Face au mal : aimer
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après retranscription.
I – Désemparés face au mal.
« Le Christ a pris nos souffrances, Il a porté nos maladies ». C’était le verset de l’alléluia. « Le Christ a pris nos souffrances, Il a porté nos maladies ». Lorsqu’on reprend la première lecture, cet extrait du livre de Job, on voit que Job est un peu désemparé. Et il se plaint d’une certaine manière, et en fait, les mots qu’il dit, souvent, nous-mêmes, nous avons envie de les dire aussi : « vraiment, sur la terre, la vie de l’homme est une corvée ». On bosse, on bosse, on bosse… et pas beaucoup de résultats, pas beaucoup de joie. Autour de nous, c’est toujours la guerre. Autour de nous, il y a toujours des maladies… Il y a toujours des souffrances… Il y a toujours la mort… Finalement, vivre, ce n’est pas très très intéressant.
Et Job en disant cela, se tourne vers Dieu et lui dit : « Seigneur, souviens-toi : ma vie n’est qu’un souffle et mes yeux ne verront jamais plus le bonheur ». Et on sait que Job a des raisons de se plaindre, car il était parfaitement dans le bonheur humain le plus parfait : il avait beaucoup d’argent, il avait une belle famille avec pleins d’enfants, il avait des amis…Et voilà que les coups durs se sont enchaînés, qu’il s’est retrouvé pauvre, qu’il s’est retrouvé sans enfants qui sont morts, qu’il s’est retrouvé sans amis, et comble du malheur, le voilà qui va être malade et les rares amis qui lui restent viennent le voir en disant : “si tu as tant de problèmes, c’est bien de ta faute”.
Alors Job a ce cri désespéré : face à cette souffrance, face à la maladie, face à la mort… Et c’est intéressant parce que dans ce livre de Job, on n’a pas de réponse. On ne nous explique pas vraiment… On ne nous donne pas vraiment de solutions. Dans le livre de Job, on apprend que oui, il y a la maladie et la mort dans la vie, dans la terre, dans notre monde, mais que finalement, nous, on n’y peut pas grand-chose et si on l’éprouve, eh bien nous sommes invités à vivre à travers elle. Et si on ne l’éprouve pas, on est invité à rendre grâce aussi à travers cela.
Alors on se retourne vers le Christ et on regarde ce qu’Il fait, Lui.
On est tout au début de l’évangile de saint Marc, ça fait trois dimanches qu’on avance dans le premier chapitre…Jésus a prêché dans la synagogue de Capharnaüm, Il a libéré un possédé.
Et voilà qu’Il vient chez Simon et André, les deux frères. Et là, Il voit une femme malade. On lui montre cette femme malade : la belle-mère de Pierre. Et Jésus est touché et Il la guérit. Alors on pourrait se dire : “Seigneur, pourquoi est-ce que tu ne fais pas ça avec tout le monde ? Parce que dans notre monde il y a bien des gens et peut-être moi-même le premier, qui avons besoin d’être guéris, besoin de ne pas souffrir. Il y a tant de gens qui ne méritent pas leur sort, et qui souffrent”. Et Jésus, le lendemain, ou le soir même plutôt, la ville entière se presse à sa porte. Il guérit beaucoup de gens, toute sorte de maladies… Il expulse beaucoup de démons. “Alors Seigneur, pourquoi est-ce que Tu ne fais pas ça encore aujourd’hui ?”
De fait, face au mystère du mal et de la mort, nous restons un peu désemparés. Alors qu’est-ce que veut nous dire Jésus ? D’abord qu’Il a souci de nous. Nous voir souffrir, ce n’est pas sa joie. Ce n’est pas le projet de Dieu que la souffrance de l’homme. Ce n’est pas le projet de Dieu que la mort de l’homme.
Ce n’est pas le projet de Dieu que toutes ces guerres, toutes ces difficultés que nous traversons. Mais Dieu a choisi de nous sauver.
II – Dieu nous appelle à vivre
Mais Il ne cherche pas à nous sauver en nous empêchant de vivre ! Au contraire… Il veut nous donner l’occasion de vivre, mieux !
Alors du coup on va se poser la question : “mais qu’est-ce que c’est de vivre vraiment ?” Et en fait vivre, ce n’est pas d’abord une question de respirer, ou de manger, ou de grandir, ni même de se déplacer parce que sur la terre on trouve pleins de choses qui vivent mais qui n’ont pas tout ça. Et puis les anges, ils n’ont pas tellement besoin de respirer non plus, et pourtant ils sont vivants… Dieu aussi est vivant. Alors qu’est-ce qui est l’essence même de la vie ? C’est d’abord d’être en relation. Alors le microbe, il a une toute petite relation : il est capable d’envoyer un message et d’en recevoir. Et puis l’homme, il a une capacité de relation bien plus grande puisque c’est cette capacité de relation qui est celle même de Dieu. Donc une relation qu’on appelle l’Amour, celle du don total. Et finalement, le mal, qu’est-ce que c’est ? Eh bien, c’est ce qui s’oppose à la vie. C’est ce qui s’oppose à l’Amour. C’est ça le vrai mal, le mal le plus absolu. Mais de fait, dans nos souffrances, dans nos maladies, dans le mal qui est autour de nous, le mal physique, nous sommes invités à y mettre de la vie et c’est ce que fait Jésus. En aimant… Nous sommes invités à aimer ici et maintenant. Et c’est comme cela qu’on donne la vie, vraiment. Alors est-ce que c’est facile ? Non. Est-ce que ça nous garantit une vie confortable ? non plus ! Mais par contre, cela nous garantit que nous ferons ce pour quoi nous sommes faits. Nous sommes faits pour aimer puisque Dieu est Amour et que nous sommes à son image. Alors en faisant ce pour quoi nous sommes faits, nous y trouverons la vraie joie, le vrai bonheur. Nous y trouverons ce qui nous comble. Dieu sait bien que ce n’est pas facile pour nous ; Et c’est pour ça qu’Il est venu au milieu de nous, Jésus ! Et qu’Il nous a accompagnés sur ce chemin-là. La souffrance, la maladie et la mort, Il ne les a pas évités, au contraire : vous savez bien que dans une injustice absolue, Il a été condamné à mort et qu’Il est mort sur une croix. Mais Il a trouvé le moyen, dans cette souffrance, d’y mettre de l’Amour. Et Il nous donne sa vie pour que nous puissions faire de même.
C’était la prière d’ouverture de la messe qui disait : « Seigneur, regarde ta famille assemblée, et comble-la de Ta grâce ». Cette grâce, c’est la vie-même de Dieu. C’est l’Amour de Dieu tout entier. C’est l’Esprit saint. Voilà. Nous pouvons demander à Dieu de nous remplir de son Esprit saint, de son Amour, afin que dans notre monde, où nous voyons ce mal partout, nous puissions être des lumières, des lumières d’Amour… Nous puissions être…, – vous savez au jour de votre baptême, on a transmis cette flamme, cette flamme de l’Amour de Dieu à votre parrain pour que vous la portiez tout au long de votre vie -, eh bien c’est cela : soyons des lumières d’Amour. Et pour être lumière tout au long de notre vie, eh bien sans cesse, il nous faut nous accrocher au Seigneur et le recevoir dans nos vies.