Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale, c’est pourquoi le style reste familier. Les titres sont ajoutés après retranscription.
I – la Loi
Un Pharisien s’approche de Jésus, un docteur de la Loi, quelqu’un qui connaît par cœur la Loi, et la première question que l’on peut se poser : ‘mais qu’est-ce que c’est que la Loi ? Qu’est-ce que c’est qu’un commandement ?’. D’autant plus que dans la prière d’ouverture, on a demandé à Dieu de nous donner la capacité « d’aimer ce qu’Il commande ».
Un commandement ! Est-ce que c’est quelque chose qui doit nous forcer à nous tenir le doigt sur la couture ? Et à dire : ‘oui, chef !’ ? Alors, on va reprendre un petit peu dans l’Ancien Testament… Qu’est-ce que c’est que la Loi ? Vous savez en hébreu, la Loi, ça se dit Torah. Et la Torah, ce sont les cinq premiers livres de la Bible : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres le Deutéronome… C’est tout ça la Loi. Et puis, il y a ce qu’on appelle les Dix commandements. Vous les connaissez ! Vous savez qu’ils existent. Vous savez… Tu adoreras Dieu seul et tu l’aimeras plus que tout ; tu respecteras le jour du Seigneur ; tu honoreras ton père et ta mère… Humm, qu’est-ce qu’il y a d’autres ?… Tu ne mentiras pas ; tu ne voleras pas ; tu ne convoiteras pas la femme de ton voisin… Ces dix commandements, en hébreu, le mot qui les désigne, c’est un mot qui a pleins de sens, mais qui veut d’abord dire ‘Parole’. Alors quand nous, on dit : ‘dix commandements’, – et ça on le dit parce que c’est issu du latin et issu du grec -, les Hébreux, eux, ils disent : ‘les dix paroles’.
Alors, dans l’Exode, on a ces dix paroles, qui nous sont présentées comme… quatre injonctions : ‘tu feras cela’ ; et il y a six interdits ‘tu ne feras pas ça’. Et ces dix paroles, elles nous renvoient à un autre passage, dans la Genèse. Vous savez ce texte qu’on entend à la Vigile pascale, et qu’on a eu la joie d’étudier avec les confirmands, lundi dernier. Dieu dit : ‘que la Lumière soit. Et la Lumière fut’. Dieu dit : ‘que la Vie soit, et la vie fut’. Et, c’est étonnant : mais des ‘Dieu dit’, des paroles de Dieu, il y en a… 10 ! Ces sont des paroles de vie. Ce sont des paroles qui créent. Et c’est des paroles, – vous savez comment ça se termine -, ça se termine par la création de l’homme : ‘et Dieu créa l’Homme à son image’. Paroles de vie, qui nous donnent la vie… Qui font de nous des êtres semblables à Dieu. Et puis on a les dix commandements, dix autres paroles qui sont aussi des paroles de vie. Elles ne sont pas là pour nous embêter. Elles sont là pour nous donner le chemin de la vraie joie et du vrai bonheur… de la VRAIE VIE.
Alors, un docteur de la Loi, qui connaît par cœur la Bible, il connaît par cœur la Loi. Il sait que dans la Bible, il y a 613 commandements. Il y en a à peu près 200 qui disent : ‘il faut faire cela’. Et il y en a à peu près 400 qui disent : ‘il ne faut pas faire ça’. Tous ces commandements, ils n’ont pas tous la même valeur. On le sait bien. Et donc le Pharisien s’approche et c’est une très bonne question, même s’il la pose avec une arrière-pensée qui n’est pas très bonne. ‘Quel est le plus GRAND des commandements ? Quelle est la plus GRANDE des paroles de vie ?’ Bonne question !
II – Apprendre une nouvelle langue
Alors après avoir réfléchi sur la loi, on passe à une autre idée : c’est le langage de Dieu. Si Dieu nous dit des paroles : quelle est sa langue ? Il nous parle en français ? Il nous parle en latin, en grec, en hébreu ? Oui ? Mais essentiellement, fondamentalement, quelle est sa langue ? Et puis, en parlant de langue, si moi j’ai une langue et que je veux en apprendre une autre, que dois-je faire ? Vous savez ? Si je me dis : ‘tiens, aujourd’hui je veux apprendre le chinois, ou l’anglais, ou l’italien, je ne sais… comment faire ?’ Il y a deux étapes ! il y a deux étapes pour apprendre une langue.
La première étape : c’est d’écouter. ‘Écoute !’. En immersion totale, c’est mieux ! Si je suis dans un milieu où tout le monde parle la langue, alors à ce moment, au bout d’un certain temps, je vais comprendre les mécanismes. Je vais comprendre comment ça marche : qui est le sujet ? qui est le verbe ? qui est le complément ? Et puis, une fois que j’ai acquis ces premiers niveaux, eh bien, je vais passer à la deuxième étape, et c’est…
la pratique. J’apprends à parler en parlant. Donc je commence par écouter, et puis, j’enchaîne, je continue en pratiquant. Et d’ailleurs, en pratiquant, ça ne m’empêche pas d’écouter.
Alors : j’ai écouté, j’ai parlé, j’ai pratiqué. Je peux faire des erreurs, d’ailleurs, mais ce n’est pas grave. Le tout, c’est que à chaque erreur finalement, je vais progresser un peu !
III – le langage de Dieu
Alors je reprends ma question : ‘quel est le langage de Dieu ? Quelle langue parle-t-il ?’.
