Homélie de la fête de l’immaculée conception de la vierge Marie, 8 décembre 2018
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
Enregistrement et texte sous la photo
Nous voilà réunis dans cette église qui se prépare à accueillir des foules ce soir ! Nous avons mis en valeur l’image de la vierge Marie. Celle du chemin de croix… Parce qu’il y a un lien entre la conception de Marie immaculée et sa présence au pied de la croix. Et vous avez vu que la Mairie a fini ses travaux et que nous profitons des peintures toutes neuves.
Aujourd’hui, nous fêtons l’Immaculée Conception… Un mystère ! Un miracle ! Quelque chose d’étonnant, puisque Marie profite de la Croix de Jésus alors que l’événement de la croix n’a pas encore eu lieu. Marie profite de la croix de Jésus alors que la croix n’a pas encore eu lieu. Elle est sauvée. Elle est sauvée à l’instant même de sa conception. Elle est prédestinée… C’est le terme que l’on emploie. Elle est prédestinée à la joie de Dieu, à la joie éternelle. Elle est prédestinée à être la mère du Sauveur. Alors nous pourrions nous dire que seule Marie fait cela, que seule Marie est prédestinée et nous, pauvres de nous, nous avons à avancer sur notre chemin, sans être prédestiné… En fait… je peux vous rassurer : nous sommes nous aussi prédestinés et nous sommes prédestinés au Salut, à la vie éternelle, à l’Amour de Dieu.
Si Marie nous est donnée en exemple aujourd’hui, c’est bien parce qu’elle est sur un chemin que nous pouvons emprunter. Pas exactement de la même manière qu’elle, mais nous pouvons suivre son chemin.
I. « Où es-tu ? »
Alors les lectures qui nous ont été données aujourd’hui sont des merveilles. Bah, c’est la Parole de Dieu, quoi ! Il y a cet échange. Adam a mangé du fruit de l’arbre, et voilà que Dieu l’appelle : « Ou es-tu ? ». Et cet appel résonne auprès d’Adam. Et Adam va répondre : « Ben, je me suis caché ! J’ai eu peur de Toi ». Mais en fait, il résonne dans l’éternité ce cri de Dieu : “Où es-tu ? Homme, toi que j’ai créé, toi que j’aime, où es-tu ? ” Et ce cri, il résonne jusqu’à la Vierge Marie. Et Marie, vous savez ce qu’elle répond : « Me voici. Voici la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon Ta parole ! ». Et si Marie peut répondre de cette manière-là, c’est parce qu’elle profite déjà des mérites du Christ, de l’Amour du Christ pour chacun de nous, qui Lui aussi répond : “Me voici Seigneur, je viens faire Ta volonté”. Et en fait, à ce “Où es-tu Donc ?”, nous sommes tous, nous aussi, invités à répondre. “Me Voici. Me voici Seigneur, je viens faire Ta volonté”.
En fait, ce « où es-tu ? » de Dieu, c’est le cri de notre Père, c’est le cri de notre Père, c’est le cri d’un Dieu qui est amoureux de nous. Et qui nous cherche sans cesse et qui veut nous proposer sa joie et son bonheur. Et Il s’écrie « où es-tu ? » et Il crie vers nous. Et vous pouvez prendre devant vos yeux cette image du père de l’enfant prodigue. Il nous regarde de loin, il nous appelle ; Et quand il nous voit arriver, même si on est encore loin, il court vers nous pour nous prendre dans ses bras. C’est ce que fait Dieu pour chacun de nous. Et Il le fait d’une manière toute particulière pour la vierge Marie.*
II. Marie, comblée de grâce
Marie est comblée de grâce ! Remplie de l’Amour de Dieu ! En fait, Dieu lui crie « où es-tu ? », et déjà, il commence à courir vers elle et Il la prend dans ses bras. Il en fait une créature unique et particulière puisqu’elle est déjà sauvée. Elle est préservée du péché originel. C’est-à-dire qu’en elle, il n’y a pas cette blessure, cette rupture que nous portons tous. Nous l’avons bien vu dans ce texte : “J’ai entendu ta voix du jardin, j’ai eu peur, je me suis caché. – Aurais-tu mangé du fruit ? – C’est pas moi, c’est elle ! – Tu as donc mangé du fruit ? – C’est pas moi, c’est lui, le serpent !”. Telle est la rupture de la relation entre tous les êtres de cette terre. La relation entre l’Homme et Dieu ; la rupture de la relation entre le mâle et la femelle ; la rupture de la relation entre l’Homme et toute la création !
Marie, elle, est préservée de cette rupture. Elle est déjà réconciliée finalement. La Croix du Christ est entrée dans sa vie avant même qu’elle en ait conscience. Mais il lui a fallu, comme à chacun de nous, coopérer, collaborer à l’action de Dieu. Dieu est venu se mettre à ses genoux et lui a demandé : “Veux-tu être la mère du Sauveur ?” Et Marie, librement, lui a répondu : “ Me voici ! Je veux faire Ta volonté”. Il a fallu qu’elle entre dans une coopération.
