Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après retranscription.
allez jeter un œil sur le blog de Coolus pour plus d’explication sur l’image…
http://lapin-bleu.croixglorieuse.org/dessins-de-la-semaine/annee-b/b-temps-de-careme/annee-b-temps-du-careme-4eme-dimanche/
La grâce gratuite que Dieu nous donne gratuitement !
Chers amis, chers frères et sœurs,
Quand j’ai lu avec attention ces textes pour vous en parler, je me suis dit : “ouh là ! C’est un peu difficile”. Surtout si on ne fait que les entendre. C’est un peu difficile… et en même temps, c’est juste le trésor, le cœur de notre Foi. Sur cette parole-là : « celui qui ne croit pas est déjà jugé du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu ». Et vous connaissez le nom du Fils unique de Dieu, c’est Jésus. Et Jésus, cela veut dire : Dieu sauve ! Celui qui, au fond de son cœur se dit que Dieu est un juge, eh bien, d’une certaine manière, il sera jugé. Celui qui au fond de son cœur croit que Dieu sauve, celui-là sera sauvé. C’est étonnant ? Finalement le Salut ne dépend que de nous.
I – Dieu prend soin de son peuple, Dieu fait grâce
Alors je vais revenir, – il y aura deux parties -, sur la première lecture, qui est un texte un petit peu étonnant, c’est un texte historique. On en a l’explication, ce que l’on a entendu, nous raconte l’histoire de la fin de l’exil. Ça fait 70 ans que les Hébreux sont en exil à Babylone et voilà que Cyrus, roi de Perse décide de renvoyer les Hébreux chez eux, et de favoriser la reconstruction du Temple. Et cet évènement, on le trouve dans la Bible et on le trouve aussi par des sources babyloniennes, on le trouve par des sources d’architecture, etc… Donc, on est sur un évènement réel de notre histoire réelle. Réel au sens où même scientifiquement, on peut le prouver. Et cet évènement, c’est une action de Dieu dans l’Histoire. Alors que les Hébreux sont absolument convaincus qu’ils sont abandonnés, quasiment, de Dieu, ils découvrent que Dieu prend soin d’eux. La promesse que Dieu a faite il y a bien longtemps au moment de la sortie d’Égypte : « je vais vous donner une terre », cette promesse, elle tient toujours ! Elle tient toujours ! Dieu est fidèle dans ses promesses.
Et là, il y a une chose étonnante, c’est que les Hébreux n’ont rien mérités. Ils sont comme des petits enfants à qui on fait un cadeau. Quand vous offrez un cadeau d’anniversaire à un enfant de trois ans : est-ce qu’il a mérité ce cadeau ? Non. Mais vous, parents, vous l’aimez et vous voulez sa joie et son bonheur et vous lui faîtes un cadeau. Eh bien Dieu agit de cette manière-là avec nous. Il n’attend pas que nous méritions, Il nous fait le cadeau. Il tient ses promesses. Il renvoie le peuple des Hébreux sur Sa terre, à Jérusalem. Vous savez que j’étais pendant la semaine qui vient de passer à Jérusalem. Et effectivement, cette terre est marquée de la présence de Dieu. Depuis 2000 ans, – depuis 4000 ans ! -, cette terre se souvient que Dieu entre en relation avec son peuple. Et bien sûr, comme c’est la chose la plus importante de nos vies, c’est aussi la chose qui crée le plus de tensions possibles et imaginables. Alors les Hébreux n’ont rien mérité.
Et dans la deuxième lecture, saint Paul insiste. Dieu prend soin de son Peuple. Mieux encore, Il nous sauve. Il le fait par grâce. « C’est bien par sa grâce que vous êtes sauvés ». Et ce mot grâce, c’est un mot extrêmement important dans la réflexion chrétienne et en même temps c’est un mot dont on ne sait pas très bien ce qu’il veut dire. En fait, la grâce, c’est l’Amour que Dieu donne. Et quand on parle de l’Amour de Dieu, le synonyme, c’est la vie de Dieu. Et ou encore on pourrait dire la force de Dieu ; ou encore l’Amour de Dieu. Ou encore Dieu tout entier. C’est tout synonyme tout ça. La grâce, la vie, l’Amour, la Force, l’Esprit. Mais quand on dit Grâce, on insiste tout particulièrement sur ce fait que c’est gratuit ! Quand j’étais plus jeune, j’avais un cousin qui allait à un mariage. Le mariage d’une autre cousine. Et il est arrivé auprès du buffet et il a demandé au serveur : “c’est combien ?” Le serveur l’a regardé et lui a dit : “bah, c’est pour toi…”. Et là, il est revenu vers la famille en disant : « c’est gratuit ! » Eh bien avec le bon Dieu on peut faire pareil ! Et on peut le dire à tous. C’est gratuit ! Le Seigneur, Il attend juste une chose : bah qu’on accueille ce cadeau. Qu’on l’accueille…
C’était la première partie. Dieu prend soin de son peuple. Dieu sauve son peuple. Dieu lui fait grâce.
