Chers amis, en cette importante année électorale, nous vous proposons une petite réflexion sur la Laïcité. Sujet polémique… Certes ! Pourtant, si elle est aujourd’hui utilisée pour entretenir une méfiance envers les religions, n’avons-nous pas oublié qu’il s’agit d’une invention… chrétienne ? Et oui ! Par le verset « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 21 ; Mc 12, 17 ; Lc 20, 25) l’Eglise entendait dès sa naissance, refuser d’être instrumentalisée par le politique, en opérant une distinction franche entre pouvoirs temporels et pouvoirs spirituels.
Comment cela se traduit-il concrètement aujourd’hui ? Par la loi de 1905 : « La république ne reconnait aucun culte »mais« assure la liberté de conscience et garantit le libre exercice des cultes ». Ainsi, tout en inscrivant la liberté religieuse dans le code civil, cette loi affirme, malgré les volontés premières de ses auteurs, un principe intrinsèque au Christianisme : c’est la Raison (découlant de la loi naturelle ou positive), et non la foi seule, qui doit présider aux destinées communes. La connaissance du juste et de l’injuste ne relève donc pas plus de la foi que du pur arbitraire humain. En cela l’Etat garantit le rôle des religions dans la formation des consciences, en contrepartie de quoi les religions laissent à l’Etat la place qui lui revient.
Mais, tout cela ne sous-entend-il pas une collaboration étroite entre les sphères politiques et religieuses ? En effet ! Pourtant depuis quelques dizaines d’années, la Laïcité, tout en mettant l’ensemble des religions sur un même plan, est devenue une arme d’opposition à celles-ci, les renvoyant à une sphère strictement intime. Pas le droit de montrer une croix, ni d’en parler en public… ! Ce rejet total de Dieu dans la cité viserait l’autonomie du politique à l’égard de la morale. L’Etat devient ainsi le fondateur de cette dernière, refusant aux religions la possibilité de distinguer le bien du mal. Les exemples dans l’actualité sont trop nombreux. Pourtant, s’attaquer au Christianisme, n’est-ce pasbafouer la Laïcité ?
Forts de ce constat, à nous, Chrétiens, d’apporter une nouvelle réflexion de ce que doit être la Laïcité ! Déjà en 2008 Benoit XVI affirmait ceci : « une nouvelle réflexion sur le vrai sens et sur l’importance de la laïcité est devenue nécessaire.Il est fondamental d’une part d’insister sur la distinction entre le politique et le religieux afin de garantir aussi bien la liberté religieuse des citoyens que la responsabilité de l’Etat envers eux, et d’autre part, de prendre une conscience plus claire de la fonction irremplaçable de la religion pour la formation des consciences et de la contribution qu’elle peut apporter, avec d’autres instance à la création d’un consensus éthique et fondamental dans la société ».