Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale, le style reste donc familier.
Pendant l’année A, – parce que les évangiles sont sur un cycle de trois ans -, et donc pendant l’année A, les 3e, 4e et 5e dimanches de carême, on a des évangiles qui sont « nourrissants ». De longs passages, qui nous rapportent tous, – on va dire…-, une idée essentielle, c’est que le Christ est vainqueur de la mort et maître de la vie.
I – Le projet de Dieu, c’est que nous vivions
Aujourd’hui, nous l’avons bien entendu, c’est une histoire de mort. Et Jésus, face à la mort, pleure. Jésus est homme, comme nous. Et comme nous, pour Lui, la mort est quelque chose d’insupportable. Et cela nous révèle que la mort n’est pas dans le projet de Dieu. Nous ne sommes pas faits pour mourir. Parce que mourir, c’est d’abord la rupture des relations, c’est la rupture de notre capacité à aimer. Et cela nous coupe des autres, de ceux qu’on aime, et peut-être même de Dieu même. En tous cas, c’est ce que l’on croyait… ce que l’on croyait au moment où Ézéchiel, dans la première lecture, parle. Ézéchiel, six siècles avant Jésus-Christ, révèle que Dieu ne se satisfait pas de la mort. Et qu’Il ne veut pas nous laisser dans la mort. « Je vais ouvrir vos tombeaux ». Dieu, son projet, c’est que nous soyons à son image, Amour, donc en relation les uns les autres et avec Lui.
Et donc Dieu ne se satisfait pas de la mort. Et pour manifester cela, Jésus va relever Lazare. Imaginez-vous ! Un mort depuis quatre jours, ‘qui sent déjà’, précise Marthe. ‘Relever d’entre les morts’… on peut penser que toute la foule, autour, en est tombée assise par terre, effarée. Il est le maître… Il est vainqueur de la mort, et c’est la vie qui gagne. Et voilà que, à nouveau, Lazare va pouvoir tisser des relations avec ses sœurs, avec ses amis, avec le Seigneur. Mais la résurrection de Lazare, – qui n’est pas tout à fait la Résurrection… Il manque encore quelque chose –, parce que Lazare, dans son histoire, il va re-mourir. Il va vivre un peu plus sur la terre mais à nouveau, il lui faudra vivre ce passage et cette fois-ci, ce sera la bonne. Personne ne le relèvera. Personne ne le réanimera. Et pourtant ! Ce que dit Marthe : « je sais qu’il ressuscitera au dernier jour, lors de la résurrection ».
Nous, chrétiens, croyons à la résurrection des morts. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que le projet de Dieu, – que nous soyons unis, en relation les uns avec les autres, dans cette relation parfaite qu’on appelle l’Amour –, ce projet de Dieu s’accomplit pleinement et ne se voit pas battre en brèche par une mort physique. Une mort physique, c’est la fin de la respiration, c’est la fin de la croissance, c’est la fin de la nourriture, mais en Dieu, ce n’est pas la fin des relations. En fait, l’apparence est trompeuse. Dieu nous veut vivant, et même lorsque l’on est mort, la vie continue… D’une manière très différente, mais elle continue. Et cette vie, nous sommes des êtres humains, nous sommes âme et corps, nous la retrouverons en plénitude. Nous serons à nouveau corps et âme, et nous pourrons à nouveau entrer en relation les uns avec les autres avec nos corps. Je ne maîtrise pas les aspects biologiques de la situation. Le bon Dieu les connaît… Mais c’est notre foi. C’est ce que nous disons à la fin du Credo. ‘Je crois en la résurrection des morts. Je crois en la résurrection de la chair’. Nous nous retrouverons, les uns avec les autres et ensembles, nous pourrons faire ce pour quoi nous sommes faits, c’est-à-dire aimer.