II – Élevé, rendu semblable au Christ
Une deuxième partie : et Jésus dit à Nicodème, à ce Pharisien qui est intéressé par la parole de ce Jésus, ce Rabbi de Nazareth. Et ce Pharisien veut rencontrer Jésus. Il le rencontre le soir, quand on ne le voit pas et il lui demande : “mais qu’es-tu ? Qui es-tu ? Que fais-tu ?” Et Jésus lui enseigne qu’Il veut donner la Vie aux hommes. Et Il dit : « Dieu a envoyé son fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que par Lui, le monde soit sauvé ».
Le mot jugement, c’est un mot qui est difficile. Le jugement, c’est en grec le mot “krisis”, la crise. Le jugement, c’est donc forcément un combat. Un combat qui bien souvent est d’abord et avant tout en nous. Si nous nous posons dans une posture de jugement, nous allons comparer ce que nous sommes, nous allons comparer ce que nous faisons avec ce pour quoi Dieu nous a fait. Nous allons peut-être même nous comparer avec Dieu. Et si nous prenons une balance : d’un côté, il y aura nous et d’un autre côté, il y aura Dieu… eh bien on est sûr d’une chose : c’est que nous perdrons. Et alors le jugement qui est fait, c’est le mien, puisque Dieu est parfait, immense, glorieux, et que moi, je suis petit, faible, moche et laid, il faut donc que je m’éloigne de Lui.
Évidemment, ce n’est pas une bonne idée. Parce que Dieu, Lui, Il n’est pas venu pour nous juger, mais pour nous sauver. Étonnamment. Par un cadeau immense, Il nous donne Sa vie. Et là brutalement, d’un seul coup, nous voici transformés… Et nous sommes élevés à Sa hauteur. C’est surprenant, c’est étonnant ! Il n’y a pas vraiment de mots pour dire cela. Dieu nous aime tellement qu’Il fait de nous des êtres « à son image et à sa ressemblance ». Les orientaux orthodoxes, ou catholiques d’ailleurs, aiment bien parler de « divinisation ». Finalement, Dieu veut nous rendre tellement comme Lui, que nous sommes rendus divins. Les latins, nous, on dira plutôt que l’on est sanctifié. Mais ça revient au même.
Alors, être sanctifié, c’est d’abord et avant tout, – non pas poser des actes extraordinaires -, c’est d’abord reconnaître que nous dépendons de Dieu. Dépendre de Dieu. Ce n’est pas très confortable. On préfèrerait dépendre de nous-mêmes. On préfèrerait être vraiment autonomes. Or, nous voulons, nous choisissons de reconnaître que nous dépendons de Dieu. Et cette dépendance, la reconnaissance de cette dépendance, c’est ce qu’on appelle l’acte de foi. L’acte de foi. « C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés et par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous. C’est le don de Dieu. Cela ne vient pas des actes. Personne ne peut en tirer orgueil ».
S’offrir au Père, par le Fils, dans l’Esprit
Dans quelques semaines maintenant, Céline va recevoir le baptême. Et je l’interrogerais dans quelques semaines pour lui demander : “que demandez-vous à l’Église ?” Et elle me répondra : “je demande la foi”. Un cadeau, qui lui sera fait. Le moyen d’être connecté à Dieu. En fait, elle va recevoir comme un canal. Un canal qui lui permettra d’accueillir l’Amour de Dieu, la vie de Dieu, la grâce de Dieu dans sa vie. Et alors, puisqu’elle sera pleinement dépendante de Dieu, elle pourra faire ce que fait Jésus lui-même : elle pourra s’offrir au Père. Elle pourra s’offrir au Père. Nous sommes faits pour cela. Est-ce que c’est confortable ? Non. Ce n’est pas confortable. Est-ce que cela nous donne la joie ? Est-ce que cela nous comble ? Oui. Nous sommes faits pour cela.
Alors en ce dimanche, qui est un dimanche de joie parce que nous nous rappelons que Dieu nous sauve, nous voulons accueillir le cadeau que Dieu nous fait : le cadeau de la foi, le cadeau de Sa vie, le cadeau de Son Amour. Laissons-nous porter par le Christ. Il veut nous offrir au Père, laissons-nous faire !