Par l’abbé Gaël de Breuvand
Homélie du 2e dimanche du TO, Année B, 14 janvier
Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après retranscription.
I – Dieu écoute… écoute Dieu !
Samuel ! Sh’muel en hébreu. Ça veut dire Dieu entend. Dieu écoute. Je ne sais pas si vous vous rappelez de la manière dont il est né cet enfant. C’est un enfant du miracle. Sa mère était stérile alors que l’autre femme de son père avait déjà dix enfants. Et cette mère stérile va au temple de Silo, prie Dieu : « Seigneur, accorde-moi un enfant et cet enfant je te le consacrerai ». Et Dieu a entendu. Dieu a permis la naissance naturelle de Samuel. Dieu entend. Et Samuel, depuis qu’il a été sevré, qu’il est devenu un petit garçon, il a été confié au temple. Et il est en pension auprès du vieux prêtre Élie. Et il est là à dormir dans ce temple. Et il entend cette voix : « Samuel ! Samuel ! » Il est appelé. Vous savez ce que c’est que d’être appelé. Être appelé, c’est s’entendre nommer parce que quelqu’un nous interpelle, afin d’entrer dans un dialogue, dans une relation avec nous. Donc Samuel se sent appelé, s’entend appeler. Et donc il réagit. De suite, il se lève et il se précipite vers le seul qui peut l’appeler, là, maintenant : le vieux prêtre Éli. « Tu m’as appelé. – Non ce n’est pas moi ». Et puis une fois, et puis deux fois, et puis trois fois… Et le vieux prêtre Éli, il se dit : “mais si ce n’est pas moi qui l’appelle, quelqu’un d’autre appelle. Et ce quelqu’un, ce doit être Dieu”. Et donc il enseigne à Samuel comment répondre à Dieu. Du coup, si Dieu entend, Samuel devient capable d’entendre à son tour, d’entendre Dieu.
« Parle Seigneur, ton serviteur écoute ». Et de ce jour, la consécration de Samuel à Dieu, qui avait été faite par sa mère, devient la consécration de Samuel à Dieu par Samuel lui-même ! D’une certaine manière, c’est un peu sa profession de foi, quoi. Il fait son pas en avant, tout seul : « parle Seigneur, ton serviteur écoute ».
II – Dieu avec nous, nous avec Dieu
Dans l’évangile, nous avons un autre appel. Un appel… cette fois-ci, il n’y a pas de nomination, c’est un appel qui est au fond du cœur de ces deux disciples de Jean. Jean désigne Jésus d’un terme que nous connaissons bien parce qu’on l’a dit tout à l’heure dans le Gloire à Dieu, on le redira tout à l’heure juste avant la communion : “voici l’Agneau de Dieu. Voici celui qui va donner sa vie en sacrifice”. Et à ce moment-là, ces deux disciples, qui étaient des compagnons de Jean-Baptiste ! Bah quittent Jean-Baptiste et suivent Jésus. Pourquoi ? Peut-être qu’ils ne le savent même pas eux-mêmes. D’ailleurs, lorsque Jésus leur répond : « que cherchez-vous ? », “Maître, rabbi, ben on voudrait savoir où tu habites”. Ce n’est pas une très grande motivation quand même. Et pourtant c’est bien le bon premier pas. Effectivement, suivre Jésus pour demeurer, rester avec Lui, c’est une vraie réponse à cet appel que le Christ fait. Et comme on a pu le voir, Dieu appelle avec Samuel directement, même s’il faut que Éli explique. Et parfois Dieu passe par d’autres. Et là, Il passe par Jean : « voici l’Agneau de Dieu ». Ou un peu plus loin, Il passe par André. André très fier : “on a rencontré un type extraordinaire, on a passé une journée avec lui”. Il va voir son frère Simon. Simon dit : “on a rencontré LE Messie, celui qu’on attend ! Il faut que t’aille le voir !” Cet appel du Christ, il est déjà là dans la parole d’André. Et Simon y va.
