Par l’abbé Gaël de Breuvand
(Les titres sont ajoutés après retranscription, c’est pourquoi le style reste très oral).
Le Seigneur prend à partie ses disciples, juste après leur avoir enseigné les Béatitudes. Dimanche dernier nous avons entendu ces béatitudes ; le Seigneur veut pour nous la joie et le bonheur, il nous indique un chemin, – bah huit ! -, huit chemin pour y arriver. Nous sommes tous invités à entrer sur ce chemin…
Sel et Lumière
Et après, concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire : nous somme le sel de la terre. Le sel de la terre ? Bah, il en faut ni trop peu, ni trop. C’est ce qui donne du goût aux aliments, ce qui fait qu’ils sont agréables à manger ; c’est essentiel pour notre cuisine. Vous êtes la lumière du monde… Un monde sans lumière serait… noir ! On n’y verrait rien. A l’inverse, un monde avec trop de lumière, ce serait écrasant, et on serait peut-être aussi aveuglé d’ailleurs.
Alors ça y est. Nous avons entendu Jésus et nous pouvons nous rengorger. Nous sommes le sel de la terre et nous sommes la lumière du monde !…
Euh… Évidemment, non ! On ne va pas s’en vanter ! Parce que si Jésus nous appelle sel de la terre et lumière du monde, ce n’est pas pour quelque chose que nous possédons en propre. Mais c’est bien pour un cadeau qu’Il nous fait.
Vous avez entendu le verset de l’Alléluia ; il vient de l’évangile selon saint Jean, au chapitre 8 : « moi, Je suis la lumière du monde, dit le Seigneur ». Et là, au chapitre 5 selon saint Matthieu, il nous dit : « vous êtes la lumière du monde ». Alors on peut se demander : ‘est-ce que Jésus ne se contredit pas un peu ?’ Bien évidemment, non ! Quand Il nous parle, ça a toujours du sens. Si Il nous dit : ‘je suis la Lumière du monde’, Il l’est véritablement, comme le disait il n’y a pas très longtemps, le 2 février, le vieillard Siméon. ‘Maintenant Seigneur, mes yeux ont vu le Salut que tu promettais à tous les peuples, j’ai vu la lumière des peuples, la lumière des nations’. C’est Jésus, ce petit enfant. C’est Lui la lumière. C’est Lui la Lumière. Et il rayonne, Il est la source de toute lumière.
On le dit aussi dans le Credo : « lumière, né de la lumière ». C’est lui Jésus. Il nous éclaire. Et nous qu’est-ce que nous sommes ? Et bien peut-être que l’on pourrait nous comparer, – vous savez -, à ces vierges phosphorescentes. Celles qui brillent dans le noir, si on a pris soin de les éclairer auparavant. Voilà ! Je pense que c’est une bonne comparaison.
Normalement, on doit mieux éclairer que ces vierges-là. Mais c’est bien notre système de fonctionnement. Nous nous mettons sous le regard de Dieu. Nous nous laissons bronzer sous le soleil de Dieu, – comme nous le disait une petite sœur il y a quelques temps -. Nous nous laissons regarder par Dieu. Cela nous remplit de son Amour et alors nous pouvons rayonner à notre tour. C’est cela être lumière du monde. Et alors, agissant, posant des actes bons, nous aimant les uns les autres véritablement de toute notre force… Alors à ce moment-là, les autres, ceux qui ne connaissent pas Dieu pourront alors se poser la question : ‘c’est étonnant ! Pourquoi est-ce qu’ils font ça ? J’aimerai bien les imiter. Voyez comme ils s’aiment !’. Bon, malheureusement, ce n’est pas forcément en me regardant qu’ils y arriveront, à s’exclamer comme cela. Mais peut-être que c’est tout simplement parce que je ne me laisse pas assez regarder par Dieu.
