Homélie du dimanche des Rameaux et de la Passion, 25 mars 2018, Année B
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après retranscription.
Nous avons donc gouté, mangé, une bonne tranche de Parole de Dieu et dans les derniers mots qui ont été prononcés dans cet Évangile : « vraiment, cet homme était le Fils de Dieu ». C’est un mot important dans l’Évangile selon saint Marc. En fait au verset 1 de l’Évangile selon saint Marc, il y a un titre, un titre qui est le plan du livre : « Évangile de Jésus, le Christ, le Fils de Dieu ». Et pendant tout l’évangile, on va se poser la question : “qui est Jésus ?”
I – Nous attendons un roi, acclamons-le, Hosannah !
Et au chapitre 8, c’est juste à la moitié, on a saint Pierre qui dit : « Tu es le Messie ». C’était vrai. Jésus est le Messie. Mais les Juifs à l’époque, quand ils pensent à un Messie, ça peut être deux choses, trois en fait, mais deux principales : ça peut être un prophète qui vient, et donc on se dit que Jésus est Élie, ou peut-être qu’il est Jean-Baptiste, ou qu’Il est un autre des prophètes… ou bien le Messie, ça peut être un roi. Et alors on attend un roi, un roi de Gloire, un roi puissant.
Alors oui, tout à l’heure, nous sommes rentrés dans cette église en acclamant notre roi. Et nous avons fait comme un peuple qui accueille le roi. C’est très intéressant parce que lorsque le roi David rentre à Jérusalem, on l’acclame de la même manière. Mais c’est aussi comme cela que l’on acclame Dieu : lorsque l’arche d’Alliance entre dans Jérusalem, on l’acclame de la même manière. Quand Jésus entre le jour des Rameaux, on l’acclame. « Hosannah, ô Fils de David ! Hosannah au plus haut des cieux ». Et d’ailleurs, quand le Christ vient nous visiter, c’est toujours ce qu’on crie. Tout à l’heure on va chanter le Sanctus : « Saint, saint, saint le Seigneur ». Et c’est bien ce qu’on va dire : « Hosannah », parce qu’Il va venir sur notre autel.
II – Un roi d’humilité
Alors on accueille un roi ? Et ce roi, il est un petit peu différent de ceux qu’on attendait ! Son trône ? C’est la croix. Et vous savez que la croix, ce n’est pas très confortable ! Comme trône, on a déjà vu mieux ! Et même que sur la croix, on ne met que les pires des bandits. On ne met que des gens, qui vraiment, ont fait des horreurs terribles. Au point que les Juifs, ils disaient : “maudit est celui qui pend sur le bois de la croix”. Et voilà que Jésus, Il pend sur ce bois !
Alors quelle est notre réaction, à nous ? On peut avoir la même réaction que les disciples. Nous accompagnons un roi, et lorsque tout à coup, on découvre qu’il faut passer par la croix, eh bien… saint Pierre fait : “ah, moi ? Je ne le connais pas !” Judas se dit : “c’était pas celui que j’attendais. Peut-être que je vais le forcer à devenir un vrai roi et à le faire advenir avec ses légions d’anges”. Et du coup, il trahit. Et puis les autres, ils s’enfuient ! D’ailleurs, il y a ce petit passage : il y avait un jeune homme qui suivait Jésus, et il s’enfuit. Il s’enfuit tellement vite que le drap qui lui servait de manteau, -hop !-, il le laisse là. Et il s’enfuie tout nu… pour dire qu’il est parti vite !
Alors Jésus se présente à nous comme un roi. Quand Pilate lui pose la question : « es-tu roi ? », Jésus dit : “tu le dis. Tu as raison”. Mais Il n’est pas un roi comme on l’attend.
Il est un roi d’humilité, un roi serviteur. Un roi qui donne sa vie pour que nous nous puissions vivre vraiment. Un roi qui nous montre qu’il n’y a pas de plus grand Amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Et ceux qu’on aime, nous sommes invités à les aimer… tous. Même si on ne les connait pas ! Tous ceux qui sont autour de nous. Il faut qu’ils rentrent dans la catégorie : “ceux qu’on aime”.
III – un paradoxe toujours actuel
Alors ce chemin-là, et je conclue avec cette figure que l’on a découvert par les médias, à la radio, pour une fois que l’on a un bel exemple à donner… Ce gendarme, le colonel Beltrame, Arnaud. Il était baptisé en 2010. Il avait redécouvert le Christ et il avait choisi de le suivre. Il devait se marier le 9 juin prochain, à l’église. Il avait choisi de suivre le Christ. Et lorsque la question s’est posée pour lui : “faut-il que je donne ma vie pour cette femme-là qui est blessée ?”. Eh bien, il s’est découvert – Il a peut-être été le premier surpris – il s’est découvert vraiment à l’image du Christ, vraiment chrétien. Et véritablement, il a donné sa vie. Il savait bien ce qui l’attendait. Comme Jésus le savait bien.
Arnaud Beltrame, tous les dimanches, allait à la messe et tous les dimanches, il recevait l’Eucharistie. Tous les dimanches, il entendait cette parole de Jésus : “je donne ma vie pour toi. Ceci est mon corps livré. Ceci est mon sang versé pour toi”. Et il entendait ça. Et il savait, que lui, Arnaud, comme chacun de nous, nous sommes invités à répondre à Jésus : “moi aussi, je veux donner ma vie pour toi, pour tes frères”. Vous le savez, Jésus nous le dit. « Ce que vous faîtes au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faîtes ». Nous sommes invités à donner nos vies, comme Jésus l’a fait.
Alors finalement, évidemment, c’est grave, c’est triste ce qui est arrivé à Arnaud. Et en même temps, c’est un motif de joie pour nous. Car il a donné sa vie pour la vie. Face à la haine et à la destruction, il a témoigné de la victoire de l’Amour, de la victoire de l’espérance, de la victoire du Christ. Lorsque Jésus meurt sur la croix, qu’Il expire dans un grand cri, tout semble fini, et pourtant, déjà, -déjà ! -, pointe l’aube de la résurrection.