On sait que dans la suite du texte, il y aura d’autres disciples qui vont être appelés et en particulier, il y en a un qui est Nathanaël, qu’on appelle aussi Barthélémy, c’est le même. Et Nathanaël, lui, lorsqu’on lui dit : “on a trouvé le Messie”, il demande : “mais c’est qui ? ”. On lui dit : “c’est Jésus de Nazareth”. “De Nazareth ? Peut-il sortir quelque chose de bon de Nazareth ? ” Il y aura plus de résistance chez lui.
Chez Simon, non. Il y va ; Et là, lorsqu’il se retrouve face à Jésus, Jésus le regarde et on sait combien dans les évangiles le regard est le signe de l’Amour de Dieu, de l’Amour du Christ posé sur chacun de nous, et Il lui dit : “Simon, tu t’appelleras Pierre”. Et voilà qu’il est nommé : “Simon”. Et dans ce nom même, il reçoit sa mission. “Simon, tu t’appelleras Kephas”. Ce n’est pas le petit caillou ou le gravier. Le ‘kephas’, c’est le gros rocher sur lequel on peut bâtir. Le roc sur lequel on peut bâtir, c’est d’abord Jésus. Et puis parce que le Christ lui en a donné la grâce, c’est aussi saint Pierre.
Et en fait, tous, tous nous sommes appelés à être qui des André, tantôt des André en fait… on est tous appelés à suivre toutes ces missions. Nous sommes tous des Samuel, nous sommes tous des André, nous sommes tous des Simon. Nous sommes peut-être tous des Jean ou des Éli. Nous sommes appelés à être des intermédiaires pour que d’autres rencontrent Dieu, parce que Dieu appelle. Il appelle chacun des hommes parce qu’Il veut la joie et le bonheur de chacun. Il veut que chacun de nous remplisse fasse ce pour quoi nous sommes faits.
III – Tout entier pour Dieu
Je vais conclure avec un dernier mot. En fait, hier soir, c’était la ‘messe des caté’, ce matin, il y avait la première communion à Chaponost et il y avait plein de scouts et louveteaux, louvettes ici et donc du coup, on n’a pas beaucoup prêché sur la deuxième lecture. « Frère, le corps n’est pas pour la débauche, il est pour le Seigneur ». Vous pourrez le relire tranquillement, mais en fait, c’est toujours la même question d’appel. Quand le Seigneur nous appelle, Il nous appelle tout entier. Nous ne sommes pas invités à nous partager en petits morceaux. “Seigneur, je te donne mon esprit, mais mon corps, j’en fais ce que je veux”. Ça, c’est une erreur qui date de longtemps : on l’appelle le dualisme ou le manichéisme. “de toute façon, ce que je fais avec mon corps, ça compte pas, parce que j’ai donné mon esprit”. Voilà… Dans mon expérience ancienne, je connaissais des militaires qui raisonnaient comme cela. C’était un peu bizarre quand même. Non, Dieu nous appelle et Il nous appelle tout entier. Notre intelligence, notre esprit, notre cœur et notre corps ! Et Il nous appelle tout entier dans l’espace, et Il nous appelle aussi tout entier dans le temps. Nous ne sommes pas destinés à être des chrétiens une heure par semaine de 18h30 à 19h30 le dimanche ou de 9 à 10… Non, on est bien invité à être chrétien à chaque heure, à chaque minute, sans cesse… C’était dimanche dernier où Il nous disait : « priez sans cesse » “et soyez en relation sans cesse”.
Ça doit éclairer toute notre semaine. Mettons-nous à l’école de Samuel, de Jean, d’André, de Pierre… Écoutons ! Écoutons la Parole de Dieu. Il nous appelle. Il nous invite. Et puis si on a l’impression de pas l’entendre, eh bien, on peut se faire aider. Et on peut se tourner vers un Éli, vers un André… On peut se faire aider.
Alors, si Dieu écoute, et ça, c’est vrai. Soyons des écouteurs de Dieu. Écoutons-le. Lui qui est notre Père. Lui qui nous donne son Fils. Lui qui nous sauve !