Se donner soi-même pour être lumière
Parce que, – c’est saint Paul qui nous le dit dans la deuxième lecture -, notre manière d’annoncer, de transmettre le Christ, ce n’est pas d’abord par notre sagesse humaine ; c’est pas d’abord le résultat d’un raisonnement. Je pourrais vous faire tous les beaux raisonnements, les plus parfaits, les plus équilibrés… Ce n’est pas ça qui fait croire au Christ. La seule façon de faire croire au Christ, c’est qu’il y ait une rencontre entre une personne qui est Jésus et une personne, l’un de nous. Rappelez-vous. Faisons mémoire de ce jour où nous avons rencontré le Christ, en vrai, dans notre histoire. Rappelons-nous-en ! C’est précieux. Et c’est en témoignant de ce moment, en témoignant des changements qui s’accomplissent dans nos vies qu’alors, nous pourrons faire croire que le Christ est.
Puis nous pouvons avancer encore et revenir à la première lecture, parce que cette première lecture nous rappelle, – c’est peut-être la première fois que c’est aussi explicite dans la Bible -. On a commencé la Bible en longtemps avant Jésus-Christ et au début on croit que la seule bonne façon d’honorer Dieu, c’est de lui faire des sacrifices d’animaux. Et d’ailleurs, pendant une période on a même pensé que des sacrifices d’enfants c’était bien. Bon. Et là, Dieu commence à se révéler tout entier, et là, Il n’a jamais été aussi clair. On est en 600 avant Jésus-Christ et Il dit : ’mais non, Moi ce qu’il me faut, c’est pas des animaux, j’en ai rien à faire des animaux, j’ai pas besoin de manger, Moi. Par contre, j’ai besoin de votre amour’. Et cet amour il doit être réel, concret, pas simplement une belle idée… ‘Partage ton pain avec celui qui a faim ; accueille chez toi les pauvres sans abris ; couvre celui que tu verras sans vêtements ; ne te dérobe pas à ton semblable. Alors ta lumière jaillira ». En fait, en se mettant véritablement à l’écoute de la Parole de Dieu, nous nous laissons remplir ; et Elle peut déborder, et nous rayonnons.
Deux tentations
Arrivent maintenant deux tentations. Nos deux tentations. La première serait peut-être – comme souvent quand on est tenté – c’est de prendre une chose vraie et de n’en prendre que la moitié. « Écoute Israël, ton Dieu est l’Unique, tu l’aimeras de tout ton cœur, de toute ton âme de tout ton esprit… » Et hop ! on s’arrête là. Et donc… Ah bah on est très chrétien ! : Une heure pendant la messe le dimanche et puis avec un peu de bol un quart d’heure par jour pendant la prière… Et puis le reste du temps… Voilà ! On a décidé de se consacrer tout entier au Seigneur, on lui a donné du temps à Lui, Dieu, mais les autres, c’est pas très grave. ‘C’est pas ça qui est important, l’important c’est Dieu‘. Évidemment, ça, c’est la voix du tentateur !
L’autre tentation, elle serait l’inverse, c’est de se limiter à : « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Et dans les deux cas, on a raison. Il est important d’aimer Dieu de tout son cœur. Il est important d’aimer son prochain comme soi-même. Mais il faut faire les deux ! Si on en coupe et qu’on garde qu’un seul des deux morceaux, ça devient une ‘horreur’. Ça devient une idéologie. La fuite du monde… ‘Non le monde ne m’intéresse pas, je ne m’intéresse qu’à Dieu’. Ce n’est pas pour cela que Dieu nous a créés. Ou au contraire : ‘je ne m’intéresse qu’au monde et ce que je fais, ce qui est plus important… et surtout, je ne parle pas du Christ. Surtout, je ne dis jamais que c’est Lui qui me fait vivre’. Donc dans un cas comme dans l’autre… en fait, il faut demander à Dieu de nous éclairer parce que l’on est tous tentés d’un côté ou de l’autre. Et parfois on arrive à être tenté des deux côtés. Et dans ce cas-là, on s’occupe ni bon Dieu, ni des autres.
Tournons-nous vers Lui, vers ce Dieu qui nous aime, et demandons-Lui : ‘Seigneur, je sais pas bien faire, j’ai besoin de toi. J’ai besoin de toi’.
Afin que nous soyons de bonnes petites statuettes phosphorescentes, des vraies, qui fonctionnent bien et qui durent longtemps, accueillons l’amour que Dieu veut nous donner. Laissons-nous remplir par Lui, et débordons, débordons de sa joie. Accueillons-Le. Il nous sauve, Il nous aime.