Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après retranscription.
Allons à la montagne de Dieu
La semaine dernière, nous étions au désert avec Jésus, nous étions dans le déluge avec Noé. Et c’était pour nous manifester que Dieu veut faire alliance avec nous.
1 – Entendre l’appel de Dieu, comme Abraham
Et aujourd’hui, dans ce texte de la Genèse, un texte difficile, – Genèse au chapitre 22 -, Dieu veut mettre à l’épreuve Abraham, et il l’appelle : “Abraham ! Donne-moi ton fils”. Et il manque un verset dans le récit qu’on vient d’entendre. Il dit que « tôt le matin, Abraham s’est levé » et puis a préparé son départ en direction de la montagne de la Moriah. Tôt le matin, parce que oui, si dans son songe, dans cette nuit, il a entendu cet appel de Dieu, on peut imaginer qu’il a été troublé, qu’il n’a pas pu beaucoup dormir.
Il est mis à l’épreuve et en même temps, au moment même où Dieu l’appelle Abraham, Dieu, lui rappelle qu’il y a déjà une alliance entre Abraham et Dieu. Parce que Abraham, en trois syllabes, c’est le nom que Dieu lui a donné, déjà au chapitre 13. Il y a une alliance et Abraham, ça veut dire “père d’une multitude”. Donc Dieu a déjà promis que Abraham sera le père d’une multitude. Et Il lui a même déjà dit que ce sera par Isaac que cela s’accomplira. Et voilà que, – épreuve – : “donne-moi ton fils”. Il faut donc que Abraham, qui est complètement perdu, il ne comprend plus, soit animé d’une grande confiance… “Je ne te comprends pas Seigneur, mais je veux bien faire ce pas pour toi. Je veux bien te faire ce cadeau”. Et là, il va comprendre que ce qui intéresse Dieu, ce n’est pas la mort de ses amis, que le sacrifice humain n’est pas dans le projet de Dieu. Et au moment où ce texte est écrit définitivement en -700 avant Jésus Christ, il faut le rappeler, parce que le sacrifice humain, c’est redevenu un peu à la mode. Parce que tous les peuples voisins font des sacrifices humains et en Israël, on se pose la question : “est-ce que ça marcherait pas bien ça ?” Et donc, Dieu, ce qui l’intéresse, ce n’est pas un sacrifice humain, ce n’est pas la mort de la victime, mais c’est l’offrande. L’offrande de nos vies. En fait, le Seigneur attend que nous Lui donnions notre vie, et Lui, Il nous la rendra. Il nous la rend en viager. Finalement, c’est lui le propriétaire et nous en sommes le gérant. Et donc il faut bien nous en occuper de nos vies, pour accomplir ce que veut le propriétaire.
Alors Dieu nous appelle, comme Il a appelé Abraham, Il nous appelle chacun et Il nous appelle par nos prénoms, celui que nous avons reçu au baptême, celui qui rappelle que nous avons une alliance en cours avec notre Dieu. Et Il nous appelle : “viens, offre-moi ta vie. Offre-moi ce que tu as de plus précieux !” Et nous pouvons faire un pas dans la confiance, dans l’obéissance, cette aptitude à se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu.
2 – Montons à la montagne de Dieu
Abraham se met ensuite en marche. Et il va marcher trois jours, jusqu’à la montagne de la Moriah. Et on sait que cette montagne de la Moriah, toute la tradition biblique nous dit que c’est Jérusalem, avant que Jérusalem soit construite. Et Jésus aussi se met en route vers une montagne.
