Par l’abbé Gaël de Breuvand
En présence de 6 premiers communiants.
Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale, c’est pourquoi le style reste familier.
Cette fête de Pentecôte, elle est comme le point d’orgue de notre année liturgique : Il y a le sommet, – à Pâques, le Christ est ressuscité ! -, et puis il y a ce jour de Pentecôte qui vient mettre un terme, d’une certaine manière, à cette étape du Christ présent au milieu de nous. D’ailleurs, demain, ce cierge ne sera plus allumé. Demain, il faudra nous satisfaire de ne plus voir Jésus. Mais Il nous fait un cadeau avant de partir : Il nous fait un cadeau et c’est son Esprit. Autrement dit, Dieu tout entier qui vient dans nos cœurs, qui vient dans nos corps, qui vient nous habiter, et qui fait que chacun de nous devient Christ pour le monde. Donc on a plus besoin de voir le Christ lui-même avec son corps à Lui, puisqu’on se voit les uns les autres et que nous sommes chacun envoyés pour le service, et la joie et le bonheur des uns des autres. ‘Comme j’ai été envoyé, Moi aussi Je vous envoie’. C’est bien ce que nous dit Jésus.
I – mondialisation, Babel et Pentecôte
Alors je voudrais revenir sur cette première lecture. 50 jours après Pâques… 50 jours après Pâques, c’est le moment où nous fêtons, dans la tradition juive, le don de la Loi. Donc c’est une grande fête. Tout le monde est là. Tout le monde est à Jérusalem pour fêter ce cadeau que Dieu a fait : la Loi, ce sont les paroles de Dieu qui préservent et qui donnent la vie. ‘Tu adoreras Dieu seul, tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne mentiras pas’… Tout ça. Pentecôte, c’est ce jour où Dieu fait ce cadeau qu’est l’Esprit, qui vient dépasser la première Loi. Parce que non seulement le Seigneur nous donne les limites à pas franchir si on veut être vraiment heureux, mais en plus, Il nous fait entrer dans la famille. Nous devenons comme fils et filles de Dieu. Et du coup, nous devenons partie prenante du projet de Dieu.
Pentecôte, les Pères de l’Église, ont toujours vu cela comme une réponse à la tour de Babel. Je ne sais pas si vous vous rappelez de ce passage… (Aux enfants) Vous vous en rappelez de la tour de Babel ? Ça ne vous dit pas grand-chose ? Non… La tour de Babel, c’est un moment, au tout début de la Bible, dans la Genèse, où les hommes ont décidé de faire une grande tour. Une très grande tour qui pourrait atteindre Dieu. Ça dépasserait le ciel, et ce serait plus puissant que Dieu. – Les Hommes ont toujours parfois des projets un peu… un peu grandiloquents quoi -. Et ils ont cru qu’ils pouvaient se passer de Dieu, ils ont cru qu’ils pouvaient être plus grands que Dieu ; Et la conséquence, c’est que Dieu, pour nous sauver de nous-mêmes, a mélangé les langages. Les Hommes ne pouvaient plus se comprendre, ils ne parlaient plus la même langue.
En fait, quand l’Humanité veut monter au ciel par ses propres moyens, ça devient totalitaire. Ça devient une réduction au tout économique, où tout est jaugé par rapport à ce qu’il vaut. Et où l’on exclut ce qui ne rentre pas dans le moule : Un enfant handicapé, ça risque de coûter cher ; il vaut mieux qu’il ne soit pas là ! Une personne âgée, qui n’est plus trop consciente ; elle coûte cher, donc il veut mieux qu’elle soit pas là ! – Vous voyez de quoi je parle, hein… Dans mon jeune temps… J’ai passé un an aux Émirats Arabes Unis. Et là-bas, ils construisent beaucoup de gratte-ciels, – vous savez -, avec beaucoup beaucoup d’étages… ça va à 1 000 m ! C’est un truc de dingue… Ce qu’on ne sait pas, – parce que de loin on le regarde, on fait waouh ! -, ce qu’on ne sait pas c’est que pour construire ces immeubles, ils font appel à une population immigrée, qui vient d’Inde, du Pakistan, des Philippines, d’un peu partout. Et en fait, le respect de ces personnes n’est pas tellement fort quoi. Mais on pourrait se dire : ‘ouais… mais bon : c’est aux Émirats arabes unis, chez nous, ça n’arrive pas’ ! Bah peut-être que si, en fait, quand même. Peut-être que nous aussi, quand on a un projet humain que l’on veut atteindre à tout prix, eh bien on va se passer de l’attention aux personnes. On va les faire rentrer dans un moule.
