Par le père Séraphin Kiosi
(Il s’agit d’une retranscription, le style reste donc très oral.)
Je connais une famille qui appréhende la fête de Noel, qui arrive. Contrairement à beaucoup de familles qui vont faire des rencontres familiale, – toutes les familles vont se rencontrer, les enfants, les petits-enfants… autour des grands-parents, dans la joie, – il y en a une où, une des dernières filles vit avec un copain, qui lui a déjà eu un petit garçon. Et là, le problème : comment va-t-on recevoir dans cette famille très catho cette sœur, qui ne s’est pas mariée religieusement et qui va apporter son copain ou son mari… Et si dans l’Evangile on parle déjà de Marie comme épouse alors qu’ils ne sont encore que fiancés ! C’est son fiancé ou son époux ? Et en plus, comment va-ton présenter ce garçon de 4 ans aux autres enfants à qui l’on a toujours dit : « Une famille chrétienne, catho, c’est papa, maman, mariage, alliance, baptême… « . Alors il y en a dans la famille qui disent qu’elle ne doit pas venir… ‘qu’elle reste là-bas avec son garçon’… Mais les parents disent : ‘ Jamais ! Tout le monde doit être là, c’est la fête familiale’. Comment peut-on la laisser ? Comment va-t-elle passer cette journée ? Un autre dit : ‘Ah si elle ne vient pas, moi aussi je ne viens plus !’ Comment allez-vous faire ?
Et donc quelque chose qui est imprévisible … et les gens ne peuvent plus se mettre d’accord. Certains disent : ‘il eût mieux valu que Noël ne soit pas là’, on aura la paix relative de ne pas se rencontrer. » L’imprévisible, quand il entre dans notre vie, dans notre vie intime, ce n’est pas facile à gérer. Et c’est ce qui est arrivé dans ce couple de Joseph et Marie. Tout allait bien : fiancés, on s’est présenté aux parents et familles respectifs, … et voilà qu’il y a un grain de sable terrible dans leur machin:. Marie se retrouve enceinte; et Joseph le sait. Il se dit: « Bon écoutez, ce mariage là je crois que c’est fini… ». Tout son plan est dérangé. Il doit recommencer. Et Dieu justement pénètre dans ces situations imprévisibles.
‘Joseph, tu garderas chez toi ta femme, ton épouse puisque telle est la volonté de Dieu. Tu vas donner à cet enfant non seulement un nom, c’est-à-dire, il devient ton fils, mais aussi tu vas lui faire hériter de ta lignée royale, la lignée davidique« . Car c’est le messie, le sauveur. Dieu sauve. On dit que lorsque Joseph s’est réveillé, il a fait ce que le Seigneur lui avait dit.
Mes chers frères et sœurs, Dieu justement ne marche pas nécessairement selon nos programmes. Parfois il entre chez nous par effraction; il dérange, il réoriente, il bouscule. Comment le recevons-nous en ce moment ? Comment vivons-nous tous ces appels inattendus du Seigneur dans notre vie ?
L’Eglise nous suggère aujourd’hui de regarder du côté de Joseph. C’est l’annonce faite à Joseph. Nous connaissons bien l’annonce faite à Marie, ça, c’est l’Evangile de Luc. Matthieu, lui, prend l’histoire du côté de Joseph qui lui aussi, finalement, accepte de collaborer avec Dieu pour que se réalise son dessein. Et Dieu vient aussi nous solliciter, chacun de nous, peut-être dans le train-train de la vie ordinaire. S’il te plait, fais ce que Dieu te demande. Et ça peut être dans la routine de cette famille très chrétienne où l’on se marie à l’église, où l’on a des enfants que l’on fait baptiser et ainsi de suite et Noël… on fête ensemble… Alléluia, alléluia… Si c’est comme cela, c’est très bien. C’est tout ce que nous souhaitons. Qu’il n’y ait pas trop d’inattendus, de choses difficiles à gérer. Mais peut-être que parfois Dieu intervient et entre non pas par la porte mais par la fenêtre. On risque de le prendre pour un voleur. Mais c’est lui qui nous appelle à quelque chose de différent. Et un enfant qui est né hors-mariage, on le jette dehors ? On refuse de l’accueillir parce que l’on est catho ? Mais justement parce qu’on est catho et si on voit bien l’histoire de Jésus Christ, on devrait accueillir cet enfant avec beaucoup plus d’amour, parce que sa mère n’est plus là, partie quelque part et il est resté avec son père. Donc même si son père lui donne un peu d’amour, il lui manque ce côté maternel, qui fait l’homme, qui adoucit. Il faut lui donner cela en plus. Et voilà des gens qui disent non. Cela n’est pas propre à nous.
Quand nous prions, prions déjà pour eux pour qui tout se passe bien. Mais au-delà de ce qui va bien se passer, il y a des conversions, des ajustements à faire des deux côtés et la fille aussi, faut qu’elle arrange sa vie, qu’elle mette de l’ordre dans sa vie, ça serait bien pour tout le monde. Ok. Mais il y a aussi nous qui recevons, les parents, les grands parents, les petits enfants, vis-à-vis de ce petit, nous avons des ajustements à faire au nom justement de celui qui vient nous sauver.
Il s’appellera tantôt Emmanuel, tantôt Jésus. Comment s’est-il appelé finalement ? Bon, il s’est appelé Jésus de Nazareth, c’est-à-dire Dieu sauve ! Et il en a sauvés, il a montré le chemin du Salut; et il est aussi Emmanuel, Dieu avec nous, parce que quand il quittera la terre, il va rentrer chez lui, il dira: ‘Allez baptiser, faîtes des disciples, apprenez leur à garder mes commandements. Moi je serai toujours avec vous jusqu’à la fin des temps’. C’est ça le nom qu’Isaïe lui fait donner dans la première lecture.
Alors, pour rester avec Lui, Dieu qui nous sauve, il nous invite à collaborer avec Lui, pour que sa volonté se réalise dans chacune de nos vies. Dans la vie normale, ordinaire mais aussi, cherchons à savoir ce que Dieu veut nous dire dans ces moments qui sont un peu hors du commun. Au lieu de les laisser passer comme cela, prenons le temps de nous arrêter, comme cette famille dont je parle, pour réfléchir un peu : Quelle est vraiment la volonté de Dieu en ce moment, à laquelle il veut que nous donnions notre collaboration ?
Prions donc pour que notre préparation à accueillir ce fils de Dieu qui vient à Noël, se fasse selon sa volonté, selon les différents appels qu’Il nous lance en ce moment ici, de façon ordinaire, Dieu merci, mais aussi de façon extraordinaire, si cela est notre cas… Qu’il nous donne le discernement pour lui dire Oui, comme Joseph a dit Oui, comme Marie avait dit oui.