Retranscription (les titres sont ajoutés après relecture, le style reste très « oral »)
I – Aujourd’hui, Zachée et Jésus, rencontre et conversion
L’évangile que nous venons d’entendre, on le connait par cœur et on l’aime bien…
Mais en fait, Zachée, c’est quand même un sale type, c’est un collecteur d’impôts et à l’époque, le collecteur d’impôts paie l’impôt au nom de la cité, et il est ensuite chargé de récupérer ce qu’il a dépensé sur ses concitoyens. Et généralement les publicains avaient la main lourde, ils n’étaient pas très aimés. Et Zachée, non seulement est collecteur d’impôt mais il en est le chef. Et il est connu pour être un pêcheur.
C’est un homme qui, peut-être, se sent enfermé dans son mode de vie. On peut penser qu’il désire de belles choses mais qu’il ne voit pas comment en sortir. Et puis, on lui parle de Jésus qui doit venir. Alors il se dit « je vais m’approcher ». Et là, il y a grande foule. Vous avez déjà assisté à ce genre de réunion, autour du Pape par exemple à Rome, on voit rien, surtout si l’on est pas très grand, on sort son téléphone portable pour voir au-dessus, mais…
Zachée ne se démonte pas ; il aurait pu dire « tant pis », mais non, il monte sur le sycomore et de son arbre, il contemple, il regarde Jésus. Et là Jésus se tourne vers lui : « viens descends ! Aujourd’hui, je veux demeurer chez toi ». Aujourd’hui ! C’est le premier aujourd’hui de cet évangile. C’est celui de la rencontre. Et là, pour Zachée, c’est un changement. Il descendit vite et « il reçut Jésus avec joie ».
Réfléchissons un instant : combien de temps cela faisait-il que Zachée n’avait pas connu une vraie joie ? Cette joie qui vient lorsque toutes les choses sont en place, quand tout est dans l’ordre. On peut penser que Zachée a cherché tous les plaisirs possibles et imaginables, qu’il avait cherché le confort, mais que la joie, il ne l’avait pas vue, ressentie depuis bien longtemps. Et là, Jésus vient le visiter. Et Zachée le reçoit, et là, la joie vient.
Alors il y a quelques jaloux, « ils récriminaient, ils murmuraient : il est allé manger chez un homme qui était pêcheur »... Ils ne croient pas que Zachée a pu changer. Zachée lui-même, on lui aurait demandé, il aurait peut-être répondu que ce n’était pas possible. Et pourtant. Zachée se lève et annonce à tous : « je vais donner la moitié de mes biens aux pauvres. Et si j’ai volé quelqu’un, si j’ai fait du tort à quelqu’un, je lui rendrai 4 fois plus »… ce qui donne une idée de la fortune qu’il doit avoir. Il se rend bien compte qu’il ne l’a pas acquise que par des moyens honnêtes.
Sa vie a changé et non seulement sa vie change mais il veut changer la vie des autres. Parce que c’est bien ça, « je vais donner la moitié de ma fortune aux pauvres ». Ce n’est pas seulement pour faire bien, c’est parce que brutalement, parce qu’on s’est intéressé à lui, il se met à s’intéresser aux autres.
Et Aujourd’hui, ce deuxième aujourd’hui… « Aujourd’hui le salut est arrivé dans cette maison ». Car avec Jésus, cela aurait pu être une simple rencontre… « Bonjour… Oui c’est quelqu’un de bien » et cela aurait pu s’arrêter là ! Mais non, Zachée a accueilli le Seigneur chez lui, dans sa maison et dans son cœur. C’est bien cela l’essentiel. Lui aussi est un fils d’Abraham, non pas d’abord une filiation de sang mais une filiation de cœur, d’esprit, de foi.
Il y a quinze jours de cela dans l’évangile nous entendions cette parole : rien n’est impossible à Dieu. Même Zachée peut être sauvé, alors que lui-même en doutait certainement. Même chacun de nous peut être sauvé, même si parfois on en doute un peu. Et des merveilles de cette sorte, des personnes qui rencontrent le salut de Dieu alors que tout leur semblait perdu, il y en a plus qu’on le croit. Mais bien souvent cela reste dans le secret des cœurs.
