(Il s’agit d’une retranscription, c’est pourquoi le style reste oral).
Mes chers frères et sœurs, la Parole de Dieu place aujourd’hui Jean-Baptiste au centre et Jésus nous le recommande comme modèle. Il nous recommande de nous mettre à son école. C’est le plus grand des enfants des hommes, c’est le plus grand des prophètes. Alors son école, c’est quoi ? C’est d’abord une école d’humilité… Humilité. Jean-Baptiste, que Jésus exalte comme le plus grand, sait s’effacer devant Jésus-Christ: il faut que Jésus grandisse et que lui décroisse. Et il dit que lui baptise seulement avec de l’eau, tandis que Jésus-Christ donnerait un baptême supérieur dans l’Esprit Saint et dans le Feu. Leçon d’humilité qui devient une vertu rare, tellement tout le monde veut se faire voir.
Je vois qu’il y a beaucoup d’enfants ici… des jeunes… qui sont trop entrés dans la culture des selfies: « C’est moi! moi! moi ! moi !« . On se montre. Esprit d’humilité ! Il n’y a pas que moi, il y a aussi l’autre. Surtout si l’on veut faire un selfie de l’autre, ce ne sera plus un selfie… C’est l’autre qu’on prend en photo.
L’école de Jean-Baptiste est l’école de la sobriété et de l’abnégation. Jésus demande aux gens s’ils sont partis au désert chercher quelqu’un qui est habillé à la dernière mode. Mais non. Vous savez comment il était habillé Jean-Baptiste ? On dit en peau de chameau. On voit cela dans les grottes : l’homme de Cro-Magnon qui était habillé avec des peaux. Et donc Jean ne se soucie pas beaucoup de son look, et son régime alimentaire est des plus écolos. C’est bio. Comme les sages de l’Asie, il mange des sauterelles et du miel. En tout cas, il ne fait pas de gaspillages. Nous sommes très loin de notre foie gras de Noël, que nous allons acheter, mais que peut-être nous n’allons même pas consommer pour le jeter à la poubelle le lendemain. Ecole de sobriété et d’abnégation.
Mais surtout Jean-Baptiste a le sens de Dieu, c’est un prophète. Son regard et sa parole veulent annoncer le Seigneur Jésus-Christ. Il appelle à la conversion et à la vraie conversion. Il dit aux Pharisiens et aux autres : c’est pas la peine de quitter vos palais de Jérusalem et de venir vous baigner dans le Jourdain, signe de conversion, alors qu’au fond de vous, rien ne change ; il y a toujours la même incohérence entre la proclamation d’une foi, d’une fidélité à l’Alliance et à Yahvé et les injustices que vous continuez à commettre. Et il leur dit plutôt: « Produisez des fruits qui sont dignes de la conversion que vous proclamez ». Et Jésus-Christ expliquera cela plus tard en disant : « celui qui écoute mes paroles et ne les met pas en pratique ressemble à un homme insensé, à un homme fou qui construit sa maison sur du sable ». Quand il y a une inondation, la maison disparaît. Elle s’écroule complètement. Quand il y a des intempéries, cela s’en va. Donc c’est du travail inutile. Il faut une cohérence entre la proclamation de notre foi et notre style de vie et notre façon d’aimer et d’avoir des relations avec les autres dans la justice.
