Homélie pour la solennité du Saint-Sacrement, Année B, 3 juin 2018
par l’abbé Gaël de Breuvand à 10h30 à Chaponost
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
« Et voici le pain des anges ! Le pain des envoyés. Il est le pain de l’homme en route, le vrai pain des enfants de Dieu qu’on ne peut jeter aux chiens… D’avance, il fut annoncé par Isaac en sacrifice par l’Agneau pascal, immolé par la manne de nos pères. Ô bon Jésus, notre vrai pain ! Ô Jésus, aie pitié de nous ! Nourris-nous ! Protège-nous ! Fais-nous voir les biens éternels dans la terre des vivants. Toi qui sait tout et qui peut tout. Toi qui sur terre nous nourris. Conduis-nous au banquet du ciel et donne-nous ton héritage en compagnie des saints »
Cette séquence, c’est ce texte que l’on a chanté en grégorien il y a quelques instants avant l’évangile. Ça marque les très grandes fêtes. Il n’y en a que quatre des séquences dans la liturgie. Il y a une séquence pour le jour de Pâques, une séquence pour le jour de Pentecôte, une séquence pour aujourd’hui, la fête du Saint-Sacrement et une pour le jour des morts. Elles marquent de grandes fêtes.
I – Dieu veut faire alliance avec nous
Et effectivement, aujourd’hui, c’est une grande fête. Même si dans l’histoire des fêtes, c’est une fête tardive. Puisqu’elle est devenue officielle dans toute l’église qu’au XIIIe siècle. C’est aussi le siècle où l’on termine la réflexion sur ce qu’est l’eucharistie. “Ce pain des anges ! ce pain des envoyés. Ce pain des hommes en route…” C’est nous ça !
Dans la première lecture, on a pu entendre Moïse qui est un intermédiaire entre Dieu et le peuple. Et qu’est-ce qui se passe entre Dieu et le Peuple ? Une alliance est conclue. Une alliance est conclue. Et pour marquer cette alliance, qu’est-ce qui se passe ? Dieu parle, donne des commandements, – ou des paroles de vies -. Le peuple répond et dit quoi ? Que dit-il le peuple ? “Toutes ces paroles que le Seigneur a dites, nous les mettrons en pratique” Et ils le répètent deux fois. « Tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique et nous y obéirons ». Et troisième étape : tout le monde est aspergé de sang. Vous allez me dire : “bof, c’est pas très ragoutant tout ça”. Mais le sang, au sens biblique, au sens des peuples anciens, c’est la vie. C’est la vie ! Parce que cette parole d’alliance qui est conclue entre Dieu et le peuple, c’est une parole de vie. Avec une toute petite particularité supplémentaire : c’est que pour faire alliance, normalement, il faut être égaux.
Or, entre Dieu et le peuple, il n’y a pas tellement d’égalité. Cela signifie que Dieu vient au niveau du peuple et que le peuple est élevé par Dieu au niveau de Dieu. Et du coup, la rencontre devient possible.
II – Dieu veut habiter en nous, préparons la salle du banquet
Dieu veut habiter au milieu de son peuple. Et là, je vais déranger Baptiste (le premier communiant). Dieu veut habiter au milieu de Baptiste. Et Dieu veut habiter au milieu de chacun de nous. Et Il nous prend vraiment au sérieux parce que lorsqu’Il se fait présent, Il se fait présent réellement, concrètement. Il y a un mot pour cela… Tout à l’heure, quand le prêtre va prononcer la parole de la consécration, il y un miracle qui s’accomplit. Et ce miracle, on l’appelle la transsubstantiation. Un mot bien compliqué… Un mot bien compliqué pour nous permettre de comprendre… que c’est trop grand pour nous. Qu’on ne peut pas le comprendre en vrai. On peut s’en approcher. On peut se dire : “oui. Cela ressemble à du pain ; cela ressemble à du vin. Mais ce n’est plus du pain ; ce n’est plus du vin… C’est le corps et le sang de Jésus. Il est présent.
