Quand
dans la Bible, pour la première fois Dieu s’adresse à l’homme, c’est pour
énoncer un interdit : « Tu peux
manger les fruits de tous les arbres du jardin ; mais l’arbre de la
connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas ; car, le jour où tu en
mangeras, tu mourras ».
Cet inter-dit (parole qui unit !), pose deux réalités fondamentales :
l’homme est maître de la nature, mais il y a une limite à cette maîtrise. Et
cette limite, c’est la condition de notre liberté : nous pouvons choisir
d’être à l’écoute ou non, et notre choix aura des conséquences. Dieu n’annonce
pas une punition, mais la conséquence d’un choix : ne mets pas les doigts
dans la prise, sinon tu auras mal ; en mettant les doigts, je me fais mal…
Ainsi la toute-maîtrise n’est pas le chemin du bonheur, au contraire. Et les béatitudes sont au cœur du message du Christ : oui, heureux celui qui accueille ses limites, qui reconnaît son manque et accepte de dépendre d’un autre (d’un Autre).
Aujourd’hui, nos moyens techniques ne cessent de croître, et certains croient que puisque c’est possible, cela doit être permis, voire même valorisé (je pense à des débats plus ou moins récents : contraception, avortement, PMA, GPA, euthanasie.) L’Église s’oppose à cette thèse : ce n’est pas par une passion morbide du « défendu », mais parce qu’elle est convaincue que le bonheur de l’homme ne passe pas par là.
On pourrait affirmer que cela dépend de la conscience de chacun et donc on reste libre de faire ce que l’on veut… ainsi, si je ne veux pas l’euthanasie pour moi, je reste libre…
Je vois toutefois quatre raisons pour lesquelles le chrétien ne peut pas se taire :
1/ la culture de notre temps a une grande influence sur nos consciences : il est très difficile de nommer ‘mal’ ce que tous appellent ‘bien’. Et peu à peu j’entre (plus ou moins consciemment) dans une culture de mort. Chez les Aztèques, le sacrifice humain est de règle… aucun aztèque ne peut s’y opposer, ne voyant même pas en quoi ce peut être mauvais.
2/ Nous sommes chargés (par le Christ !) d’être la voix des sans-voix : et si ce doit être le cas pour les laissés-pour-compte du capitalisme, et de toute autre idéologie politique ou économique, cela est aussi vrai pour l’enfant à naître, pour le vieillard et pour le malade.
3/ Humains, nous sommes fondamentalement solidaires de tout ce que porte notre société, pour le meilleur (je pense à la sécurité sociale ou à l’assurance-chômage) mais aussi pour le pire : je participe à l’avortement, car ce ‘traitement’ est remboursé dans le cadre de la solidarité nationale, de même que je participerai en son temps à la PMA ou à l’euthanasie…
4/ Enfin, comme ces actes ne sont pas anodins et s’opposent à la conscience de beaucoup, on remet de plus en plus en cause le principe de l’objection de conscience… Un pharmacien n’a déjà pas le droit de refuser de vendre un abortif et une pression se fait de plus en plus forte pour forcer les médecins-gynécologues à pratiquer l’avortement…
Que faire, alors que l’évolution
semble inexorable ?
Ne pas désespérer : c’est ce
que souhaite l’Ennemi, et c’est bien la tactique des adversaires : nous
faire croire que ce ‘progrès’ est inéluctable.
Se former : c’est en étant bien
conscients des enjeux que nous pourrons prendre intelligemment position (c’est
bien pour cela que la paroisse soutient les universités de la vie, qui auront
lieu en janvier/février)
Prier : car celui qui peut
gagner les cœurs, c’est le Christ !
et prendre position dans le champ
politique : Comme le rappelle le dernier Concile, les chrétiens doivent
« s’engager dans la gestion des
affaires publiques en vue de travailler au bien commun et en même temps de
préparer la route de l’Évangile » (Décret sur l’apostolat des
laïcs, Vatican II, n°14)