Il y a quelques temps, un vieux prêtre à qui je me plaignais de la situation actuelle, pas facile pour vivre une vie paroissiale riche et belle, me faisait remarquer à juste titre que ça ne devait pas être facile non plus d’être prêtre pendant la guerre de 14, et que lui-même avait connu les remous de la période postconciliaire, avec le départ de nombreux prêtres de leur engagement sacerdotal. Sa remarque m’a fait du bien, et m’a aidé à ne pas me décourager. Les difficultés ne sont pas d’une époque mais de toutes !
Depuis, je suis tombé sur ces quelques phrases de Bernanos qui m’ont semblé d’actualité : « Vous ne devez croire à aucun prix que les événements dépassent aujourd’hui la mesure de l’homme, comme s’il ne vous restait plus qu’à les subir… Les événements n’ont pas plus de volume qu’avant, ce sont les hommes qui sont dévalués ». Dans cette conférence prophétique intitulée « La France devant le monde de demain » (1946), l’écrivain Bernanos appelait à un réveil spirituel de ses contemporains, un peu tentés comme nous de penser que l’Histoire est un gros rouleau compresseur devant lequel les libertés individuelles n’ont pas de poids.
Je constate au contraire comme les saints ont été ceux qui ont su tirer parti des circonstances pour vivre du Christ et rayonner d’une espérance. Voici encore ce que disait Bernanos : « L’espérance se conquiert. On ne va jusqu’à l’espérance qu’à travers la vérité, au prix de grands efforts et d’une longue patience. Pour rencontrer l’espérance, il faut être allé au-delà du désespoir. Quand on va jusqu’au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore ». Ces mots paraîtront noirs à certains, pour d’autres, ils reflèteront très exactement les difficultés du moment à traverser. Pour nous tous, ils sont un appel à ne pas craindre l’adversité et à prendre les moyens d’une relation nourrie avec Jésus-Christ, sans qui « nous ne pouvons rien faire » (Jean 15).
Belle et sainte année 2021 à chacun d’entre vous !