Homélie du 2e dimanche de l’Avent, Année C, 9 décembre 2018
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
Enregistrement et texte sous la photo…
I – la Parole de Dieu, parole pour tous les âges
Le prophète Baruch, que l’on a entendu en première lecture, est une prophétie, une annonce de ce qui va venir. Et ce texte de Baruch est un peu étonnant parce que Baruch, celui qui écrit ce texte, écrit autour des années 150 avant Jésus-Christ. Et quand il écrit, il pompe allègrement un de ses prédécesseurs, le prophète Isaïe, qui lui a écrit au VIe siècle avant Jésus-Christ. Et donc la Parole de Dieu qui était adressée à Isaïe en 600, elle reste actuelle en l’an 150. Les mêmes mots… Et pourtant, la situation a changé puisque lorsqu’Isaïe emploie ces mots, c’est d’abord pour annoncer le retour d’Exil. La libération du peuple, le retour sur la terre et la reconstruction du temple. Lorsque Baruch prend la parole, tout cela, c’est déjà fait ! Ils sont sur leur terre. Le temple a été reconstruit.
Si Baruch reprend ces paroles, c’est peut-être pour deux choses : la première chose essentielle, c’est que la Parole de Dieu garde une validité à travers les âges. C’est-à-dire que la Parole que l’on a entendue en 600, elle reste vrai 4, 10, 15, 20 siècles plus tard. Même si on ne la comprend du coup pas tout-à-fait de la même manière, cette parole reste vraie. Finalement, Baruch fait là une œuvre de relecture de la Parole de Dieu. Il l’actualise. En fait, c’est ce que nous faisons chaque dimanche, lorsque nous entendons la Parole de Dieu, qui était une Parole de Dieu qui était donnée dans un temps donné, elle s’applique à nous.
On le voit bien dans cette lecture de l’évangile. Souvent l’évangile commence par ces mots : “en ce temps-là, Jésus faisait ceci ou cela…” Et là, on n’a pas : “en ce temps-là”, on a une date très précise. L’an 15 de l’empereur Tibère, Ponce Pilate, gouverneur, Hérode, en pouvoir en Galilée, etc… c’est une date tout-à-fait précise, dans un temps donné et un lieu donné. Et pourtant, la parole qui est adressée à Jean-Baptiste, elle s’applique aussi pour nous.
II – Chemin vers la Joie
Dans nos lectures d’aujourd’hui, il y a un thème qui revient. Et c’est peut-être ce thème-là qu’il nous faut retenir aujourd’hui. Les merveilles que Dieu accomplit : « les hautes montagnes et les collines seront abaissées, les vallées seront comblées », cela nous permet de nous mettre en chemin, de nous mettre en route. Le Seigneur nous invite à commencer une démarche, à faire un pas. Et Il nous aide pour cela. On le voit dans la lecture de Baruch, on le voit dans l’évangile, et on le voit même chez saint Paul, dans cette lettre aux Philippiens. « Dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la pleine connaissance et en toute clairvoyance ». Si l’on progresse, c’est que l’on avance. Le Seigneur nous invite à prendre la route.
Quand on prend la route, il faut toujours se poser la question : “Mais où va-t-on ?”. Et de fait, aujourd’hui, c’est une question que nous pouvons nous poser. “Où est-ce que je vais aujourd’hui ?” Et du coup, quel est le bon chemin ? C’est la question qui est liée. Est-ce que je me satisfais de viser une vie confortable, ne manquer de rien ? Où est-ce qu’il y a quelque chose d’autre qui m’appelle ? De fait, parmi nous, il y en a qui se préparent au mariage et on peut se rappeler de ce passage du poète Musset (ou plutôt Guitry !), je crois, que cite excellemment bien Lucky Luke : « Le mariage permet d’affronter à deux des problèmes que l’on n’aurait jamais eu si l’on était resté seul ». Et pourtant, ce chemin que commence ces jeunes qui se préparent au mariage, c’est bien un chemin qui a un but, et ce but, c’est plus d’amour. Que finalement, nous soyons des sources, des foyers, chacun ! Individuellement, des foyers d’amour. Et pour pouvoir l’être en vérité, quoi de mieux que de pouvoir tisser un lien spécifique et particulier avec un époux ou une épouse ?
Alors oui, la Parole de saint Paul s’applique parfaitement aujourd’hui. « Que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la connaissance et en toute clairvoyance, pour discerner ce qui est important ». Car c’est cela le but ! C’est de discerner ce qui est vraiment essentiel à nos vies. Est-ce que c’est le fait d’avoir un bon métier, qui rapporte beaucoup d’argent ? Le fait d’avoir une belle maison où l’on n’a jamais froid ? Alors je ne dis pas que cela ne compte pas du tout. Mais c’est peut-être pas l’essentiel. Parce que d’ailleurs, si l’on vise cela d’abord, on va rater cet essentiel. Et cet essentiel, c’est d’aimer et de se laisser aimer.
III – A la suite de jean-Baptiste, chemin de conversion
Jean-Baptiste, c’est notre héros cette semaine. Nous le suivrons toute la semaine. Nous pouvons le regarder, le contempler et écouter sa parole. Il parcourt toute la région du Jourdain en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Car oui, nous avons des péchés. Le péché, c’est ce manque d’amour, cet égoïsme qui est inscrit en moi, et que je pose en conscience, volontairement, et qui, finalement, me rend triste, rend triste les autres et éteint la paix autour de moi. Si je veux me débarrasser du péché, si je suis engagé sur ce chemin, dans ce combat contre le péché, c’est parce que je veux faire grandit autour de moi le vrai amour, la vraie joie, la vraie paix.
Oui, alors suivons Jean-Baptiste sur ce chemin. Et à l’appel de Dieu qui nous invite à avancer, à l’appel qui nous prévient : “je viens vers vous”, eh bien prenons résolument le chemin du Seigneur. Il vient à notre rencontre. Et nous, faisons ce petit pas qui Lui permettra de nous atteindre.
Le Seigneur vient ! Il vient, nous l’attendons. À Noël, nous allons faire mémoire de ce jour où Il est venu. Il est entré dans notre histoire. Le Seigneur vient, parce que lorsqu’Il est monté au Ciel, Il nous l’a dit, Il reviendra. Il reviendra dans la Gloire. Et nous le disons chaque fois que nous disons le Credo. Nous le disons aussi : “Nous attendons Sa venue, dans la Gloire”, à chaque messe. Et nous l’attendons avec une forme d’impatience. Et puis Il vient, aujourd’hui, là, maintenant ! Il vient frapper à la porte de nos cœurs. Il s’agit pour nous de Lui ouvrir cette porte, de lui ouvrir nos cœurs, pour pouvoir prendre sereinement, tranquillement, courageusement la route qui conduit au but : et ce but, c’est l’Amour.