Par l’abbé Gaël de Breuvand
(Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale, c’est pourquoi le style reste familier).
Cela s’appelle tomber, choir de la roche tarpéienne, à Rome ! Pierre, la semaine dernière… On a entendu ce passage, lorsque Jésus demande à ses disciples : ‘et pour vous, qui suis-je ?’. Pierre prend la parole : ‘Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant !’. Et c’est une bonne réponse ! Tellement bonne que Jésus, plein de joie, lui dit : ‘Pierre, tu es pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église. Par toi, la miséricorde de Dieu va descendre sur le monde. Et ce n’est pas de toi que cette réponse vient, c’est le Père, le Père qui a posé cette réponse dans ton cœur et elle est sortie de toi’. Et donc, d’une certaine manière, Pierre est monté au pinacle, il était à cet instant le prophète par excellence. Il annonçait le prophète Jésus sauveur.
être disciple, c’est ouvrir son cœur
Et là, quelques instants plus tard, Jésus enchaîne en disant : ‘voilà ! Voilà ce qui va arriver. Voilà ce qui va m’arriver, parce que l’on n’aime pas l’Amour, parce que les grands prêtres, les scribes, les pharisiens sont comme aveuglés et refusent le salut que je veux leur apporter’. Et là, Pierre, Pierre est scandalisé. Et il s’exclame : ‘Dieu t’en garde, Seigneur, cela ne t’arrivera pas !’ Il lui faut protéger son maître. Il sait d’ailleurs mieux que Jésus ce qu’il faut faire. Alors que juste avant, il avait ce cœur humble, prêt à écouter la parole de Dieu. Voilà que là, il décide pour Jésus ce qu’il faut faire. Et c’est bien cela que Jésus lui dit : ‘passe derrière-moi’. Passe derrière-moi, c’est d’abord : ‘prends la place du disciple. Ne te prends pas pour Dieu’. C’est cela que Jésus dit à Pierre. Satan. Satan, autrement dit avocaillon, diviseur ! ‘Tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes’. Oui, évidemment, nous on préfère toujours les supermans plutôt qu’un véritable sauveur qui vient dans son humilité, dans cette petitesse.
Ça peut peut-être nous faire réfléchir à notre propre position, à ce que nous avons à être dans notre relation à Dieu. Cœur ouvert, attentif au message que Dieu nous donne, attentif à la place qu’Il veut que nous tenions. Ou bien est-ce que je prends ma place moi-même, et voilà… est-ce que je commande à Dieu ce qu’il faut faire ? C’est peut-être cela le cœur de la prière, tout simplement… de se tourner vers Dieu en Lui disant : ‘je sais bien ce qui serait bon… aide-moi à ouvrir mon cœur ! Aide-moi à ouvrir mon cœur…
Être disciple, c’est prendre sa croix
Et après, ayant dit à Pierre : ‘sois mon disciple !’, il va développer. Il développe : ‘si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive’. Ça fait partie des passages d’évangile où généralement, on passe vite quand même… Quand on lit l’évangile, il y a des passages… on y reste : ‘heureux les cœurs purs… heureux es-tu, Simon, fils de Jonas…’. Et là, c’est un petit peu plus compliqué, on n’a pas bien envie d’y rester… et puis… peut-être que ça ne nous concerne pas tout-à-fait. Peut-être que… par pour nous la croix ! Hein ? Nous, on préfère qu’on nous parle d’un Dieu gentil. Or Dieu n’est pas gentil, il est beaucoup plus que cela. Dieu nous aime, Il veut notre vraie joie et notre vrai bonheur. Et c’est Lui qui a les bonnes réponses, les bonnes méthodes pour cela. Si je cherche la joie et le bonheur à la manière humaine, bah d’abord, ce sera des petites joies et des petits bonheurs, qui ne durent pas longtemps. Et puis même, quel avantage un homme aura-t-il à gagner le monde entier, – cela nous paraît être un grand bonheur ! -, et pourtant, c’est tout petit à côté de Dieu.
Parce que nous sommes invités à gagner le ciel, à gagner Dieu tout entier. À devenir comme Lui. Comme Lui ! Alors oui, marcher à la suite de Jésus, renoncer à soi-même, prendre sa croix et suivre Jésus… Saint Paul le dit exactement aussi : c’est cela même : ‘Présentons notre corps, notre personne tout entière en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu’. Sacrifice, ça veut dire offrande. Et sacrifice, cela implique aussi que ce n’est pas confortable. Jésus le fait pour nous, pour la gloire de Dieu, pour notre Salut. Nous sommes invités à le vivre, à le faire chaque jour. Chaque instant. Et comme on n’y arrive pas par nous-mêmes, eh bien Dieu se donne à nous pour que nous puissions le faire avec Lui.
On va le réentendre. C’est ça qui est rendu présent sur cet autel. ‘Ceci est mon corps, donné pour vous. Ceci est mon sang, versé pour vous’. Il se donne à nous. Et peu après, ‘par Lui, par ce Jésus qui se donne, avec Lui, en Lui, tout honneur et toute gloire’. Ce tout honneur et toute gloire, c’est bien nous qui sommes offerts au Père.
Alors non, il ne faut pas prendre comme modèle le monde présent. Le monde présent, il préfère beaucoup le confort. Il préfère beaucoup, oui… de soigner le Moi. Il va nous falloir apprendre, – ça ne se fait pas en un jour, c’est le travail de toute une vie -, il va nous falloir apprendre à se débarrasser de ce moi très encombrant et qui nous empêche de décoller. Mais nous sommes pleins d’espérance, pleins de confiance. Le Seigneur ne nous abandonne pas. Il est là, à chaque instant. Et c’est Lui qui nous appelle. Et la Parole de Dieu est sûre, elle est fidèle. Elle est fiable, elle est vraie. Et s’Il nous appelle, sans aucun doute, Il nous donne tous les moyens pour pouvoir répondre à cet appel.