(les titres sont ajoutés après relecture, le style reste très « oral »)
Le jour du Seigneur : Un feu brûlant
Lorsque le prophète Malachie écrit – vers les années 450 av Jésus-Christ -, le temple a été reconstruit il y a à peu près 70 ans ; le peuple est revenu sur sa terre et on pourrait penser que tout va bien… En fait, le peuple fait un constat douloureux : les justes sont pauvres, ils n’ont aucun bien sur la terre et au contraire, les menteurs, les voleurs, les pilleurs, les adorateurs d’idoles, tous ceux qui sont injustes et arrogants, eux, ils profitent. Alors ils se retournent vers Dieu en disant : ‘est-ce que ça ne vaudrait pas le coup de vivre comme tout le monde. Est-ce que l’on n’a pas tort de vouloir choisir la justice, de vouloir écouter ta Parole ?’
Le prophète répond à cette plainte du peuple. Au verset 2 de ce livre de Malachie, on entend : « Dieu dit : moi je vous aime ». C’est une grande nouvelle. En fait dans la Bible, les déclarations de Dieu, où il déclare son amour pour le peuple, ne sont pas si courantes. Et là, en toutes lettres, « Dieu dit : moi, je vous aime ». C’est un pas de plus dans la Révélation. L’Amour de Dieu comparé à une lumière, à un feu et voilà que ce feu, cette lumière, cette fournaise… s’approche de nous. C’est ça l’Amour de Dieu : un feu. Alors on entend le texte de Malachie : « Tous les arrogants, ceux qui commettent l’impiété, seront de la paille. Le jour qui vient les consumera ». On peut avoir une lecture binaire et se dire que les méchants seront brûlés et pour nous tout ira bien. Evidemment, ce n’est pas tout à fait comme cela qu’il faut l’entendre. Parce que la division n’est pas entre des méchants de l’extérieur et le bon que je suis ; la division est d’abord au milieu, au cœur de moi-même, dans mon propre cœur. Il y a en moi une part d’arrogance, une part d’égoïsme et il y a aussi, rendons grâce à Dieu, une part de bonté, une part d’amour. Quand le Seigneur s’approche de moi, dans cet amour brûlant, il va brûler en moi tout ce qui n’est que paille, tout ce qui n’est que péché. Donc finalement, cette brûlure, qui pourrait apparaître dans une première lecture impressionnante, inquiétante, elle est au contraire Joie. Comme on l’entend dans les dernières paroles de cette lecture, « il apportera la guérison dans son rayonnement ».
Accueillir le Seigneur dans la joie
Le psaume nous annonce « Il vient le seigneur, gouverner les peuples avec droiture, avec justice ». Et le psaume lui-même est notre réponse. Celle dans laquelle il nous faut rentrer parce que, peut-être que pour nous, elle n’est pas très naturelle. Parce que, évidemment, se laisser brûler par l’Amour de Dieu, ce n’est pas très confortable. Et pourtant « Jouez pour le Seigneur sur la cithare, sur la cithare et tous les instruments, … Que les fleuves battent des mains, … Acclamez le Seigneur, car il vient ». Voilà notre état d’esprit, celui dans lequel nous devons rentrer peut être en faisant un petit effort : accueillir le Seigneur qui vient. Oui, c’est brûlant, brûlant d’amour, ce ne sera pas forcément confortable, mais c’est là qu’est notre joie.
Combat spirituel
Nous en arrivons à l’Evangile. On est au chapitre 21 de l’Evangile selon Saint-Luc. Dans bien peu de temps commencera le récit de la passion. Je ne sais pas si vous voyez l’évangile selon Saint-Luc mais à peu près au milieu, en Lc 9,51, Jésus part de Galilée et commence sa route vers Jérusalem et depuis, nous avançons vers Jérusalem où Jésus sait très bien ce qui va lui arriver. Il l’a d’ailleurs annoncé à ses disciples. « A Jérusalem, les chefs des prêtres me jugeront et me condamneront à mort ». Et Jésus est là devant le temple, la ville sainte. Les disciples sont là aussi et ils admirent ce bâtiment en pierre qui a été refait peu de temps auparavant. Un immeuble magnifique qui veut dire la grandeur de Dieu. Jésus veut les réorienter sur l’essentiel. « Vous savez, ce temple ne durera pas toujours car s’il est là pour nous indiquer où est le ciel, s’il est là pour nous parler de Dieu, il n’est pas Dieu. Ce n’est pas lui l’essentiel. Les jours viendront ou il n’en restera pas pierres sur pierres ».
