Homélie de la nuit de Noël, Par le père Dino Gbebe
Une fois encore, la Providence divine nous accorde la grâce de célébrer Noel, fête de l’espérance et de la joie. Malgré les tensions qui ont marqué cette année et, peut-être aussi, les déceptions que nous avons connues : malgré nos difficultés financières et nos déboires politiques, nous voici au rendez-vous d’un événement central de notre foi chrétienne : la naissance du Fils de Dieu dans notre histoire humaine.
Dans nos rues ornées de guirlandes, dans nos commerces et nos maisons merveilleusement décorés, sur les étalages de nos quartiers grouillants de monde et dans nos églises rayonnantes de lumière, tout respire la fête. Nos crèches et nos arbres de Noël sont là pour témoigner que nous vivons un événement particulier.
Et précisément parce que Noël est plus qu’une fable ou une légende inventée par la piété populaire, je voudrais, aujourd’hui, essayer d’aller avec vous au-delà du folklore pour pénétrer au cœur du mystère. En définitive, que nous dit la solennité de Noël ?
Le message central nous est livré par les lectures de cette fête, des récits qui sont, avouons-le d’une désarmante simplicité. Nous les connaissons tous par cœur et les habillons volontiers de notre fantaisie pour confectionner nos crèches. Un enfant qui naît au cœur de la nuit dans une pauvre étable lorsque toutes les auberges se sont fermées devant ses parents, un jeune couple d’immigrés venus se faire recenser dans leur hameau d’origine.
Tout, dans ces récits émouvants, est un message pour qui sait écouter avec les oreilles du cœur. Sur le plan historique, la naissance du Christ est un événement tout à fait banal qui ne figure d’ailleurs pas dans les annales de la puissance romaine. Tout advient de manière si simple qu’on est surpris par la discrétion de Dieu. Dans le dénuement de cet enfant soumis aux décrets d’un empereur païen, Dieu révèle sa gloire ! Quel contraste !
lLorsqu’il revint de sa première expédition sur la lune à bord du vaisseau spatial Apollo XV, en juin 1971, l’astronaute James Irwin aurait déclaré que de la lune, il apercevait la terre comme une magnifique planète bleue, un petit point enveloppé d’une lumière douce et apaisante. Mais l’astronaute aurait ajouté que le plus extraordinaire, ce n’était pas que l’homme ait marché sur la lune ; c’est plutôt que le Fils de Dieu ait marché sur la planète terre. Oui, Dieu est venu chez nous ; il a assumé notre histoire par amour. Il s’est fait l’un de nous pour nous communiquer sa vie divine. Quel privilège pour nous !
Saint Luc décrit l’événement en l’insérant dans sa trame historique. Saint Jean, au contraire, en prenant de la hauteur, le situe sur le plan théologique : Jésus est le Verbe éternel du Père qui se fait chair. Tout comme à travers le Verbe s’est opérée la première création, de même, à travers Lui se réalise la deuxième création : l’homme accède à la condition de fils de Dieu. Le rapport de l’homme qui avait été rompu par le péché, est à présent rétabli par le Christ. Devenus en Lui des fils de Dieu, nous pouvons maintenant nous adresser à Dieu en l’appelant : Père.
Chers enfants, je vais vous raconter une anecdote : Il paraît qu’une fois une petite fille arrive en classe pour la première fois et la maîtresse décide de lui enseigner à écrire. Avec son stylo, elle trace sous le regard émerveillé de la gamine, les premières lettres de l’alphabet et lui demande d’essayer à son tour. Mais quel désastre ! Malgré toute sa concentration, la petite fille n’arrive à griffonner que des traits maladroits, dont elle n’est d’ailleurs pas trop fière. Pensant que le problème résidait dans son stylo, elle profite d’un moment de distraction de sa maîtresse pour lui voler le sien. Malheureusement, la maîtresse finit par la découvrir le larcin et lui demande pourquoi elle a posé ce vilain geste. « C’est parce que votre stylo écrit très bien et que le mien ne sait pas du tout écrire », dit-elle avec beaucoup de naïveté. Et la maîtresse de lui expliquer que tout est une question d’application. Chaque stylo peut écrire merveilleusement, tout dépend de la main qui la tient. Joignant le geste à la parole, la maîtresse saisit la main de la gamine, prend son propre stylo et trace ensemble avec elle, les premières lettres de l’alphabet.
A Noël, c’est Dieu qui vient dans histoire pour nous prendre la main afin d’écrire dans le livre de notre vie une nouvelle histoire. Noël, c’est Dieu qui se fait proche de nous pour transformer notre avenir. Oui, osons le dire et surtout le croire : Noël n’est pas un beau mythe inventé par notre imagination et habileté de douceur pour attendrir les enfants ; il s’agit plutôt de la réalité la plus surprenante de notre histoire. Si surprenante d’ailleurs que notre raison se perd. Qui peut d’ailleurs dire l’indicible ? Au–delà de cette vérité fondamentale, que nous contemplons tous dans la foi, je voudrais vous inviter à admirer la pédagogie de Dieu qui, pour réaliser des merveilles, choisit toujours des moyens bien modestes. Jusqu’à la naissance du Christ, on pensait que c’est seulement l’homme puissant, celui qui détenait l’autorité, qui pouvait imposer la paix. Avec cette naissance, le Seigneur renverse nos certitudes. Dans la fragilité d’un enfant, il révèle son salut. Jésus pouvait naître Rome ou dans un hôtel prestigieux, mais en faisant ainsi, Dieu aurait donné raison aux puissants de ce monde et rien de nouveau n’aurait commencé dans notre histoire. Il a voulu que son Fils naisse dans l’humilité pour donner une nouvelle espérance aux pauvres et à tout le peuple.
Seigneur Jésus, en ce moment où nous célébrons ta naissance, nous venons devant ta crèche pour implorer ta bénédiction sur nous et sur nos familles. Nous voulons que ce temps de Noël soit une occasion de rencontre avec toi, de réconciliation au sein de nos familles et de paix pour ce pays, la France. Que ta bénédiction descende sur nous comme la rosée et transforme notre vie. Amen, Alléluia.