Et du coup, s’Il veut venir habiter au milieu de Baptiste, et au milieu de chacun de nous… eh bien, on va faire ce qu’Il nous demande. Et on a entendu l’évangile. Et dans l’évangile, on a entendu quoi ? Il y avait deux parties dans l’évangile. La première partie, c’est : Jésus qui envoie ses disciples pour préparer la salle du repas. Et puis la deuxième partie, c’est le moment où pendant le repas, qu’est-ce qui se passe ? Jésus donne quoi en nourriture ? Il donne Son corps et Son sang. Donc dans quelques instants, Baptiste, tu vas recevoir le corps et le sang de Jésus en nourriture. Nous aussi ! Et la question qui se pose est : est-ce que nous avons préparé la salle du repas ? Est-ce que nous avons préparé la salle du repas ? Est-ce que nous arrivons pour communier comme à l’habitude ? Le dimanche, on est à la messe, donc on communie. Peut-être qu’il faudrait nous réinterroger ? Est-ce que, chaque fois, nous sommes prêts à recevoir le Roi dans notre cœur. C’est pour cela d’ailleurs que le sacrement de réconciliation a été inventé. C’est pour nous permettre de préparer notre salle du repas, notre salle des noces, notre salle du banquet… Pour que la rencontre soit pleine et entière. C’est le sens du sacrement de réconciliation.
Alors comment la préparer cette salle du repas, cette salle du banquet ? Eh bien il s’agit de mettre notre vie en conformité avec la parole de Dieu. C’est ce que l’on entendait, toujours, dans cette première lecture. « Tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique et nous y obéirons ». Alors je ne sais pas pour vous, mais pour moi, c’est un peu difficile quand même. Et régulièrement, je suis obligé de m’interroger. Est-ce que je suis prêt à vivre cette rencontre avec le Seigneur ? Et c’est pour cela que de temps en temps, je vais me confesser. J’aimerai bien me confesser moins souvent en fait.
III – L’Eucharistie, source de notre mission
Mais je n’y arrive pas… Et pour autant, le Seigneur vient à ma rencontre, et Il veut me donner sa force, sa joie, son amour… pour me donner la capacité… (à Baptiste) : c’est quoi ta grande mission ? Tu te rappelles ? Ta grande mission ? Dieu vaut pour toi d’abord la joie et le bonheur. Et pour cela, Il te donne une mission, et c’est celle de porter la joie et le bonheur autour de toi. Autour de toi… Évidemment, chacun autour de nous. Et c’est un travail… compliqué ! difficile ! Souvent, on n’a pas envie ! Souvent, c’est fatigant ! Et ça va des toutes petites choses de la vie quotidienne aux grandes choses. Et ce combat-là, je ne peux le vivre que grâce à Dieu. Grâce à l’Eucharistie ; Si je viens chaque dimanche à la messe, c’est pour recevoir la force de Dieu dans ma vie. C’est la source de ma vie. Et du coup, je vais pouvoir repartir, après la messe, plein de Dieu, en ayant l’intention d’écouter ses paroles et de les mettre en pratique et d’y obéir… pour pouvoir donner de la joie et du bonheur à ceux que je vais rencontrer cette semaine… Et puis au bout d’une semaine, je me suis un peu fatigué, épuisé… donc je reviens ! Pour à nouveau recevoir cette force.
Et puis l’Eucharistie, – c’était la source -, c’est aussi le sommet de notre vie. C’est la meilleure façon que nous ayons de rencontrer Dieu. Pourquoi ? Parce que c’est dans l’eucharistie que Dieu nous fait égal à lui. Il renouvelle son alliance, c’est une alliance éternelle. « L’alliance nouvelle et éternelle… ».
En fait, dans quelques instants, quand Baptiste va communier, comme chacun de nous allons communier, nous allons nous retrouver membres du Corps du Christ. Alors vous allez me dire : “nous le sommes déjà par le baptême !” Et vous avez raison. Mais nous serons plus, davantage membres du corps du Christ. Alors à ce moment-là, nous nous réjouirons d’abord. Nous pourrons rendre grâce à Dieu, et parce que nous sommes membres du corps du Christ, le Christ lui-même, en nous, va pouvoir dire : “merci papa”, en s’adressant à son Père, à Dieu, à notre Dieu. Et nous, de tout notre cœur, nous pouvons lui dire cela : “merci Père de prendre soin de nous”. Voilà, c’est ça la messe finalement. C’est accueillir le don de Dieu, pour pouvoir nous offrir à Dieu. Tout entier. Sans rien retenir, comme Lui le fait.
Voilà. On va s’arrêter là. On va préparer notre salle des noces pour que le Seigneur puisse venir habiter en nous, qu’Il s’y trouve bien et qu’Il puisse rayonner à partir de nous.