signe de sang. Et dans la tradition antique, un signe de sang, ça engage. Ça Engage les deux parties. Évidemment, c’est une offrande : on donne sa vie même ! D’ailleurs, le sang… si les Juifs ne consomment pas le sang, c’est parce que c’est la vie même. Et là, le sang coule. Et ce petit bébé de 8 jours, Jésus, – vous voyez, un petit bébé de 8 jours, c’est pas très gros -, on le fait saigner. Et toute la Tradition de l’Église a vu dans cet événement, cette offrande, l’annonce, les prémices, du don que Jésus allait faire sur la Croix.
Qu’est-ce que c’est que ce petit morceau de peau qui est donné… pas grand-chose… mais c’est le signe du don total qu’Il fait, tout au long de sa vie. Pour nous. « L’enfant reçut le nom de Jésus ». Jésus, c’est “Dieu sauve” ! Et Dieu sauve comment ? En venant habiter parmi nous, être notre frère et en donnant sa vie pour nous. Et Il nous invite à faire de même. Nous sommes tous invités à accepter d’être circoncis. Évidemment, la marque dans la chair est une chose. Il est plus important d’avoir le cœur circoncis. Offert ! Donné !
Sur le tableau qui est là (montrant le tableau de la Vierge et l’Enfant dans le chœur de l’église de Chaponost), ce n’est pas très marqué ! Mais beaucoup de tableaux qui représentent la Nativité, Jésus est posé sur un linge, qui sont ses langes, emmailloté. Et ce linge, bien souvent, est représenté comme un linceul. Parce que de la naissance de Jésus, où l’offrande est déjà faite, cette offrande va s’accomplir sur la Croix.
Nous aussi, offrons-nous. Participons à cette offrande du Christ. C’est le déroulement même de la Messe. Dans quelques instants, nous allons offrir le pain et le vin qui vont devenir corps et sang du Christ et c’est nous que nous offrons avec ce corps et ce sang du Christ. Au Père… Et dans cette offrande de chacun de nous, nous accueillons la paix que Dieu donne et nous portons le monde. Et nous bénissons le monde.