Homélie du 15e dimanche du TO, année B, 15 juillet 2018
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
I – Le projet de Dieu
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens, chapitre 1…
Ce texte-là que nous venons d’entendre, en fait, on pourrait se taire et juste le réécouter. Alors c’est ce que je vais vous inviter à faire cette semaine. Prendre le temps de relire tranquillement, paisiblement, sérieusement ce texte. « Béni soit Dieu le Père de notre Seigneur Jésus-Christ… » Parce que saint Paul, là, veut nous donner le but, la finalité de notre vie. Si nous vivons, c’est pour bénir le Père. Si nous vivons, c’est pour accomplir ce que Dieu veut pour nous, ce que saint Paul appelle le projet de Dieu. Un projet que l’on traduit aussi comme “dessin bienveillant”.
Dieu veut pour nous la joie et le bonheur. Et Il met tous les moyens pour cela. Et c’est ce que saint Paul nous rappelle, nous exhorte à vivre.
Il nous appelle à recevoir cette parole de Dieu, recevoir le Christ pour être récapitulé en Lui. Récapitulé, cela veut dire recevoir le Christ comme notre chef, comme notre tête de chapitre. Recevoir le Christ… Être uni à Lui, être pleinement fils adoptif en Jésus. En Jésus.
«Il nous a choisis pour que nous soyons saints et immaculés » devant Lui, dans l’Amour. Et quand saint Paul parle, il parle de moi, et je pourrai dire tout cela au singulier. Mais il parle surtout de nous ! Nous sommes appelés à être un. Unis. Unis dans le Christ, un peuple ! Une Église ! Tous ceux que Dieu appelle deviennent son peuple, son Église. C’est d’ailleurs le sens du mot Église, en grec, c’est “ekklesia”, et “ekklesia” vient d’un autre mot qui veut dire : “convocation”, “rassemblement”. Rassemblement de ceux qui sont appelés. Nous sommes appelés.
II – Dieu appelle
La finalité du projet de Dieu, qui nous appelle. Et comment nous appelle-t-il ? Eh bien on peut reprendre ce petit texte du prophète Amos, Amos qui se défend. À l’époque du prophète Amos, on est un peu avant 700 avant Jésus-Christ, les rois ne font plus leur boulot. Les rois ne sont plus garants de la fidélité à la parole de Dieu. Alors Dieu appelle certains hommes et leur transmet Sa parole. Ce sont les prophètes. Et ces prophètes sont chargés de témoigner de Dieu. Et voilà qu’Amos, appelé par Dieu, et il nous raconte comment : “j’étais bouvier – je m’occupe des bœufs -, et je soignais les sycomores et le Seigneur m’a saisi”. Et voilà qu’Amos est chargé de témoigner de Dieu, de sa parole, dans tout le Royaume du Nord, le Royaume d’Israël. Et il va même à Béthel qui est le sanctuaire officiel dans lequel on adore Dieu, mais pas seulement. On adore aussi les idoles. Voilà pourquoi cela provoque une tension entre Amasias et Amos. Et Amos se défend : “ce n’est pas moi qui suis venu de mon propre chef, c’est Dieu qui m’a appelé, qui m’a donné sa parole et qui m’a dit : va, tu seras prophète pour mon peuple Israël”.
Alors on peut se dire : “c’était vrai pour Amos, est-ce que c’est vrai pour moi ?” Nous avons été appelés. Tous. Chacun. Individuellement. Et cela s’est manifesté au jour de notre baptême. Au jour de notre baptême où nous avons été connectés au Christ. Prêtre, prophète et roi. Alors quelle est notre réponse ? Nous sommes invités à répondre comme Amos : “Seigneur, me voici” et à commencer à témoigner de la Parole de Dieu. Cette parole de Dieu, de ce projet bienveillant, de ce dessein bienveillant sur nous. Il nous appelle pour la joie et le bonheur. Il nous aime.
Jésus accomplit les écritures. “En ce temps-là, Jésus appela les douze”. Il les appelle ; Il en fait Son Église. Et la première chose qu’il fait : Il appelle les douze et Il commence à les envoyer. Pour être pleinement Église. Nous ne pouvons pas nous satisfaire d’être bien, juste entre nous. Nous ne formons pas un club. Nous sommes des appelés, des convoqués par le Christ pour être envoyés. Comme le dit Jésus dans l’évangile de saint Jean : “comme Moi, Je suis sorti du Père, Moi aussi Je vous envoie”. Le Christ nous appelle pour nous envoyer. Et nous ne serons pleinement chrétiens que lorsque nous ressemblerons au Christ au point de faire comme Lui, c’est-à-dire vivre de la parole de Dieu et en témoigner par toute notre vie. Nous serons alors saints et immaculés devant le Seigneur, dans l’Amour.