Alors Jésus annonce des signes. Il annonce le combat qui va s’engager entre le bien et le mal. On peut le lire dans un premier degré, on peut le lire en y voyant des annonces de catastrophes, de persécutions. Et nous savons qu’elles existent. Mais aussi, on peut le lire d’un point de vue plus spirituel, de la même manière que Malachie. En pointant, en réfléchissant, en voyant, que le premier combat, il est dans mon cœur. « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom et diront : c’est moi. »
N’avons-nous pas la tentation de nous dire : ‘J’ai raison et ce que me dit la parole de Dieu, ce que me dit l’autre, mon prochain, ce n’est pas vrai’. Combien de fois nous tournons-nous vers Dieu en disant ‘Seigneur, que MA volonté soit faite’. Et bien évidemment, vous savez comme moi que l’on a alors juste renversé l’esprit de notre rencontre avec le Seigneur.
Nous sommes appelés à entrer dans la pensée même de Dieu, à garder au cœur cette parole du premier chapitre de Malachie, « Moi je vous aime ». Cela veut dire ‘je veux votre bien et votre bonheur, je veux votre joie’. Alors ne soyez pas terrifié, Jésus nous dit « n’ayez pas peur »… Vous vous rappelez que c’est une parole que nos papes reprennent régulièrement. « N’ayez pas peur ».
Le seigneur vient : il vient nous donner joie, il vient nous donner bonheur.
Qu’à la fidélité de Dieu, je sache répondre par ma fidélité
Et nous aujourd’hui ? Et nous aujourd’hui… Alors que dans notre monde tout semble s’écrouler, alors qu’en Italie de terribles tremblements de terre se succèdent, alors que les sècheresses et les famines, il y en a partout, alors qu’avec les attentats et les persécutions, on ne sait plus où donner de la tête… Et nous ? Pourquoi sommes-nous là ? Sommes-nous là pour nous poser, nous installer et attendre que cela passe ? Où pour attendre que le Seigneur vienne ? C’est ce que reproche Saint-Paul aux Thessaloniciens. Et les Thessaloniciens se sont dit : ‘le Seigneur vient bientôt ? Bah on va arrêter de s’embêter, hein !’
Non ! Nous sommes envoyés, nous sommes ici pour être des Christs, chrétiens, témoins de l’Amour de Dieu, pour porter le monde auprès de Dieu. Tout seul, on n’y arrivera pas, il nous faut être connecté à Jésus. Et quand Jésus conclut son Evangile en disant : « c’est par votre persévérance que vous garderez votre vie », nous entendons la prière d’ouverture que nous avons dite au début de la messe… Je vais vous la lire : « Accorde nous Seigneur de trouver notre joie dans notre fidélité ».
Dieu est fidèle. Il nous crée pour notre joie et notre bonheur et il ne se lasse pas, il ne se fatigue pas tant qu’il ne nous l’aura pas donnée, tant que nous ne serons pas entrés en possession de cette joie. A cette fidélité de Dieu, le Christ nous invite à répondre par notre persévérance, par notre propre fidélité. Aujourd’hui il s’agit de mettre notre confiance, notre persévérance, notre fidélité dans le Seigneur. Maintenant et à chaque jour qui passe, jusqu’à ce qu’Il vienne et que nous entrions avec nos proches, nos familles, le monde entier et toute la création… dans la plénitude de la joie de Dieu.
Abbé Gaël de Breuvand