Alors évidemment, Son langage, ce n’est pas un langage avec des mots. Son langage, on l’appelle… Amour. Dieu aime. C’est Sa manière de parler. C’est Sa manière de vivre, c’est Sa manière d’être. Et lorsque le Pharisien s’approche et lui demande : ‘quelle est la meilleure façon de vivre ? ‘ – ce qui pour Dieu revient à : ‘quelle est la meilleure manière de parler ? -, il demande à Jésus : ‘quelle est la langue de Dieu ? Comment apprendre la langue de Dieu ?’. Et Jésus lui répond. Et vous connaissez ses commandements : ce double commandement de l’Amour. ‘Tu aimeras le Seigneur Ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit’. Voilà le GRAND, le PREMIER commandement ! C’est d’ailleurs intéressant : Jésus nous dit, à la question : ‘quel est le grand commandement ?’, Jésus répond par : ‘voici le premier’. Ce qui va impliquer qu’il y ait un deuxième. Mais il y en a un qui est quand même premier. Nous sommes invités à nous tourner vers Dieu et à l’aimer Lui. À entrer en dialogue, en communication, à Lui parler dans sa langue. Je veux parler à Dieu. Il m’aime. Je suis invité à l’aimer. Et pour l’aimer, nous savons bien que ça se traduit par des actes, par du temps donné, par une vie donnée. ‘De tout cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit’… Nous n’avons rien à retenir. Rien à retenir. Alors, vous me direz : ‘c’est un petit peu difficile’. Et vous avez raison. C’est difficile d’aimer. C’est difficile de donner tout ça : tout mon cœur, toute mon âme, tout mon esprit ! Que RIEN ne soit gardé juste pour moi.
Premier commandement.
Et le second, qui lui est semblable. Il vient en second. S’il n’y avait pas de premier, le second n’existerait pas. ‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même’. Et nous savons quel est ce prochain. C’est celui qui est là, près de moi et qui a besoin de moi. Avec qui il faut que j’entre dans une relation. Une relation qui est à la hauteur de ce que nous sommes, c’est-à-dire une relation d’Amour.
IV – la tentation du choix
Alors on a tous une petite tentation : on a beaucoup de mal à tenir deux choses à la fois. Et de fait, certains d’entre nous vont avoir la tentation de dire : ‘moi, j’aime Dieu. Et ça suffit’. Et puis d’autres vont dire : ‘moi, j’aime les autres et ça suffit’. Alors, il y en a une qui est un petit peu plus honteuse que l’autre, c’est-à-dire que l’on entendra rarement quelqu’un nous dire : ‘moi je m’occupe des affaires du bon Dieu. Les autres, ils n’ont pas besoin de moi. Je ne m’en occupe pas’. Même si concrètement, ça peut arriver. Par contre, on a tous déjà entendu : ‘moi, j’aime mes frères, alors le bon Dieu, y’en a pas besoin’. En fait, l’erreur, dans les deux cas, est la même. Choisir entre deux choses qui sont absolument nécessaires. Choisir entre deux choses qui sont nécessaires à notre joie et à notre bonheur, qui sont nécessaires au projet de Dieu. Alors peut-être, nous pouvons déjà, premièrement, demander cette grâce de ne pas choisir, mais d’être donné tout entier, avec tout notre cœur, toute notre âme et tout notre esprit.
V – Apprendre le langage de Dieu, c’est entrer dans la vie
Et lorsqu’on relit les autres textes de ce dimanche… On voit l’Exode qui nous appelle à aimer notre prochain comme nous-mêmes. Aimer : c’est-à-dire Lui donner la Vie. Lui donner de nous. Notre temps. Notre énergie. Notre bien. Pour Sa joie et pour Son bonheur. Et puis, il y a cette lettre aux Thessaloniciens. On en a lu les cinq premiers versets la semaine dernière, et là, on poursuit. Et vous savez, ces Thessaloniciens, ils ont été évangélisés par saint Paul, mais qui a dû partir vite. Donc saint Paul était un peu inquiet : ‘est-ce que ce que je leur ai transmis a porté du fruit’. Et puis Silas et Timothée sont arrivés auprès de Paul – ils étaient restés en arrière -, et ont donné de bonnes nouvelles. Donc saint Paul leur écrit et leur dit : ‘je me réjouis parce que ce que je vous ai donné, vous l’avez fait grandir, au point que vous vous êtes tout entier donnés à Dieu. Vous nous avez imités en accueillant la Parole au milieu de bien des épreuves, avec la joie de l’Esprit saint. Vous vous êtes mis à l’écoute. Vous avez voulu apprendre cette langue nouvelle qui est la langue de Dieu. Et non seulement vous avez écouté, mais vous avez agi, vous avez pratiqué cet Amour. Vous êtes devenu un modèle, des témoins pour tous les croyants’.
Alors, oui, apprendre le langage de Dieu, aimer, c’est bien porteur de vie, et c’est ce à quoi nous sommes invités, aujourd’hui encore.
Et pour conclure : oui, c’est difficile. Oui, c’est trop dur pour nous, c’est trop grand pour nous. C’est bien pour cela que le Christ vient au milieu de nous, qu’Il se donne à nous… qu’Il se donne à nous sans rien retenir. Il nous donne tout son cœur, toute son âme, tout son esprit. Il nous aime à la folie et nous allons Le recevoir Lui dans l’Eucharistie. Tout à l’heure, quand nous aurons communié, Il sera là, en nous. Et si nous sommes incapables de nous tourner vers Dieu pour tout Lui donner, nous pouvons demander à Jésus, en nous, d’aimer le Père. Il le fait de toute façon, mais de nous entraîner avec Lui dans cet Amour. Nous pouvons demander à Jésus d’aimer nos frères et de nous entraîner avec Lui dans cet Amour. Accueillons, accueillons ce grand cadeau de Dieu, ce grand commandement, cette parole de Vie.