Depuis quelques jours, nous voilà sortis du temps pascal et rentrés dans le temps dit « ordinaire ». Néanmoins, il ne faudrait pas confondre « ordinaire » avec « banal » ou « routinier ». Voyons à quel point le temps ordinaire est en réalité un temps extraordinaire.
Depuis le Carême et après Pâques, nous avons suivi Jésus pas-à-pas, comme les disciples, sans toujours le comprendre. Mais à la Pentecôte, les choses s’éclairent : la langue de Dieu, symbolisée par les langues de feu, devient audible et compréhensible par les Apôtres, qui peuvent à leur tour parler cette langue divine comme si elle était leur propre langue maternelle. Nous sommes donc faits pour parler la langue de Dieu ! Avec Dieu lui-même bien sûr (c’est la place de la prière – reprise de l’adoration chaque jeudi soir :), mais avec les autres aussi (c’est la place de la charité – qui a besoin de mon aide en ce moment ?).
Et ne pensons pas que cette langue nous soit étrangère, trop difficile à apprendre, ou trop lointaine à entendre ! J’ai réécouté avec joie le très beau discours au monde de la culture prononcé aux Bernardins en 2008 par le Pape Benoît XVI (disponible sur YouTube !). Pour lui, la langue de Dieu, la Parole de Dieu se dit toujours à nous à travers des paroles humaines. C’est le cas dans la Bible par exemple, où Dieu s’est adressé aux hommes à travers des prophètes. C’est le cas au plus haut point en Jésus qui est la Parole divine faite chair. Et cela continue : Dieu ne cesse de parler à travers l’annonce de l’Eglise, peuple de Dieu en marche.
Cela signifie que Dieu est compatible avec l’homme, qu’on peut le trouver au cœur de nos vies, qu’il ne faut pas le chercher dans un ailleurs refuge. Mais s’il se dit toujours à travers des médiations, cela signifie aussi qu’on peut passer à côté, qu’on peut ne pas réussir à décrypter sa Présence à travers toutes ces rencontres et paroles qui jalonnent notre existence. Demandons donc un regard clair pour être capable de voir le Seigneur présent dans chaque lieu de notre vie, en particulier là où on ne l’imagine pas, là où on ne l’attend pas, dans nos lieux d’épreuve et de péché.