Le Christ nous envoie. On sait bien qu’Il est Dieu. Il aurait très bien pu ne pas avoir besoin de nous. Et pourtant, Il nous choisit. Il fait de nous, quasiment ses égaux. Il nous élève jusqu’à Lui. Et Il nous dit : “J’ai choisi d’avoir besoin de toi. Cette personne-là qui est près de toi, Je l’aime. Et c’est toi qui est chargé de lui manifester cet Amour”.
III – Quelques consignes aux envoyés !
Alors Il donne quelques consignes à ses apôtres, que nous pouvons recevoir pour nous-mêmes. Tout d’abord, Il envoie ses disciples deux par deux. Il y a deux raisons à cet envoi deux par deux. Cela permet d’abord de s’assurer que ce que je ressens, ce que je reçois de la parole de Dieu, c’est vrai ! Il y a un regard extérieur, un tiers entre Dieu et moi qui me permet d’évaluer la qualité de ma réception, d’une certaine manière. Et puis, cela permet aussi, quand nous sommes deux à annoncer la même chose, de garantir, – on va dire -, la crédibilité. Un seul témoin, on l’écoute, mais rien ne nous confirme ce qu’il dit. Deux témoins… Voilà ! Il y a une forme d’assurance de la vérité.
Cela peut être exigeant. Il est parfois plus facile d’être seul. Et cela pour toute chose dans nos vies d’ailleurs. Quand on est seul, on n’a pas besoin de se remettre en cause. Il suffit de laisser parler notre cœur… Quand on est à deux, il faut se laisser disséquer, il faut se laisser émonder, dirait le Christ, accepter de ne pas être la source de toute vérité, accepter de ne pas être la source de la parole que nous donnons.
Ensuite Jésus appelle ses disciples à une vraie pauvreté, un vrai dépouillement. “Ne prenez qu’un bâton. Rien de rechange”. Pourquoi ? C’est aussi un témoignage. C’est aussi un témoignage. Lorsque je décide de dépendre de Dieu et que je découvre dans ma vie et que d’autres voient à travers moi que ça marche d’une certaine manière, qu’effectivement, Dieu ne me laisse pas tomber. Cela fait grandir ma foi. Cela peut faire grandir la foi des autres, de ceux qui me regardent. Éprouver la pauvreté concrète et matérielle, cela permet aussi d’avancer vers une vraie pauvreté spirituelle. Une pauvreté en esprit. Non pas une pauvreté intellectuelle, attention ! Non. Une pauvreté qui me permet d’accueillir le don de Dieu, le souffle de Dieu, l’Esprit de Dieu m’est donné, mais il faut que je lui laisse un peu de place. Il faut que je lui laisse un peu de place…
Le Seigneur nous envoie avec le strict nécessaire. Afin que nous ne nous satisfaisions pas de ce que nous avons, mais que nous soyons comme des mendiants, des mendiants de l’Amour de Dieu. Et mendiant de l’Amour de Dieu, pourquoi ? Parce que dans cet envoi, le Christ nous promet une vraie joie, un vrai bonheur, mais certainement pas le confort. Et déjà, déjà !, il va y avoir une hostilité. Alors qu’on est au chapitre 6 de saint Marc, donc au tout début, alors qu’il semble que les persécutions ne soient pas encore vraiment en place, déjà, en annonçant le Christ, en annonçant Son message, on peut refuser de vous accueillir ou de vous écouter. Et alors il ne faut pas désespérer, mais passer à la suite. Continuer à témoigner. Ne pas se laisser impressionner.
Le Seigneur est avec nous. Le Seigneur est avec chacun de nous. Il nous appelle. Il nous envoie. Et Il est à chaque instant près de nous, avec nous ! Les paroles dont nous témoignerons nous sont données par Lui. Il nous a choisi pour que nous soyons saints et immaculés dans l’Amour. C’est notre joie et notre bonheur.
Est-ce que nous le méritons ? Non, nous ne le méritons pas. Il nous a pris là où nous sommes. La seule chose que nous avons à faire, c’est à nous mettre en route, à accueillir le don qu’Il nous fait et à avancer vers Lui. À notre rythme ! Et à son rythme !
Et enfin IL nous envoie. Il nous envoie afin que nous témoignions de l’Amour du Christ. Il nous ne serons finalement pleinement chrétiens, et nous ne mériterons ce nom de chrétiens, que si nous témoignons en vérité de cet Amour de Dieu, de cette espérance dont notre monde a tant besoin.