Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après retranscription.
Il y a quelques dimanches, nous avons commencé l’évangile selon saint Marc, et nous voyons que Jésus a pris soin d’un possédé et a libéré un homme d’une emprise diabolique. Nous l’avons vu guérir un paralytique. Et aujourd’hui, Il s’approche ou Il se laisse approcher par un lépreux. Jésus prend soin de son peuple. « Un grand prophète s’est levé parmi nous, disait le verset de l’alléluia, et Dieu a visité son peuple ». C’est cela la Bonne Nouvelle. Dieu se fait proche de nous. Il vient nous visiter. Il prend soin de nous.
« Saisi de compassion, Il étendit la main ». On ne l’entend pas très bien en français, mais ce terme : « saisi de compassion », c’est un terme très fort. En grec, dans la langue originale, ça implique vraiment que les entrailles de Jésus se tordent. Il est blessé par la souffrance de cet homme atteint de lèpre. Il est touché par la confiance de cet homme qui est allé transgresser un certain nombre de lois et d’interdits.
I – la lèpre défigure et isole
Parce que… ben voilà, on va se poser la question : qu’est-ce que c’est que la lèpre ? La lèpre, on en a une description dans la première lecture. Lecture du livre des lévites, le livre du lévitique. C’est quasiment la seule fois dans l’année où l’on nous lit un passage du Lévitique qui est un texte un peu juridique et un petit peu ingrat. Ce n’est pas très drôle à lire. Et donc, c’est un recueil de lois, de consignes pratiques… le Lévitique.
« Le Seigneur parla à Moïse et à son frère Aaron et leur dit : celui qui aura une tâche de lèpre, on le présentera au prêtre » et celui-ci jugera… si c’est effectivement la lèpre. Si c’est le cas, alors le lépreux fera le deuil, le deuil de sa propre vie. Il portera des vêtements déchirés. Il ne se coiffera pas. Il se voilera le visage jusqu’au menton, en partant du haut, et il criera à chaque fois que l’on s’approche de lui : « impur » ! Il sera mis à l’écart !
Alors pourquoi ? Parce que la lèpre, c’est une maladie qui défigure, qui fait perdre quasiment visage humain. Donc il y a une petite tendance à penser que puisqu’il a perdu figure humaine, il a peut-être aussi perdu cœur humain, donc “tenons-le à l’écart…” Et puis il y a une deuxième chose, c’est que celui qui est malade, peut-être bien qu’il est contagieux… et je ne préfère pas tomber malade de cette maladie-là. Donc la maladie, la lèpre, elle défigure et elle isole. Conséquence. Elle isole ! Donc parmi toutes les maladies la lèpre est certainement une des maladies qui laisse le plus de conséquences sociales. Quand quelqu’un est atteint de la lèpre, il est quasiment déjà mort. Et donc, ce lépreux, qui malgré cet interdit, s’approche de Jésus, tombe à ses genoux et Lui dit : « Si tu le veux, Tu peux me purifier ». Quelle confiance il a en Jésus. Cette confiance-là, nous sommes invités à l’imiter.
II – La confession des péchés, une action de grâce.
Alors la lèpre, elle défigure et elle isole. Ça, c’est vrai dans l’ordre physique, dans l’ordre corporel. Et nous sommes invités à la lecture du psaume, le psaume 31, – si vous voulez faire quelque chose d’utile cette semaine, avant mercredi, reprenez le psaume 31 -. À la lecture du ce psaume, nous sommes invités à percevoir qu’il y a une lèpre plus grave que cette lèpre du corps. C’est la lèpre de l’âme, la lèpre de notre cœur. C’est celle que l’on appelle le péché. Le péché, cela nous défigure. Nous étions image de Dieu, amour à l’image du Dieu amour, et voilà que nous sommes pécheurs. Nous perdons notre similitude, et cela nous isole. Le péché, il isole ! Alors nous sommes invités à faire comme le lépreux nous aussi, non pas à nous tenir à l’écart, mais à nous approcher du Christ. Et nous laisser aimer par Lui. Alors le psaume 31 nous dit : « heureux l’homme dont la faute est enlevée et le péché remis ». On n’a pas tout le psaume aujourd’hui, mais essentiellement, c’est : « j’ai dit : je rendrai grâce au Seigneur en confessant mes péchés ». Et du coup, ça nous fait réfléchir un petit peu à ce que signifie “confesser son péché”. Confesser son péché, c’est bien sûr, dévoiler ce qui est moche dans ma vie. J’annonce : “ceci, c’est ma faute”. C’est l’acte que j’ai posé qui défigure et qui isole. C’est l’acte qui blesse la relation qu’il y a entre Dieu et moi et entre mes frères et moi. “Seigneur, je te confesse mon péché, ça veut dire que je te le donne”. Et en l’exprimant, je dis d’ailleurs que ce péché, ce n’est pas moi. Un peu comme ce lépreux : “purifie-moi ! Car cette maladie, ce n’est pas moi !”. Voilà, je confesse mon péché et cela me permet de me distinguer de lui. Et puis en confessant mes péchés, je rends grâce au Seigneur. C’est étonnant comme façon de rendre grâce quand même. Pourquoi, parce que lorsque je confesse mon péché, je donne à Dieu l’occasion de manifester son Amour et sa Miséricorde. Je le laisse me transformer, je le laisse me purifier. Je le laisse me guérir, me relever. Je le laisse agir. Je le laisse me combler de sa grâce et de son amour. Alors rien que cela, c’est bien une façon de confesser la Gloire de Dieu, de rendre grâce au Seigneur.
III – Ne pas être un obstacle, mais être témoin de l’amour de Dieu
Et je vais conclure en m’appuyant sur la lettre de saint Paul. « Tout ce que vous faîtes, manger boire ou toute autre action, faîtes-le pour la Gloire de Dieu. Ne soyez un obstacle pour personne ». C’est une consigne que saint Paul nous donne et elle est exigeante cette consigne. Comment ne pas être un obstacle ? Eh bien, en fait, il n’y a que deux manières. Et en fait, c’en est qu’une seule ! c’est d’abord nous refuser toute lèpre, tout péché. Que dans ma vie, il n’y ait rien qui fasse scandale pour les autres. Que dans ma vie, je ne donne pas aux autres envie de dire : “ah, chrétiens ? hypocrisie et compagnie”. Bien souvent, – il nous arrive -, d’être contre-témoignage. Alors non, ne soyons pas un obstacle de cette manière. Et puis pour ne pas être un obstacle, on peut avancer un petit peu plus loin, et comme le dit saint Paul, on devrait pouvoir dire chacun de nous : « imitez-moi ! Comme moi j’imite le Christ ». Alors saint Paul le dit… moi, moins bien… Mais quand même, le Christ voit ce lépreux s’approcher de lui, ses entrailles se serrent. Il est saisi de compassion et il va prendre soin de cette personne. Depuis notre baptême, nous sommes unis au Christ, – prêtres, prophètes et rois -, et nous sommes invités avec le Christ, pour le Christ, par le Christ, envoyés par Lui, nous sommes invités à prendre soin de ceux qui sont là autour de nous.
Prendre soin. Être des Christ.
Pour tous ceux qui sont autour de nous, pour nos malades, pour nos contemporains. Alors oui, à ce moment-là, les autres pourront peut-être nous regarder et dire : “ah, j’aimerais bien faire comme eux”. Alors encore aujourd’hui, tournons-nous vers le Seigneur, ouvrons notre cœur, laissons-le venir habiter en nous. Il veut faire sa demeure dans notre cœur. Laissons-le habiter en nous.