II – membre du corps du Christ
Et la Pentecôte, c’est une réponse. Une réponse à cette ‘babélisation’ de notre monde. Là, l’Esprit Saint vient, chacun le reçoit, – les apôtres, les disciples -, chacun le reçoit et va être capable d’accomplir quelque chose que lui seul peut accomplir. Ce que fait saint Pierre, ce n’est pas ce que fait saint Jean. Ce que fait saint Jean, ce n’est pas ce que fait saint Paul. Ce que je fais, ce n’est pas ce que vous faîtes. Chacun de nous a sa mission propre. Et chacun de nous est appelé à servir les autres, servir les autres, pour ce qu’ils sont : Un trésor unique aux yeux de Dieu.
Vous savez saint Paul, – vous avez entendu la deuxième lecture ? Je m’adresse aux communiants parfois, parce qu’ils décrochent parfois alors du coup… -, saint Paul dans la deuxième lecture, il a dit qu’on était comme un corps. Et en fait, si on va pousser la comparaison un petit peu plus loin, on sait que dans un corps, il y a un pied. Puis, il y a une main. Puis il y a un nez. Puis il y a une oreille. Je pense que si je vous mets le pied à la place d’une oreille ça ne va pas marcher, hein ? (aux enfants) Vous êtes d’accord ? Et si je vous mets le nez à la place de la main, ça ne marche pas non plus. Ben, cette image du corps, elle est très vraie. Pour nous aussi ! Chacun de nous a sa place, précieuse, unique, et si nous n’occupons pas notre place, eh bien nous manquons au corps entier. Ça vaut le coup ! ça vaut le coup de s’engager. De dire oui, je veux tenir ma place. Parce que c’est à cet endroit-là que Dieu a son projet d’Amour pour moi et pour ceux qui sont autour de moi.
Dans quelques instants, 6 d’entre nous vont recevoir l’Eucharistie pour la première fois. C’est Jésus, qui se donne Lui-même… Par la force de son Esprit ! Juste avant la consécration, -c’est le moment le plus important de la messe, vous le savez… -, c’est le moment où j’étends les mains sur les offrandes et je demande à Dieu d’envoyer son Esprit pour transformer ce petit morceau de pain… en Corps du Christ. Et quelques instants plus tard, je prête ma voix au Christ. Et je dis : ‘ceci est mon corps’. Et cela arrive, parce que la Parole de Dieu est efficace. « Ceci est mon Corps, donné pour vous’». Chacun de vous, vous allez recevoir le Corps du Christ, non pas pour que vous digériez le Corps du Christ, non pas pour que le Corps du Christ se transforme en vous, mais pour que vous, vous deveniez pleinement membre du corps du Christ. En fait, que vous puissiez accomplir votre mission : ‘toi tu seras l’oreille. Toi tu seras le cœur. Toi tu seras la main !’ C’est pas mal… Alors chaque fois que l’on communie, on peut se reposer la question : ‘quelle est ma mission aujourd’hui, cette semaine ?’ Et comme on a un petit peu tendance à oublier, il faut revenir toutes les semaines pour se reposer la question. C’est pour ça que l’Église nous demande de venir à la messe tous les dimanches. C’est parce qu’on est un peu nul ! Et qu’on a besoin de beaucoup d’aide… De l’aide de Dieu.
