« Seigneur, tu demandes à ton Église d’être le lieu où l’Évangile est annoncé en contradiction avec l’esprit du monde. Donne à tes enfants assez de foi pour ne pas déserter, mais témoigner de toi devant les hommes en prenant appui sur ta parole, par Jésus Christ, ton Fils… »
L’Église nous propose cette prière chaque mois dans la prière du matin de la liturgie des heures. C’est une prière de combat ! Elle nous rappelle que le Christ n’a jamais transigé avec le péché. Tendre envers le pêcheur, attentif, plein de miséricorde, il est capable de « sainte colère » lorsqu’il voit que l’homme s’enfer-re et s’enfer-me dans le péché.
Colère de Jésus face aux disciples qui écartent les petits enfants (Mc 10,13), colère de Jésus face à ceux qui se refusent à dire que l’on peut guérir le jour du Sabbat (Mc 3, 5), colère de Jésus face à l’hypocrisie (Mt 22,13-15), évidemment colère contre ceux qui pervertissent la Maison du Seigneur (Jn 2).
Nous aussi, nous pouvons être en colère : c’est une force qui s’exprime face à une situation désordonnée, face à des situations injustes. Mais cette force doit être contrôlée : une colère non maîtrisée est comme un torrent destructeur, une colère raisonnée devient une force positive.
Oui, la colère est bonne, si elle nous évite de tomber dans le « à quoi bon » ; oui, elle est bonne si elle nous permet de mettre en œuvre une charité réelle, concrète, inventive ; oui, elle est bonne si elle devient la force qui nous empêche d’être des guimauves ou des tièdes…
Elle peut être mauvaise si elle se trompe de cible et confond le péché et le pécheur… Elle est mauvaise si elle ne sert qu’à critiquer sans rien proposer, à n’être que comme des spectateurs, comme le public des jeux du cirque ;
Mais dans la grâce de Dieu, en prenant le temps de la prière, le Seigneur nous donnera la lumière pour discerner ce qui doit l’être.
Donc, non, face à cette situation que décrivait saint Paul : « Un temps viendra où les gens ne supporteront plus l’enseignement de la saine doctrine ; mais, au gré de leurs caprices, ils iront se chercher une foule de maîtres pour calmer leur démangeaison d’entendre du nouveau. Ils refuseront d’entendre la vérité pour se tourner vers des récits mythologiques » (2Tm 4,3-4), ne désertons pas ! Témoignons du Christ, à temps et à contre-temps, convaincus que c’est lui qui est la Parole de vie, la Parole qui nous donne la Joie… non pas le confort, mais la Joie.