Par le père Séraphin Kiosi
(Il s’agit d’une retranscription, c’est pourquoi le style reste très oral).
Mes chers frères et sœurs, ce sont les premières heures de cette nouvelle année, le premier jour de l’An. Et selon la tradition biblique, les prémices, ce que nous avons reçu de Dieu, ce premier fruit, nous le rendons à Dieu, nous le consacrons à Dieu, comme pour lui rendre grâce de ce qu’il nous a donné et reconnaître celui qui est à la source des biens que nous recevons. Et nous allons implorer sa bénédiction pour le reste des jours et des heures de cette année.
A la fin de la messe nous allons recevoir la bénédiction selon ce que nous avons entendu dans la première lecture, en des termes que le Seigneur a recommandé à Aaron de bénir les enfants d’Israël. Et il y évoque beaucoup la paix.
Depuis 50 ans, avec le pape Paul VI, il a été institué cette journée du premier jour de l’an comme journée de prière pour la paix dans le monde. Et cette année, le pape François a invité et invite tous les chrétiens à s’engager sur le chemin de la paix en faisant de la non-violence active le style de leur vie.
La non-violence active… Il y a beaucoup de violence dans le monde, et c’est pas nouveau. Du temps de Jésus-Christ, il y avait aussi beaucoup de violences : l’occupation, l’occupation des terres et Jésus lui-même est mort d’une mort violente, ce qui n’était pas une exception. Dans cette ambiance de violence perpétuelle et des réponses inadéquates que les hommes donnent à cette situation, Jésus a enseigné que les champs de bataille sur lesquels s’affrontent vraiment la violence et la paix, c’est le cœur de l’homme. C’est le cœur de l’homme qu’il faut désarmer si on veut un désarmement général. C’est le cœur de l’homme qu’il faut pacifier pour que l’homme devienne acteur de paix.
Jésus dit en effet que c’est du cœur de l’homme que sortent les pensées perverses. La réponse de Jésus à cette violence était très radicale. Il a prêché l’amour inconditionnel de Dieu, qui accueille et pardonne. Il a enseigné inlassablement à ses disciples d’aimer, d’aimer même ses ennemis. Il leur a demandé et il nous demande de tendre l’autre joue et de ne pas riposter, de ne pas rendre le mal pour le mal. Nous nous rappelons la scène de la femme adultère que les gens étaient prêts à lapider. Comment Il les a renvoyés à leurs propres péchés… Ce qui nous permet d’être violents vis-à-vis des autres peut aussi être utilisé comme violence contre nous. Ce que nous n’aimerions pas que les autres fassent sur nous, ne le faisons pas aux autres … Alors Jésus nous dit : Non, regardez d’abord vous-mêmes… Est-ce parce que vous avez été fautifs et violents que vous accepteriez que les autres soient violents vis-à-vis de vous ? Bien sûr que non ! Alors ? Il ne faut pas s’emballer sur ce chemin-là.
Peu avant sa passion, on se rappelle comment Pierre, qui deviendra le grand chef de l’Eglise, a cédé à la violence en prenant son épée: « Nous allons nous battre ». Jésus lui a dit : non! tu remets cela à sa place… Remets ton épée dans ton fourreau. Et donc Jésus nous trace ce chemin de la non-violence et lui-même l’a parcouru jusqu’au bout, jusqu’à la croix en demandant à son Père de pardonner ceux qui lui faisaient du mal. Et c’est par sa croix qu’il a réalisé la paix entre Dieu et les hommes.
C’est pourquoi tous ceux qui accueillent la Bonne nouvelle, nous qui accueillons Jésus-Christ, nous devons nous mettre sur ce chemin-là, que lui-même a parcouru et nous laisser guérir par la miséricorde de Dieu en devenant à notre tour instrument de réconciliation. Saint François d’Assise disait : ‘La paix que vos bouches annonce, ayez-la plus encore dans vos cœurs’.
Devenir acteur de la non-violence à la suite de Jésus-Christ, c’est l’appel qui nous est lancé. Et nous demandons en ce début d’année, à la Vierge Marie, mère de Dieu, de nous accompagner sur ce chemin de conversion, d’engagement et de prière pour que nous puissions avoir cette paix. Nous souhaitons cette paix à chaque homme, à chaque femme, à chaque enfant, surtout à tous ceux qui sont des personnes vulnérables, dépendantes, dans la dignité est facilement bafoués parce qu’ils sont faibles. Eux aussi doivent être objets de notre attention, de notre amour inconditionnel et nous ne devons pas nous trouver dans une situation de supériorité, de force, telle qu’on soit tenté d’exploiter, d’écraser l’autre.
Prions donc avec la Vierge Marie pour que cette année soit une année de paix dans nos familles, dans nos cœurs, dans notre pays, dans tous les pays et dans le monde. Et que la prière de la Vierge Marie nous y aide.