III – Aimer, c’est se donner
Chaque fois que l’on communie, l’Amour, – parce que c’est Dieu Lui-même qui vient ! -, l’Amour qui est en nous grandit. Mais vous allez me dire : ‘ouais mais je le sens pas toujours’. C’est vrai. Parce que aimer, c’est pas toujours se sentir amoureux. Aimer, c’est pas forcément se sentir bien. Aimer c’est lorsque je me mets au service de la joie des autres. Et ce n’est pas toujours facile… Parfois c’est un combat ! Vous le savez bien, hein ! Vous le savez bien… il y a des moments où on n’a pas tellement envie d’aimer celui qui est juste à côté de moi. Que ce soit ma sœur, mon frère, mon voisin, mes parents, mes enfants. Un enfant de trois mois qui pleure 7 fois dans la nuit… C’estdur, même quand on aime beaucoup son enfant, on se sent pas forcément très bien. Vous le savez ?
IV – Une connexion 7G
Et puis pour conclure, aujourd’hui, c’est la Pentecôte. Aujourd’hui, à la cathédrale, à Lyon, et puis hier aussi, il y a 293 adultes qui reçoivent la confirmation. 293 ! Et il n’y en a pas de notre paroisse. Bon, il y en avait l’an dernier. Et là, je m’inspire de l’un d’entre eux qui disait qu’il y a un an, il a reçu les 7G. La connexion 7G. C’est une connexion bien efficace. Vous savez, ces sept dons de l’Esprit Saint. En fait, au baptême, on est connecté au Christ. Avec la Confirmation, on est connecté au Christ encore mieux ! ça passe beaucoup mieux. Et les 7 G, ce sont les 7 dons de l’Esprit Saint dont parlait saint Paul. Sept dons. En fait je vais vous les citer… si vous voulez, vous pourrez reprendre l’homélie ; en principe, elle est enregistrée, elle est tapée, elle est ensuite sur le site de la paroisse. Donc si vous êtes perdus, vous pouvez toujours revenir demain… après-demain pour la relire…
Les 7G. Il y a le don de sagesse ! C’est ce don qui nous permet de contempler Dieu dans ses merveilles. Il y a le don d’intelligence, qui nous permet de mettre en lien ce que nous entendons de la Parole de Dieu, ce que nous éprouvons de sa tendresse et de sa présence. Le don de science, qui nous permet de reconnaître, dans nos vie, l’action de Dieu. Le don de force, qui nous permet de passer à travers les épreuves, à l’image du Christ, en aimant. Le don de conseil, qui nous permet d’évaluer, de discerner ce qui est bon, ce qui est profitable, et ce qui ne l’est pas. Le don de piété, qui nous permet d’être plein de confiance dans la tendresse de Dieu, qui est un Père, qui est notre Père. Et enfin le don de crainte. Alors celui-là, c’est celui sur lequel on se trompe souvent. Faut pas avoir peur de Dieu ! Le don de crainte, c’est celui qui nous permet de réaliser que nous sommes tout petit, petit, petit, petit, petit… et que Dieu, Lui, Il est grand ! Et que Dieu prend soin de nous. Donc c’est une bonne nouvelle.
Alors dans quelques instants, vous allez communier. Vous allez recevoir le Corps du Christ. Vous allez devenir le Corps du Christ. Vous allez être rempli de son Amour. Et ce que je vous souhaite, comme ce que je nous souhaite à tous, c’est que nous débordions de cet Amour pour donner à tous, la joie et le bonheur dont le monde a besoin. Que nous soyons, non pas des participants à la construction de la tour de Babel, mais bien des membres du Corps du Christ, qui cherchent à répandre l’Esprit de Pentecôte, cet Esprit d’unité, cet Esprit d’Amour.
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