III. La coopération de Marie
Marie a dû coopérer, accueillir le projet de Dieu. Et ne croyons pas que ce fût plus facile pour elle, parce que “elle, elle est sainte. Elle, elle est immaculée conception”. Imaginez juste ce qu’a vécu Marie, appliquez-le dans votre vie, et vous vous rendrez compte que c’est juste trop. C’est juste trop…
Elle reçoit cette grâce étonnante d’un ange qui vient la visiter. Oui, là, il n’y a pas une seconde de doute, l’ange est là. Il avait fallu être un peu préparé à cette rencontre, parce que, de fait, si je rencontre un ange, moi, personnellement, je ne suis pas sûr de l’identifier immédiatement. Donc il faut se préparer pour cela ; et Marie l’avait fait.
Quand elle rencontre cet ange, elle reconnaît la présence de Dieu. Elle accueille ce que Dieu lui demande, et c’est un grand moment de joie, on va dire, un temps fort spirituel ! Et le texte se termine : « Alors l’ange la quitta ». Et quand on est en pleine lumière, et que l’ange s’en va, on peut avoir comme l’impression de se retrouver dans le noir. Et sans aucun doute, c’est bien le sentiment qu’a eu la Vierge… Alors dans un premier temps, il était facile de s’appuyer sur sa mémoire, sur son souvenir. Elle se souvient que l’ange est venu la voir. Et de tout ce que l’ange lui a promis. « Il sera appelé Fils du très-haut, il sera appelé Fils de Dieu ». Puis peut-être que 10-11 mois plus tard, quand le bébé faisait dans sa couche pour la troisième fois, c’était plus difficile à croire. Et pourtant, elle gardait tout cela dans son cœur. Et voilà qu’elle se souviendra des bergers, elle se souviendra des mages, elle se souviendra de Syméon. Et à douze ans, son garçon fugue. Et peut-être pour elle ceci a-t-il été un moment où un premier glaive lui a transpercé le cœur. Et pourtant, elle garde encore cela dans son cœur, et ce, tout au long de la vie de Jésus.
IV. Au pied de la Croix, Marie accueille quand même le Salut de Dieu
Et la Croix ? C’est pour cela qu’il est tout-à-fait ajusté que nous ayons Marie au pied de la Croix qui soit mise à l’honneur, aujourd’hui. Parce que, alors que Jésus est sur la Croix, il lui a fallu continuer à croire, alors que plus rien ne permet de prouver cette foi. Alors que plus rien ne soutient cette adhésion au projet de Dieu.
En fait, c’est l’expérience de beaucoup de saints : sainte Thérèse d’Avila, saint Jean de la Croix, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, sainte Bernadette de Lourdes, sainte Térésa de Calcutta… Cette expérience de la nuit ! Oui, il y a bien, dans notre intelligence, cette conscience que Dieu fait des merveilles, et pourtant, aujourd’hui, pour Marie, quand elle est au pied de la Croix, plus rien ne le prouve, plus rien ne le dit… Et il faut qu’elle accueille quand même ce Salut de Dieu et qu’elle pose les actes d’amour qui lui sont demandés.
Rappelons-nous : mère Térésa, c’est exactement cela. Grande lumière au début de sa vie, puis elle entre dans la nuit. Et malgré cette nuit, elle croit encore à l’amour de Dieu et elle se met au service des plus pauvres, dans une des missions les plus difficiles qui soit. Marie a vécu la même chose. Il a fallu qu’elle accompagne son fils jusqu’à la Croix. Et lorsque Jésus est mort sur la croix, elle est la dernière à croire ! La seule… En elle se résume l’Église ! En elle se résume l’Église…
Aujourd’hui, l’immaculée conception, c’est le moment de se souvenir des merveilles de Dieu. D’un Dieu qui nous invite à la suivre, d’un Dieu qui nous invite à nous engager auprès de lui, jusqu’à la croix, comme Marie ! De fait, le Seigneur ne nous garantit pas le confort ou la facilité. Mais Il nous garantit que nous y trouverons la vraie joie, car c’est l’Amour même de Dieu qui nous comble.
Alors aujourd’hui, il n’y a qu’une Immaculée Conception, mais nous sommes tous, au terme de notre vie, appelés nous aussi, à être des immaculés. C’est le chemin sur lequel nous sommes invités à avancer. Avançons vers le Christ, accueillons la Croix, aimons à travers elle !
Et alors on pourra dire à chacun de nous : “Je te salue comblé de grâce”. C’est cela… Lorsque nous arriverons au Ciel, nous devrions pouvoir être salués par les anges : “Je te salue comblé de grâce”. Et nous savons bien que ce ne sera pas grâce à nous, mais grâce à l’action du Christ, grâce aux mérites des saints, grâce, – un petit peu ! -, à notre coopération, notre collaboration. Mais c’est le Christ, et c’est Dieu qui nous sauve. Alors, oui, je vous le dis un peu en avance : « Je vous salue, chacun, vous êtes comblés de grâce”. Si ce n’est pas exactement aujourd’hui, cela viendra, c’est mon espérance. C’est notre espérance !