Par l’abbé Gaël de Breuvand

Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale, le style reste donc familier.  

Dans les temps très anciens, le pape Grégoire le Grand, en 600, dit que ‘dans les temps très anciens, – donc pour lui anciens -, on avait l’habitude d’allumer le feu pascal à l’extérieur, directement à partir de la lumière du soleil’. On utilisait un cristal et puis on faisait passer cette lumière du soleil dans le cristal qui faisait converger la lumière et allumait le feu. Et saint Grégoire le Grand dit qu’à son époque, on continuait encore à le faire en certains lieux.

• Le signe de la Lumière

Cela signifie peut-être quelque chose pour nous. En tout cas, cela signifie la place de chaque chose dans l’ordre. Dans l’ordre du monde tel que Dieu l’a voulu, Dieu éclaire et réchauffe. Nous, nous sommes invités à être cristal, qui reçoit cette lumière et la transmet, et le monde, est ce qui est appelé à brûler. Jésus nous l’avais dit : ‘je suis venu jeter un feu sur la terre et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé’.

Et c’est bien ce que nous avons nous-mêmes signifié, en recevant nous-mêmes la lumière à partir du cierge pascal. C’est bien ce que nous avons voulu signifier, en illuminant cette église des mille feux des mille cierges allumés. C’est bien ce que nous voulons être, nous, pour le monde : flammes ! Flamme de l’Amour du Christ dans ce monde.

Alors, lorsque nous accueillons le feu du Christ dans nos vies, nous devenons nous-mêmes des sources d’Amour, comme nos petits cierges ont accueilli la flamme du cierge pascal et sont devenus foyers de lumière. Au baptême, vous le savez, nous avons reçu l’Amour qui nous a été donné comme un cadeau. Et nous sommes du coup, foyers, témoins… ; Et là, tout à l’heure, nous allons renouveler nos promesses baptismales, nous allons répéter notre profession de foi et nous renouvellerons, d’une certaine manière, nous renouvellerons notre capacité à rayonner la lumière du Christ.

Alors oui, nous voulons le crier, et c’est peut-être une chose importante… Nous voulons crier notre foi, parce que c’est elle qui nous donne le vrai bonheur et la vraie joie :

Alors oui, nous croyons que, – je crois -, chacun de nous pourrait le dire, que le monde et que ma vie ne viennent pas du hasard. Mais qu’ils ont été créés dans un projet d’Amour, par un Dieu qui est raison, qui est Amour et qui est tout-puissant. ‘Je crois en Dieu, père tout-puissant’.

Oui, je crois qu’en Jésus-Christ, par son incarnation, par sa croix, par sa résurrection, c’est le visage de Dieu lui-même qui nous est manifesté, qui nous est montré. Visage de Dieu, miséricorde, Amour. En Jésus, Dieu est présent. Et Il est présent au milieu de nous chaque jour. C’est lui Jésus, qui nous unit à Lui pour nous présenter au Père et faire de nous des réceptacles de l’Amour de Dieu.

Je crois en l’Esprit Saint. Esprit qui nous donne la Parole, qui nous la fait la recevoir, qui illumine nos vies et nos cœurs ; Je crois que cet Esprit Saint donne naissance à l’Eglise et que la communion d’Amour qui nous unit fait de nous un seul corps avec le Christ qui est notre tête. Et nous pouvons aller joyeusement, sereinement, à la rencontre de la résurrection et de la vie éternelle.

Cette résurrection que le Christ vit aujourd’hui, nous la célébrons… Cette résurrection que nous sommes appelés à vivre nous-mêmes. Dès aujourd’hui, et plus tard définitivement.

2. Tournons-nous vers le Seigneur

Dans l’Eglise très ancienne, à peu près à la même période que l’histoire du feu qui s’allume avec un cristal, la Vigile commençait, comme aujourd’hui, quand la nuit était tombée. Mais à la différence de nous, (ou peut-être pas), la Vigile ne se terminait que quand l’aube pointait, quand l’aurore commençait à éclaircir le ciel. Finalement, pour pouvoir chanter le Gloria, on attendait que le soleil se lève. Alors nous on anticipe un peu, mais on a l’électricité qui remplace. Alors à l’apparition du soleil qui se lève à l’Est comme vous le savez, on entendait une exhortation : ‘tournez-vous vers le Seigneur’. Alors cela avait un aspect pratique. C’était pour dire à tous : ‘tournez-vous vers l’Est’. Le soleil levant, qui représente le Christ ressuscité, qui représente le Christ ressuscité il y a 2000 ans et qui vient… ‘Nous croyons qu’Il reviendra dans la gloire’. Tournons-nous vers ce soleil. Alors évidemment, on n’est pas absolument limité par le principe de se tourner vers l’Est. On se tournait aussi vers des images, vers le Christ, la croix, l’autel. Mais l’important, le plus important, ce n’est pas évidemment de faire un geste physique, c’est surtout que ce geste physique soit ce qui se passe dans nos cœurs. Il s’agit de tourner notre âme vers Jésus-Christ. Et ainsi vers Dieu, vers Dieu lui-même, qui est la vraie Lumière. Et dont le soleil, nous l’avons entendu dans le récit de la création, le soleil n’est qu’un luminaire, donc un pâle reflet.

‘Élevons notre cœur’… (Le prêtre chante). Hors de tous les enchevêtrements, de nos préoccupations, de nos désirs, de nos angoisses, de nos peurs, de notre travail, de notre fatigue. Notre distraction aussi. Tout cela, nous sommes appelés à sortir nos cœurs de toute cette fange qui nous retient pour nous laisser attirer par Dieu. Et nous, chacun de nous du plus profond de nous-mêmes, nous pouvons répondre et nous répondrons tout à l’heure avec force : ‘nous le tournons vers le Seigneur’ (- Je vais pas arriver à chanter, alors je ne le chanterai pas ! -). ‘Élevons notre cœur, nous le tournons vers le Seigneur’. C’est le cœur de notre foi en fait. Dieu vient à nous ; tournons-nous vers Lui. Dieu veut nous combler de sa joie ? Accueillons sa joie.

Alors je vais conclure. Nous allons dans quelques instants renouveler nos promesses baptismales. Face au mal qui nous entoure, nous allons crier : ‘je le rejette’. Nous avons à échapper à une force de gravité qui nous attire vers le bas. Et en revanche, nous avons à nous laisser attirer par cette force qui nous élève, qui nous sort du quotidien, qui nous fait aimer mieux, plus, en Vérité…, et en Esprit. Alors en cette heure, en cette heure tardive, nous faisons Eucharistie, nous faisons action de grâce. Nous remercions le Seigneur parce que par sa Parole et par ses sacrements, c’est Lui qui nous oriente dans la bonne direction. Et Il attire notre cœur vers le haut. Accueillons le Seigneur dans nos vies. Il se donne encore aujourd’hui. Il se donne à nous, tout petit, sous cette apparence du pain et du vin. Et avec cela, Il veut faire de nous les témoins de son Amour, les membres vivants de son corps. Il veut faire de nous les flammes qui vont illuminer le monde et qui vont annoncer à ce monde en désespoir que le Christ est vivant, qu’Il est ressuscité, et que… ça vaut le coup d’y croire.