Homélie du 2e dimanche de Pâques ou de la divine miséricorde, Année B, 8 avril 2018
Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après retranscription.
Le Christ est ressuscité. Le Christ est ressuscité ! Et ça change tout ! Ça change tout ! Dans cette communauté de Jérusalem, ceux qui croient au Christ ont décidé de changer de vie. Et on a eu comme un petit sommaire de l’essentiel de leur changement de vie. Et on revient dessus : « la multitude de ceux qui étaient devenus croyants avaient un seul cœur et une seule âme. Ça, on le comprend bien. Et personne ne disait que ses biens lui appartenait en propre. Ils avaient tout en commun ». Ça, c’est la première phrase… En fait, il y a trois phrases dans ce passage. Et la dernière phrase, elle dit : « aucun d’entre eux n’étaient dans l’indigence, car tous ceux qui étaient propriétaires les vendaient, apportaient le montant de la vente et le déposait au pied des apôtres. Ils en distribuaient en fonction des besoins ». Puis, la phrase centrale, elle insiste sur le fait que les apôtres et la communauté rend témoignage de la résurrection du Seigneur.
I – se fixer sur l’essentiel, relativiser le reste
Alors… je ne sais pas pour vous, mais moi, quand j’entends cette parole, je ne l’entends pas pour moi… J’ai un peu de mal à l’entendre pour moi. Que mes biens… sont pour les autres ? C’est un peu douloureux. Il y a un petit arrachement dans cette phrase-là. Alors qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce que c’est juste une parole en l’air, comme cela ? Qu’il faudrait juste écouter et se dire : “ah oui, c’est bien…˝ mais surtout ne pas le faire ? Ou est-ce que ça nous invite… ça nous appelle ? Et puis comment est-ce que ça nous appelle ?
En fait, d’abord, – et c’est là cette inclusion -, une parole sur le renoncement aux richesses, une deuxième parole sur le renoncement aux richesses et au milieu, le témoignage de la Résurrection. C’est ça l’essentiel. Dans nos vies, nous devons apprendre ou réapprendre à garder nos yeux fixés sur le cœur de notre foi. C’est bien pour cela que l’on met le cierge pascal au milieu, pendant tout ce temps de Pâques… Le Christ est ressuscité ! C’est bien pour cela que dans nos églises, au centre, toujours au centre, – d’ailleurs, ce n’est pas une église si il n’y a pas d’autel -, toujours au centre, il y a l’autel. Car c’est Lui, le Christ, qui est la référence de toutes choses, et qui doit être dans nos vies le point d’équilibre. Alors s’Il est le point d’équilibre, il y a un certain nombre de choses qui doivent être relativisées.
Alors ce déplacement vers l’essentiel, et du coup ce renoncement – parce que s’en est-un -, à un certain nombre de choix de confort, qu’ils soient matériels, ou même spirituels, ce renoncement, oui, c’est un arrachement. Et en même temps, c’est un pas dans la confiance. L’amitié avec le Christ, qui est une amitié qui implique de tout donner, c’est quelque chose que nous ne regretterons pas. Le pape Benoît XVI le disait aux jeunes il y a quelques années : “ouvrez toutes grandes vos portes au Christ, laissez-le entrer, donnez-lui tout. Lui, Il n’enlève rien. Il n’enlève rien”. Alors évidemment, ça changera peut-être les points d’équilibre de nos vies.
Alors peut-être que l’on se dit : “là, tout de suite, maintenant, je n’en suis pas capable”. Et ça, le Seigneur est bien capable de l’entendre. Mais alors dans ce cas-là, est-ce que dans notre prière, nous demandons : “Seigneur, que Ta volonté soit faite. Rends-moi capable d’entrer dans Ta volonté˝. Plénière !
Cette pauvreté, dans laquelle les premiers disciples sont entrés, il nous faut nous aussi la vivre. Une pauvreté qui soit un vrai détachement des biens matériels, avec une vraie prise de conscience que ce que nous avons, en fait, nous en sommes nommés gérants, gardiens, intendants ! Mais ce n’est pas à nous. Cela nous est confié.
Voilà quelques réflexions autour de cette première lecture.
II – le Credo de Saint Jean.
