Homélie du 33e dimanche du TO, année B, 18 novembre 2018
par le père Dino Gbebe
« Quand le soleil s’éteindra, les justes resplendiront ». Au-delà de la métaphore, c’est la bouleversante nouvelle qu’annoncent les textes de ce jour. Ils ont, bien sûr, une saveur « apocalyptique », puisqu’ils nous parlent de bouleversements et d’écroulement de notre histoire. Ils évoquent, certes, des drames cosmiques terrifiants et des cataclysmes redoutables. Mais, en définitive, leur message est tout orienté vers l’espérance.
Le soleil, un jour, s’éteindre. Pour chacun assurément. Sa lumière disparaîtra au soir du dernier jour. Puisque notre histoire personnelle et collective a eu un début, elle aura une fin. Heureuse ou triste, cela dépendra de nous. Tout comme la ruine de Jérusalem, la ville Sainte considérée à l’époque comme éternelle.
Et pourtant, la fin du monde, qui ose en parler ? Qui a assez de courage pour l’évoquer ? Les textes de ce dimanche, au terme de l’année liturgique, nous y invitent, non pas pour nous lancer en conjectures de dates ou de signes précurseurs, mais pour nous ouvrir à la fraîcheur de son message. Par réalisme évangélique et non par fièvre « apocalyptique » ou hystérie millénariste.
Relisons donc les textes pour nous laisser surprendre par leur bouleversant contenu. La première lecture nous renvoie au temps de la grande tribulation sous le roi séleucide Antiochus Epiphane qui décide d’helléniser les Juifs de la Palestine en les forçant à abandonner leur religion pour adopter les cultes païens. Révoltés, les frères Maccabées organisent la résistance. Au cœur de la lutte et de la grande persécution, Daniel annonce la revanche de Dieu qui vient au secours de son peuple. Ses visions s’enracinent dans les événements du passé et de l’actualité pour les projeter dans l’avenir, dont Dieu seul est le maître absolu. C’est lui qui rétablira la justice et même fera revivre ceux qui, pour rester fidèles à leur foi, ont accepté de donner leur vie.
L’Evangile emprunte à Daniel son langage de crise pour parler de la fin des temps et de l’avènement du Christ. Comme dans un scénario où se fondent le présent et l’avenir, les images se bousculent et se chevauchent : ruine du temple, destruction de Jérusalem, déferlement des persécutions, multiplication de faux prophète…
Face à la douloureuse question sur la fin des temps, une promesse du Christ rallume l’espérance : comme les premiers bourgeons apparus sur le figuier annoncent l’approche de l’été, ainsi le frémissement de l’histoire annonce l’aube nouvelle. Celle où règneront la justice et la paix. Celle où les justes brilleront comme le soleil dans le firmament. A condition d’avoir tenu leur cœur éveillé.
Toutes les grandes dynasties se sont effondrées. L’histoire ne retient que les noms des justes, inscrits en lettre de fidélité dans le livre de vie. Ceux de l’antiquité, ceux d’hier et d’aujourd’hui. Heureuse nouvelle pour la fin d’une année liturgique.