II – Action de grâce pour le cadeau de Dieu
Alors quel est l’esprit de Zachée maintenant ? C’est l’action de grâce. Il va se tourner vers Dieu et lui dire merci. Il va faire « eucharistie », dirons-nous. Un peu comme dans la première lecture, dans le livre de la Sagesse. Nous avons un beau texte, une sorte de poème, un poème qui contemple Dieu. « Seigneur, le monde est devant toi comme une goutte au bord d’un seau… » Autrement dit, pas grand-chose ! « Et pourtant toi, Seigneur, tu t’intéresses à ce monde, tu t’intéresses à chacun des hommes qui y habite, tu t’intéresses à nous et tu veux notre joie, tu nous aimes… tu nous aimes. Tu fermes les yeux sur leurs péchés, pour qu’ils se convertissent, qu’ils se tournent vers toi et qu’ils rencontrent, qu’ils trouvent la joie ». C’est cela le projet de Dieu pour nous : la joie. Alors Zachée est plein de gratitude, il peut prendre à son compte ces paroles du livre de la sagesse. Il a accueilli le don de Dieu.
C’est ce que nous appelle à réaliser Saint-Paul dans la deuxième lecture. Saint Paul prie pour nous. « Nous prions pour vous à tout moment ». Il est en relation avec le Père, il le contemple et il demande quelque chose pour nous, car lorsqu’il s’adresse aux Thessaloniciens, il s’adresse à nous aussi. Et la plus grande prière qu’il souhaite, qu’il fait, ce qu’il souhaite pour nous, c’est que « notre foi soit active ». Vous savez la foi, c’est ce cadeau que l’on reçoit au baptême, c’est une vertu théologale. Un pur cadeau… On n’y peut rien… la foi, il n’y a que Dieu qui peut la faire grandir en nous. La foi c’est cette connexion qui établit une relation définitive avec Dieu. Mais la foi, une fois qu’on l’a reçue, on peut décider de s’en servir ou pas. Evidemment, c’est un immense gâchis de ne pas se servir du cadeau, du don de Dieu.
Que notre foi soit active, que la relation permise par ce don, cette vertu, soit effective, que nous accueillions Dieu dans notre vie, que nous nous offrions à lui, que nous faisions consonner notre volonté avec SA volonté. Ecoute Israël le Seigneur ton Dieu est l’unique, tu l’aimeras de tout ton cœur, de toute ton âme, ton esprit et tu aimeras ton prochain comme toi-même. Voilà la volonté de Dieu et ça commence par l’écoute. « Reçois, ouvre ton cœur » ! C’est ce qu’a fait Zachée ! Zachée, tout d’un coup. Brutalement ! Lui qui était un fils d’Israël, qui par le sang, normalement, aurait dû avoir une foi vivante, a tout d’un coup ouvert son cœur. Et ayant ouvert son cœur, ayant gardé un peu de curiosité, le Seigneur a pu l’interpeller. Et Zachée a accueilli le don que le Seigneur voulait lui faire, et Zachée a changé sa vie. Et Zachée a changé la vie de ses proches, de son prochain.
Envoi
Peut-être que cette semaine, on peut reprendre Zachée, relire ce texte. Pour nous, et moi, où est ma curiosité ? Comment est-ce que j’accueille le don de Dieu ? Comment est-ce que je laisse ma vie changer sous l’action de Dieu ? Et comment est-ce que je travaille à changer la vie des autres ? C’est cela être chrétien, des christs pour le monde…
Nous allons recevoir l’Eucharistie, nous allons recevoir Dieu lui-même, le Fils de Dieu, qui -lorsque nous communions en vérité- fait de nous fils, pleinement. Et puisque nous sommes fils, nous sommes partie prenante du projet de Dieu et la joie qu’il veut donner à chacun de nous, nous aussi il nous faut pouvoir la transmettre.
Abbé Gaël de Breuvand