Un petit mot sur la deuxième lecture : la lettre de saint Jean. Saint Jean, dans cette lettre, nous enseigne sa foi. Son attachement. En fait, il nous donne son credo. “En quoi je crois”. Et saint Jean, ce en quoi il croit, c’est que Jésus de Nazareth est le Fils de Dieu. Que tous ceux qui croient en Dieu, qui sont attachés au Christ, sont eux aussi fils de Dieu. Nous, chrétiens, nous sommes fils de Dieu. Pleinement ! Et si nous sommes fils d’un même Dieu, cela implique donc que nous sommes frères. Et que nous avons donc à faire attention les uns aux autres. Prendre soin.
En fait, là encore, c’est la raison qui explique le comportement des Actes des Apôtres. Quand il y a un chrétien quelque part, quelque chose doit changer. En mieux ! Là encore, on peut se dire : “mais c’est quand même vraiment trop compliqué pour moi. Je n’y arriverai pas”.
III – La Résurrection, présence de Dieu, don de Dieu, acte de miséricorde
Alors on peut se rappeler cet évènement de la Résurrection. Et cette apparition d’aujourd’hui. Jésus apparaît au milieu de ses disciples. La porte était fermée, la porte était verrouillée… Il est là ! Soudain. D’un seul coup. Il est visible à leurs yeux. Et les disciples se réjouissent à la vue du Seigneur. Est-ce qu’ils ont mérité de voir Dieu ? euh… non ! Non, ils n’ont rien mérité du tout. C’est ce qu’on appelle la grâce. Dieu donne gratuitement. Il n’attend pas que nous ayons fait quelque chose avant. Et là encore, Il leur fait un cadeau : « la paix soit avec vous ! La paix soit avec vous. Recevez l’Esprit saint ». Et Il souffle sur eux. Il leur fait cadeau de sa vie à lui. L’esprit de Dieu ; Dieu tout entier qui est donné. « Recevez l’Esprit saint… ». Alors si Dieu vient s’installer dans nos cœurs, – c’est ce qui est arrivé au baptême -, si j’accueille, si je reçois cet Esprit dans ma vie, alors en fait, tout va prendre sa place dans l’ordre. Et je saurai mettre au premier plan ce qui est vraiment essentiel. Et je saurai renoncer à ce qu’il faut pour pouvoir avancer.
Ce don de Dieu, qui est gratuit, il éveille en nous une réponse. Et on le voit de façon très marquée chez Thomas, évidemment. Thomas n’a pas reçu ou ne semble pas avoir reçu ce don de Dieu. En tous les cas, ce n’est pas suffisant pour lui. Le témoignage de ses amis n’est pas suffisant. Et donc il se ferme. Il refuse de croire. Et le Christ vient. Pourquoi Il revient, Il revient simplement pour une chose : c’est pour Thomas. A priori, tout ce qu’Il devait dire aux dix autres a déjà été dit. Il revient pour Thomas. Il lui fait cadeau, gratuitement, de Sa présence. Et là, quand Thomas le reçoit, il tombe à genoux et dit : « mon Seigneur et mon Dieu !». C’est bien l’acte que nous pouvons faire : quand nous percevons la présence de Dieu au milieu de nous.
« Mon Seigneur et mon Dieu !». C’est ce qui va arriver dans quelques instants, sur cet autel. Le Christ se rend présent. Les portes et les fenêtres sont fermées, et Il sera là sur cet autel. Et nous pourrons, en vérité, dire de tout notre cœur : « mon Seigneur et mon Dieu !». Ayant fait cet acte de foi, cet acte d’adoration, alors nous nous retrouvons envoyés, remplis de l’Esprit saint et nous pouvons alors témoigner du Christ, témoigner selon Sa volonté. Et peut-être que Sa volonté nous appelle à une vraie pauvreté.
Accueillons la miséricorde de Dieu, la tendresse de Dieu. Dieu veut prendre soin de chacun de nous. Et Il nous envoie pour que nous soyons des instruments de Sa miséricorde, pour que nous prenions soin du monde qui est autour de nous, et qui, et vous le savez aussi bien, voire mieux que moi, est en détresse. C’est bien pour cela que c’est le dimanche de la miséricorde. C’est afin que nous recevions cette miséricorde de Dieu, que nous l’accueillions et que nous soyons pleinement témoins de cette miséricorde, que nous soyons des instruments de cette miséricorde. Alors laissons-nous “miséricordiés”, afin d’être miséricordieux.