Retranscription (les titres sont ajoutés après relecture, le style reste très « oral »)
Au réveil, je me rassasierai de ton visage
Vous avez entendu le psaume, il chante : « au réveil, je me rassasierai de ton visage Seigneur ». Celui qui chante ce psaume, c’est quelqu’un qui a décidé de suivre la Parole de Dieu. « Seigneur, entends ma plainte, accueille ma prière ». Tu es là présent près de moi et je sais que tu tiens à moi. Et « au réveil Seigneur, je me rassasierai de ton visage ». Lorsque vers les années 600 avant Jésus Christ, le psaume est composé, c’est pour dire d’abord que le juste, celui qui veut suivre le Seigneur doit avoir le Seigneur dans sa vie du matin jusqu’au soir… Et puis le temps a passé, et d’autres révélations sur Dieu nous ont été données. Et peu à peu, et en particulier avec le Christ, ce texte : « au réveil je me rassasierai de ton visage Seigneur » change de sens… De quel sommeil parle-t-on ? De quel réveil parle-t-on ?
Résurrection
Dans les années 200 avant Jésus-Christ et un peu après, les Grecs ont pris le pouvoir en Terre Sainte, et y a une révolte, parce que ces Grecs, ils sont païens et ils veulent imposer leur paganisme, leur mode de vie amoral aux Juifs. Et les juifs vont se révolter contre cela et c’est la révolte de Judas Maccabée. Mais avant cela, les persécutions ont commencé. Il fallait que les juifs mangent du porc, alors que la loi de Dieu l’interdit, il fallait que ces sept frères brûlent de l’encens devant la figure du roi pour le considérer comme un Dieu. Alors ces sept frères refusent : «nous ne pouvons pas poser un acte qui s’oppose à Dieu. Nous ne pouvons pas dire que toi le roi Antiochos tu es Dieu. Il n’y a qu’un seul Dieu ». Et ils vont subir mille morts, un martyr épouvantable et face à ce martyr, ils s’expriment face au roi. « Toi roi, tu peux nous faire tout le mal que tu veux, notre mort n’est pas une fin définitive. Au réveil, nous nous rassasierons du visage du Seigneur. Nous entrerons dans la vie éternelle, dans le cadeau que Dieu veut nous faire ». On est 160 ans avant JC.
« Mieux vaut mourir par la main des hommes quand on attend la résurrection promise par Dieu ». Finalement, ce que signifie cette parole, c’est que la mort, c’est triste, mais ce n’est pas grave. Parce qu’on ne nous enlèvera jamais le cadeau que Dieu nous a fait, ce cadeau de la vie.
Vie éternelle
Alors… à l’époque de Jésus, c’était encore en débat. Dans l’évangile on entend ce débat. Les Saducéens, ce sont les prêtres du temple de Jérusalem. Et eux ne croient pas bien en la résurrection des morts. Pour eux une fois qu’on est mort, on est mort ! Et on est au Shéol, on s’ennuie au plus profond de la terre. Alors ils essaient de piéger Jésus en lui donnant un exemple un peu surprenant. Une femme doit épouser sept hommes à la suite pour pouvoir avoir un enfant. Elle n’en a pas. Et quand elle ressuscite, elle est l’épouse des sept hommes ? C’est une bonne question. Cela nous interroge, nous interpelle… Est-ce que le mariage, l’amour humain, tient sa place dans l’éternité ? Jésus leur répond. Il nous répond que l’essentiel au ciel, le plus important, ce n’est pas d’avoir une union exclusive, ce n’est pas de chercher à avoir des enfants, le plus essentiel, c’est d’être enfant de la résurrection, enfant de Dieu et c’est le dernier verset, c’est de vivre pour lui : « au réveil, je me rassasierai du visage du Seigneur »… Le plus important, c’est cela, d’être dans la communion et la contemplation de Dieu.
Alors vous allez me dire… Mais le mariage, ça ne compte pas alors ? Mais si, mais si ! Ça compte car aujourd’hui sur la terre, qui, pour vous, est Dieu ? Comment s’exprime Dieu ? Comment vous parle-t-il ? On pourrait reprendre beaucoup de paroles de Jésus… Saint Jean résume : « celui qui dit j’aime Dieu et qui n’aime pas son frère est un menteur ». En fait, vouloir aimer Dieu, ça passe d’abord ou en même temps, par aimer son prochain. Et notre plus proche prochain, c’est votre mari ou votre femme, ce sont vos enfants, vos parents, frères et sœurs, et amis. Votre plus proche prochain, c’est celui qui est là maintenant à coté de vous… à coté de nous. Donc aujourd’hui, le mariage est essentiel, et croyez bien que cet amour qui unit l’homme et la femme, qui unit les parents à leurs enfants, les enfants à leurs parents, il ne compte pas pour rien. Il sera toujours présent, transfiguré, et donc très différent, et en même temps il sera là.
Amour
L’Amour… Finalement, on est parti de la résurrection, passé par la vie éternelle, et on arrive à l’amour car en fait, c’est le même mot. Quand on dit vie éternelle, on dit Amour. Tout à l’heure, à la fin de la messe, nous allons baptiser un petit enfant et je vais poser cette question aux parents : « que demandez-vous pour votre enfant à l’Eglise de Dieu ? » et ils me répondront « la foi qui donne la vie éternelle ». On pourrait dire aussi « qui donne l’amour », « qui donne Dieu lui-même », qui nous permet de vivre comme lui, qui nous permet de vivre pour Lui.
Je vais conclure en m’appuyant sur la prière d’ouverture. « Dieu qui est bon et tout puissant, éloigne de nous tout ce qui nous arrête. Afin que sans aucune entrave, ni d’esprit, ni de corps, nous soyons libres pour accomplir ta volonté ». Quelle est la volonté de Dieu ? Que nous vivions… de Sa vie à Lui. Et c’est la vie éternelle… Que nous vivions donc d’Amour.
Et pour cela il nous faut être libre. Il nous faut renoncer à tous nos esclavages, à tous nos liens, à toutes nos idoles… Finalement, c’est un peu le combat, entre les sept frères et Antiochos. Antiochos, il est l’esclave de ses idoles. Et les sept frères refusent d’être liés à ces idoles. Dans nos vies nous avons aussi des idoles, nous avons aussi des combats à mener… Alors tout seul, c’est un petit peu difficile. On peut s’appuyer les uns sur les autres, sur l’Amour qui nous unit. Finalement, dans le mariage, l’homme s’appuie sur sa femme pour aller au ciel. La femme s’appuie sur son mari pour aller au ciel. Et puis peut être encore plus important, le mari travaille à ce que sa femme aille au ciel et la femme travaille à ce que son mari aille au ciel…
C’est bien cela notre but, c’est qu’ensemble nous puissions louer, chanter, honorer, servir Dieu, c’est qu’ensemble nous puissions accomplir la volonté de Dieu. Tous, un seul cœur, une seule âme, comme un seul corps.
Abbé Gaël de Breuvand
C’est vrai qu’il est difficile cet évangile qui tourne autour d’une idée de résurrection qui ne nous est jamais très claire. Je crois que c’est tout à fait cela, la vie maritale, se faire la courte échelle mutuellement pour que celui ou celle qu’on aime puisse plus aisément franchir le seuil de la maison du père, le moment venu, et si il ou elle s’y est bien préparé (e), notre foi et notre espérance, c’est que l’entrée dans la lumière de Dieu le (ou la) transfigurera, lui révèlera tout le potentiel que l’amour humain ne fait qu’esquisser.