Homélie du Vendredi Saint, Année A, Vendredi 14 avril 2017
Par le père Bertrand Badji.
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jean 14, 13). Ce récit de la Passion du Christ nous le connaissons bien parce que nous l’avons entendu et médité nombre de fois. Et pourtant, il ne peut jamais nous laisser indifférent. C’est la Passion d’un homme innocent, abandonné, trahi et bafoué. Elle nous montre un chemin déroutant, révoltant où apparemment Dieu se tait.
Mais si nous nous réunissons à l’église le Vendredi Saint, ce n’est pas seulement pour commémorer l’anniversaire d’un événement vieux de plus de 2000 ans ; c’est d’abord pour communier au sacrifice volontaire de Jésus qui donne sa vie pour sauver tous les hommes.
La croix est la victoire de l’amour. Voilà une affirmation absolument capitale qui résume bien le message de ce Vendredi Saint. A nous de nous demander si nous sommes capables de l’accueillir en vérité. Sommes-nous remplis de l’Esprit Saint pour en témoigner aujourd’hui dans le quotidien de nos vies ? Comment vivons-nous cet amour dans notre vie quotidienne.
En ce Vendredi Saint, notre regard se porte aussi vers la Croix du Christ. Cette croix symbolise la souffrance de l’homme, notre souffrance. Pour beaucoup, elle s’appelle longue maladie, souffrance, échec, violence, le deuil. Nous n’oublions pas les victimes de la haine et de la violence des hommes, en particulier les chrétiens persécutés, bien plus nombreux qu’aux premiers siècles de l’Eglise. Cette croix du Christ n’est pas une croix comme les autres. Elle est pour tous les hommes et pour chacun absolument UNIQUE. Elle est notre unique espérance parce qu’elle est la victoire de l’amour.
La croix du Christ, signe d’amour et signe de notre salut, reste pour chacun de nous un mystère. Il n’est pas facile de l’accueillir en vérité surtout si nous connaissons la morsure de la souffrance. Quand tout va bien, quand la réussite, le succès et la santé sont au rendez-vous, il est assez facile de chanter la croix victoire de l’amour. Mais quand le Seigneur nous invite à Gethsémani, nous reconnaissons bien vite nos limites. Alors que faire en ce Vendredi Saint ?
Pour progresser dans l’intelligence du mystère de la croix, il ne suffit pas d’acclamer la croix ou de la vénérer. Ce n’est pas non plus de discuter à perte de vue sur ce mystère. Le plus important c’est de prendre modèle sur le Christ : Il n’a pas attendu le Calvaire pour donner sa vie. Il l’a fait jour après jour au hasard des rencontres, chaque fois qu’il s’est mis au service des petits, des malades et des pauvres.
Alors ouvrons à Jésus notre cœur et déposons au pied de la Croix ce qui nous empêche d’accueillir son amour. Approchons-nous de Jésus avec foi
Et n’oublions pas que la Croix est la source de la vie.