Mais il y a une chose particulière dans cet évangile de Jean-Baptiste que Jésus exalte : c’est que Jean-Baptiste a des doutes. ‘Es-tu celui qui doit venir ? Ou devons-nous en attendre un autre ?’ C’est très bien de voir que même le plus saint et le plus croyant des hommes n’est pas épargné par des doutes et des hésitations. Et donc quand il vous arrive, il m’arrive, il nous arrive, d’avoir quelques doutes dans ma foi, dans ma relation avec Dieu… Je ne comprends pas, est-ce que Dieu existe encore ? Est-ce qu’Il est avec moi, est-ce qu‘Il m’aime ? . . . Ce n’est pas un drame absolu. Le drame, c’est la façon de gérer ce doute. Ce n’est pas un drame parce qu’ il a vraiment des doutes ; et Jésus dit : ‘Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute’. Parce qu’Il a entendu Jean trembloter dans sa prison. Est-ce que le messie que j’ai annoncé, c’est bien celui-là, ou est-ce que je me suis gouré ? Malgré cela, Jésus dit : ‘c’est le plus grand des prophètes’. Donc , notre doute n’est pas quelque chose qui doit amener notre foi à la mort. Mais c’est la façon de gérer cela. Et comment ? Jésus lui envoie un message parce que Jean s’est adressé à lui. ‘Es-tu celui qui sais ? ‘ Et donc en cas de doute… adressons-nous à Jésus. Et Jean ne prend pas 34 chemins… oh je ne comprends plus rien ! Est-ce qu’il y a une réponse ? Et Jésus envoie une réponse à Jean-Baptiste. Il l’affermit dans sa foi en lui envoyant la Parole de Dieu, le message d’Isaïe que nous avons entendu à la première lecture. Allez dire à Jean… Les aveugles voient, les lépreux marchent, les lépreux sont purifiés… Donc Dieu le renvoie à la Parole de Dieu. Et la parole de Dieu, lui prophète, il comprend que cela parle du Messie. Et donc si Jésus accomplit ce que Isaïe avait annoncé à propos du Messie et donc il n’y a pas de doute, c’est Lui le Messie et Jean-Baptiste a été affermi dans sa foi. Donc, revenons nous aussi à Jésus-Christ et à sa parole pour raffermir notre foi quand ça chancelle.
Mais tout cet hommage rendu à Jean-Baptiste n’est en fait qu’un tremplin qu’utilise Jésus-Christ pour rendre un hommage encore plus grand . . . à qui ? A vous ! A moi ! Aux chrétiens ! Parce qu’il dit… « Personne ne s’est levé plus grand que Jean-Baptiste, cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui ». C’est par le baptême que nous entrons dans le Royaume de Dieu, que nous devenons membre du Royaume de Dieu. Même si notre foi est petite et faible, même si nous nous reconnaissons pêcheurs et misérables, nous sommes grands aux yeux de Dieu. Nous sommes sauvés par Jésus-Christ. Ce n’est pas à cause de nos mérites, de nos prières, de nos dévotions… non. C’est parce que lui Jésus-Christ nous a regardés et nous a aimés. Il nous a fait le don du baptême, de l’Esprit Saint. Il nous a fait entrer au nombre des enfants de Dieu. Voilà l’honneur qui nous est fait aujourd’hui.
En retour, que pouvons-nous faire ? En retour et c’est un appel de Dieu… Oh, vous êtes les plus grands, les plus beaux aux yeux de Dieu… vous êtes, vous êtes, vous êtes… Mais en retour, je crois, surtout en ce temps d’Avent où nous attendons d’accueillir le fils de Dieu, c’est bon de mettre un peu plus de cohérence dans notre vie. Qu’entre nos affirmations de foi chrétienne de suivre Jésus-Christ et notre façon d’être, généralement, il y a un espace comme ça, un écart, qui tend plutôt à s’élargir. Mais en ce moment, faisons un effort pour que notre conduite et notre proclamation de foi se rapprochent pour former un. ça, c’est la cohérence d’une vie chrétienne. Je crois en Dieu ? Je le manifeste. Je crois en Jésus-Christ ? Je le manifeste. Dieu est Amour ? Je le vis. Dieu est miséricorde ? Je suis miséricordieux. C’est à cette beauté-là que nous sommes invités à faire le pas; et comme cela n’est pas toujours facile nous demandons, nous sollicitons la grâce de Dieu dans cette eucharistie, pour nous-même et pour tout le peuple de Dieu qui est en marche vers la rencontre du fils de Dieu qui vient.
Père Séraphin Kiosi