II- Par le baptême Dieu donne Sa vie
Alors aujourd’hui, nous pouvons méditer particulièrement sur le baptême. Le baptême d’Agathe (aux parents d’Agathe dans l’assemblée), le baptême de vos enfants (aux parents réunis ce jour pour préparer le baptême à venir de leur enfant), le baptême de Mya qui aura lieu après la messe…
Le baptême, c’est croire. C’est poser cet acte, lorsque l’on vient pour recevoir le baptême, c’est croire que Dieu vient nous donner sa vie. Tout à l’heure, au début, j’ai posé la question : ‘que demandez-vous à l’Église de Dieu ?’ On m’a répondu : ‘la Foi, qui donne la vie éternelle’.
La Foi, c’est quoi ? La Foi c’est comme une connexion qui nous unit à Dieu. Nous, on en a besoin. Mais souvent, on ne sait pas la désigner. Alors on cherche, quelque chose de plus grand que nous… Et on ne le trouve pas. Mais Dieu, Lui, nous le donne. Nous fait cadeau de cette Foi. Il nous donne la capacité d’entrer en relation avec Lui. Au baptême, elle est donnée comme une vertu, comme un don définitif, qui ne pourra plus être enlevé. Ce cadeau-là, il va permettre à Agathe, à vos enfants, de recevoir la vie éternelle. Et la vie éternelle, à laquelle nous sommes tous appelés, elle commence aujourd’hui et maintenant. Parce que la vie éternelle, c’est la vie de Dieu.
Et quelle est la manière que Dieu a de vivre ? Comment vit Dieu ? Il vit en aimant. En fait, en Dieu, aimer, c’est vivre, vivre, c’est aimer. Et voilà que par le baptême, nous acquérons la capacité d’aimer de manière plénière, alors qu’avant, à la création, à la naissance, on a bien cette capacité d’aimer, mais elle est déjà blessée. Déjà, on a cette tendance à se retourner sur notre nombril. Dans quelques instants, Agathe va recevoir le baptême, va recevoir le don de la Foi, va recevoir la capacité d’aimer à la manière de Dieu, en se donnant tout entier. Alors vous allez me dire… ‘Notre expérience, nous qui sommes baptisés, il y a bien des fois où on n’aime pas !’ C’est vrai… C’est vrai. C’est d’ailleurs, ce que l’on appelle le péché. Mais, le cadeau nous est donné. Il ne tient plus qu’à nous de l’entretenir. Et Dieu, Lui, ne nous laisse jamais tomber, il nous soutient chaque instant. Il nous donne les moyens de rétablir cet Amour. Il nous donne les moyens de faire grandir cet Amour. Et c’est bien ce que nous allons vivre maintenant. Aujourd’hui, après le baptême, nous vivrons l’Eucharistie. L’Eucharistie, c’est la manière que Dieu a choisi pour nous donner une capacité d’aimer plus grande. Il se donne, Lui, Jésus. Et puis, Il nous donne la capacité lorsque l’on a blessé trop profondément la relation, soit avec Lui, soit avec les autres, soit avec nous-mêmes ; Il nous donne la capacité d’être guéris. Et c’est le sacrement de la Réconciliation.
Alors, dans quelques jours, c’est Pâques. Pâques où la victoire de la vie sur la mort est définitive. Jésus est mort, Il est ressuscité ; Il est vivant, pour toujours, encore aujourd’hui. Nous allons célébrer le centre du mystère de notre foi ; et donc c’est bien l’occasion d’accueillir la vie en nous. C’est bien l’occasion d’accueillir la vie en nous. En établissant cette relation, en répondant à l’appel de Dieu. Il veut nous aimer, Il veut nous donner sa joie. Accueillons son Amour.
Je conclue, presque par le dernier geste que nous ferons lors de cette messe, du cierge pascal qui représente le Christ vivant, ressuscité, j’allumerai un petit cierge : c’est une flamme, une vie qui est transmise et ce petit cierge, il est transmis au nouveau petit baptisé, – à son parrain aujourd’hui –, de telle sorte que la vie de Dieu qui est en elle rayonne pour le monde, parce que nous ne sommes pas baptisés pour notre confort, mais pour notre joie et pour le Salut du monde.