Homélie du Sacré-Sœur de Jésus, Année B, 10 juin 2018
En juin 2015, en conclusion de la mission, la paroisse de Brignais a été consacrée au Sacré-Cœur de Jésus. En ce dimanche, solennisant cette fête, nous faisons mémoire de cette consécration. Avec 7 « premiers communiants » et 6 jeunes faisant profession de foi.
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
I – Dieu veut prendre soin de nous, même quand on ne le ‘mérite‘ pas
« Frères, moi qui suis le plus petit de tous les fidèles, la grâce m’a été donnée d’annoncer aux nations l’insondable richesse du Christ ». (…) Et quelle est cette insondable richesse du Christ ? Peut-être que la première lecture, le livre d’Osée, peut nous en parler un peu.
Osée, il écrit dans les années 700 avant Jésus-Christ, donc bien longtemps avant Jésus. Et Osée, il écrit à un moment où la situation est compliquée dans le Royaume d’Israël, le Royaume du Nord, eh bien… Dieu… Il n’est pas tout-à-fait à la première place. Tout le monde considère qu’il est plus important de s’occuper, -je sais pas -, de ne pas avoir de problèmes matériels, d’être dans le confort… Tout le monde met en premier des choses qui ne sont pas tout-à-fait essentielles. Jésus en parle d’ailleurs après : “à quoi te servira-t-il de stocker tant de grains si demain, on te rappelle ton âme ?”
Donc à l’époque du prophète Osée, la situation est pas top… Et Dieu prend la parole, à travers le prophète Osée, et rappelle tout le bien qu’il a fait à son peuple : “Oui, j’ai aimé Israël dès l’enfance. Pour le faire sortir d’Égypte, j’ai appelé mon fils. Je le traitais avec humanité, je le considérais comme un petit enfant, je le tenais tout contre ma joue”. C’est la tendresse de Dieu qui s’exprime. Et voilà que cet enfant, ce fils, Israël, le peuple d’Israël, mais en fait, ça peut être chacun de nous… eh bien ce peuple d’Israël, il devient comme un enfant fugueur.
Vous savez comment ça se passe quand un enfant fait une fugue. L’enfant disparaît. Et les parents s’inquiètent. Et ils s’inquiètent très fort. Et pourquoi ils s’inquiètent ? Parce qu’ils aiment leur enfant ! Ils craignent le pire. Ils s’attendent à ce que le plus grand mal s’abatte sur l’enfant. Et il se trouve que tout se passe bien, et l’enfant revient en bonne santé. Et quelle est la première chose que les mamans et les papas font dans ces cas-là ? Eh bien souvent, ils lui mettent une claque ! Cela, c’est notre réaction à nous, d’êtres humains. Et Dieu nous explique justement que Lui, Il n’est pas comme nous. Qu’effectivement, l’inquiétude, ce sentiment d’amour qui nous envahit, peut provoquer chez nous finalement une certaine violence, y compris contre celui que l’on aime. Et Dieu dit : “ils ont refusé de venir à moi. Mais je n’agirai pas selon l’ardeur de la colère. Non. Au contraire, je viendrai les prendre dans mes bras. Au contraire, je m’approcherai de vous. Je viendrai être ami avec vous. J’agirai comme un père, tel que les pères aimeraient agir. J’agirai comme une mère, tel que les mères aimeraient agir, tout le temps”.
Dieu veut prendre soin de son peuple. Et Il veut prendre soin de nous. Et c’est pour cela que Jésus est venu dans notre monde. Jésus est né. Il est le Fils de Marie, Il est pleinement homme ; Il est Fils de Dieu, Il est pleinement Dieu. Et quand on dit cela, on dit : “c’est pas possible, ça ne marche pas ensemble !”. C’est un mystère. C’est le mystère de Dieu qui nous aime. Ce mystère dont saint Paul nous parle : « l’insondable richesse du Christ ». Il est pleinement homme, donc Il est notre frère. Il est pleinement Dieu, donc Il est notre sauveur. Il est la manifestation de la tendresse de Dieu. Et c’est bien pour cela qu’aujourd’hui, nous regardons son cœur.
II – L’insondable richesse du Christ, manifestation de la tendresse de Dieu
Dieu veut prendre soin de chacun de nous. Et Il s’est fait homme. Et Il nous a donné Sa vie et Il est ressuscité pour que chacun de nous puisse apprendre à vivre vraiment. Et vous le savez, pour vivre vraiment, il s’agit d’aimer, de donner notre vie. Cette insondable richesse du Christ, nous sommes invités à l’accueillir dans notre vie. L’amour de Dieu nous est donné. Il nous a été donné…, – c’est beau qu’aujourd’hui nous vivions ces professions de foi -. Parce que ces professions de foi, c’est le moment où nous faisons mémoire de notre baptême. C’est bien pour cela que vous portiez ces cierges. C’est pour cela que vous les reprendrez à la fin et que vous les porterez pour être lumière pour le monde ! Vous avez été baptisées (il s’agit de six jeunes filles), vous avez été plongées dans l’eau du baptême. Cette eau qui sort du cœur du Christ. « Un des soldats avec sa lance lui perça le côté et aussitôt, il en sorti du sang et de l’eau ». Cette eau, c’est l’eau du baptême.
