Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous mais, jusqu’à présent, je n’appréciais guère le mois de novembre, voire je le redoutais :
lumière du jour qui se réduit, froid qui arrive, commémorations du souvenir de nos proches qui ont rejoint le Père, où notre esprit et nos sentiments mélangent à notre “cœur défendant”, la fête des saints (1er novembre) et le souvenir des défunts (2 voire 11 novembre).
Gratitude pour nos aînés disparus, mais aussi tristesse et mélancolie.
Oui, ma tentation a toujours été grande de sauter par-dessus novembre pour me projeter vers décembre et sa fête de Noël, ses jours qui recommencent à grandir… comme mon espérance ! Oublier novembre, mettre un voile sur le présent, pour se projeter à plus tard ? Et si novembre était un mois de grâce à vivre ! S’il nous était offert pour répondre à ce cri d’amour de Dieu : “Choisis la vie !”
Mon désir aujourd’hui ? Vivre chaque jour de novembre aux côtés des disciples d’Emmaüs (Luc 24, 13 – 35). Vous vous en souvenez ? Ils étaient
deux et marchaient vers Emmaüs, leur moral au plus bas après la mort de Jésus à Jérusalem, ce maître dont le regard et les paroles étaient encore comme une braise en eux. Maintenant ils le pleuraient, seulement réconfortés d’être deux pour partager une même peine.
Dans ce climat intérieur bien sombre, ils ont gardé le cœur suffisamment ouvert pour accueillir Celui qui les a rejoints sur le chemin et a relu avec eux ce qu’ils venaient de vivre. Et telle une brise légère, cette relecture a ranimé la braise au point qu’ils diront, après l’avoir reconnu à la fraction du pain : “Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ?”
Aussi, que nous souhaiter en ce mois de novembre ? Mettre nos pas dans ceux des disciples d’Emmaüs, et cultiver la fraternité, en Église : prendre soin les uns des autres, et savoir dire ensemble, quand il fait trop gris “Reste avec nous Seigneur, car le soir approche et déjà le jour baisse.” Et puis, s’attacher à un temps de relecture régulier pour, éclairés par l’Écriture et le partage du pain, nous laisser embraser par cette joie profonde, qui conduit à la paix.