Dans l’évangile selon saint Marc, c’est un évangile qui est en deux parties. Il y a une première partie qui va du chapitre 1 au chapitre 8. Et la question à laquelle cette partie essaie de répondre, c’est : “qui est Jésus ?” Et on termine au chapitre 8 par la profession de foi de saint Pierre qui dit : “Jésus, tu es le Messie”. Et à ce moment-là, il y a un tournant dans l’évangile et Jésus décide de se mettre en route vers Jérusalem. Vers le lieu où Il va faire son offrande. Et on est au chapitre 9, sur le chemin de Jérusalem. Il s’arrête sur cette haute montagne et nous savons que dans la Bible, les hautes montagnes, c’est l’endroit où on rencontre Dieu. Il y a deux grands lieux pour rencontrer le Seigneur : c’est le désert et la montagne. Et là, sur la montagne… Abraham était sur une montagne. Moïse était sur une montagne. Noé ! Il n’y a pas que le déluge. À la fin, il s’arrête sur le mont Ararat, et c’est là qu’il fait son sacrifice. Noé, sur une montagne.
Et donc sur cette montagne, Dieu, – comme toujours sur les montagnes -, Dieu renouvelle son Alliance. Alors, cette alliance, elle se manifeste. C’est ce qu’on appelle une théophanie, comme une épiphanie. Dieu se montre, se montre en Jésus, transfiguré. À travers Lui, à travers Jésus, eh bien les témoins, Pierre, Jacques et Jean, voient Dieu, directement. Alors contemplons-le ce Dieu. Et comment le regarder ? Eh bien cela nous est donné encore, avec Jésus se trouve Élie, le prophète par excellence, et Moïse, le centre de la Torah, de la Loi. En fait, nous sommes invités pour rencontrer Jésus à nous plonger dans la Bible ! Vous me direz : “c’est pas très original. Les prêtres, ils disent ça tout le temps…”. Lisons la Bible. Lisons la Bible parce que Dieu se montre à nous par elle. Contemplons les merveilles de Dieu dans ce livre, dans cette Parole. Voilà. Nous sommes invités à monter à la montagne de Dieu. Cette montagne de Dieu où nous pourrons rencontrer le Seigneur. Cette montagne de Dieu qui toutes les semaines, – c’est le dimanche à la messe… C’est chaque jour dans notre prière… -, nous montons à la montagne de Dieu et nous voulons rencontrer ce Dieu qui nous aime et qui fait alliance avec nous.
3 – redescendons de la montagne de Dieu.
Première partie, c’était : “notre réponse à un appel de Dieu, comme Abraham”. Une deuxième partie, c’était : “montons à la montagne de Dieu”. Et enfin une troisième partie : eh bien c’est qu’il nous faut redescendre de cette montagne.
Nous ne sommes pas encore appelés à y rester. « Ils descendirent de la montagne, et Jésus ordonna de ne raconter à personne ». Alors ça c’était à l’époque de Jésus. Nous, nous sommes invités à redescendre de la montagne et à le raconter à tout le monde ! Nous sommes, nous, chrétiens, invités à témoigner de notre joie de connaître le Christ, de notre joie d’être membres de son peuple, de notre joie d’être aimés de Lui, de se savoir sauvés par Lui. Témoignons. Témoignons de la splendeur et des merveilles de Dieu. Témoignons de la Passion du Christ. Ce Dieu, Jésus, qui s’est livré pour nous. C’est cette parole de saint Paul : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous. Dieu n’a pas épargné son propre fils ». Et quand on dit cela, ce n’est pas un tyran qui enverrait quelqu’un d’autre se faire massacrer à sa place. Non. Quand Dieu envoie son propre fils, Il se donne Lui-même ! Et c’est Lui qui nous aime au point de nous donner Sa vie, y compris à travers la souffrance. Et enfin, nous sommes invités à être des témoins de sa résurrection, de la vie qu’Il nous donne. Dès aujourd’hui.
Alors poursuivons notre carême. Une route qui nous emmène et qui va nous entraîner jusqu’à la montagne de Dieu, cette montagne de la Semaine sainte. Poursuivons notre semaine qui nous conduit aujourd’hui sur la montagne et qui nous invite à redescendre pour témoigner. Et chaque jour, n’oublions pas de prévoir notre montagne, de garder un temps pour Lui, pour renouveler cette alliance dans nos cœurs.