Il y a quelques années, 13 ans, 14 ans… par là… un prêtre a dit cette parole sur vous : « je te baptise au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit ». “Je te plonge dans Dieu qui t’aime. Je te plonge dans l’Amour de Dieu, afin que tu sois comme Lui ». Comme Lui.
Ce projet de Dieu qui nous aime et qui veut nous transformer en Lui, et qui nous transforme en Lui par le baptême, ce projet de Dieu, il se continue chaque jour. Et chaque fois que nous établissons la relation avec Lui, chaque fois que nous entrons en prière, Dieu nous transforme le cœur. Et Il nous fait un peu plus à son image. Vous connaissez ce chant qui fait : « devenez ce que vous recevez… ».
Dans quelques instants, nous allons communier, – et ils sont sept parmi nous qui vont recevoir l’Eucharistie pour la première fois. Jésus va venir visiter leur cœur pour les transformer en Lui. Ils étaient chrétiens par le baptême, ils seront un peu plus chrétiens grâce à l’eucharistie. Et chaque dimanche, ils sont invités à venir ici, à nouveau, se placer devant Dieu qui nous aime pour recevoir Dieu tout entier, tout Amour.
III – S’approcher du Cœur : vivre par Lui, avec Lui et en Lui
Finalement, dans cette lecture de saint Paul qu’on a entendu tout-à-l ’heure, cette lettre aux Éphésiens, il y a un moment où saint Paul n’a plus de mots. Je répète : « que le Christ habite en vos cœurs par le foi ». La foi, vous l’avez reçue au baptême. C’est ce canal qui nous unit à Dieu. Et chaque fois que nous entrons en prière, chaque fois que nous vivons un sacrement, Dieu tout entier passe par ce canal. « Que le Christ habite en vos cœurs par le foi. Restez enracinés dans l’Amour, établis dans l’Amour. Soyez fixés sur Dieu, c’est Lui qui est votre joie et votre bonheur. Alors vous serez capables de comprendre… » Et les enfants qui font leur première communion m’écrivent une lettre, tous !, et je leur réponds. (Du coup, ça prouve que je l’ai lue cette lettre). Et dans leur lettre, bien souvent, il y a : « je veux faire ma première communion parce que je veux connaître un peu mieux Jésus, parce que je veux aimer un peu mieux Jésus ». Et c’est bien cela, c’est bien cela qui se passe. Chaque fois que l’on reçoit l’Eucharistie dans nos cœurs, c’est Dieu qui nous donne la capacité de l’aimer un peu plus. Et si nous l’aimons Lui, alors nous aimerons un peu mieux nos frères. Cela va ensemble.
« Alors vous serez capables de comprendre avec tous les fidèles quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur… ». Et là, saint Paul n’a plus de mots : « Vous connaîtrez ce qui surpasse toute connaissance, l’Amour du Christ ». Oui. L’Amour du Christ. C’est la seule chose importante. Et avec Osée, nous pouvons nous tourner vers notre monde, être les témoins de l’Amour de Dieu et dire : “Non. Ce n’est pas très important d’avoir la plus belle voiture. Ce n’est pas très important d’avoir la plus belle maison. Ce n’est pas très important d’avoir les plus beaux habits, d’être le mieux vu, d’avoir le plus de pouvoir, d’avoir le plus de responsabilité, d’être le plus riche… ce n’est pas très important ! Ce qui compte… – ce qui compte ! – c’est l’Amour du Christ”.
C’est Dieu qui nous aime, et qui nous aime au point qu’Il veut nous faire semblable à Lui, et qu’Il veut que nous aimions comme Lui pour être dans une vraie joie et un vrai bonheur. Une vraie joie, et un vrai bonheur ! Et alors nous serons capables, comme Lui, de donner notre vie. Peut-être que nous sommes appelés, chacun d’entre nous, à la croix ! Cette croix, ce ne sera pas la même pour chacun. Il y en aura qui auront les petites croix du quotidien, qui ne sont pas les moins lourdes… Ce don de chaque jour que font les mamans pour leurs enfants, pour leur famille… Que font les papas pour leurs enfants, pour leur famille… Que fait chacun de nous dans son,travail… Ces moments où il nous faut témoigner du Christ… Choisir d’être honnête alors qu’autour de nous, tout le monde choisit la malhonnêteté… Choisir d’aimer, en vérité.
C’est cela notre croix. Mais cette croix-là, nous la choisissons. Et comme le Christ, nous l’embrassons, parce que nous savons que nous devenons, par elle, semblables au Christ. Que nous devenons comme le Christ, des sources de l’Amour. En accueillant le Christ dans nos vies, nous devenons source pour les autres. C’est cela la croix : la relation avec Dieu et la relation avec les autres. Et là, on se dit : “c’est vachement trop dur pour nous”. C’est très exigeant. Et c’est peut-être fatigant ! Et c’est pour cela que nous sommes invités à accueillir Dieu dans nos vies, dans la prière chaque jour, dans l’eucharistie chaque dimanche, dans le sacrement de réconciliation, régulièrement.
Et alors, si nous choisissons d’être amis avec Jésus, avec le Christ, avec notre Dieu, soyons sans crainte, n’ayons pas peur, Dieu est avec nous.