Chers paroissiens,
Soucieuses d’enrayer la propagation du virus, les autorités civiles ne nous permettent plus de nous rassembler, que ce soit pour les rencontres qui rythment notre vie paroissiale ou pour les célébrations de la Messe. A l’approche de ce nouveau dimanche « reconfiné », nous tenons à faire un point avec vous sur la manière dont nous vous invitons à vivre ce temps particulier, sur ce que nous avons décidé de faire et de ne pas faire.
Comment vivre ce temps particulier ?
Lorsque la barque tangue, il est bon de se fixer un cap et de s’y tenir. Nous exprimons ce cap en des termes simples en vous invitant à « fortifier l’homme intérieur » et à « garder le lien. »
Fortifier l’homme intérieur
Fortifier l’homme intérieur est une expression de Saint Paul (Éphésiens 3,16). Quelles que soient les contraintes extérieures, nous tiendrons fermes dans la foi, l’espérance et l’amour à condition que notre « homme intérieur » soit solide. Pour cela, il faut accepter d’être bousculé et parfois même dérouté. En un mot, il faut se convertir. Fortifier l’homme intérieur, c’est prendre racine dans la personne du Christ, par une relation à lui vivante et constante. Le Christ n’est pas absent de notre temps, il ne nous oublie pas et ce temps nous invite à le chercher plus encore. Alors, comme le dit encore Saint Paul, le Seigneur pourra réaliser « par la puissance qu’il met à l’œuvre en nous, infiniment plus que nous ne pouvons demander ou même concevoir. » (Ep 3,20)
Garder le lien
La situation est critique pour beaucoup d’entre nous, en particulier pour les malades, les plus isolés et les plus fragilisés par la crise actuelle. Gardons le lien entre nous et surtout avec les plus éprouvés. C’est à eux que revient la première place dans nos prières et nos préoccupations. Dans les circonstances présentes, n’oublions pas que la valeur des communautés se mesure à l’attention que nous portons aux plus petits. Soyons des témoins de cela. C’est un appel pressant que nous adressons à chacun. Concrètement, quel voisin puis-je appeler ou visiter, de qui suis-je appelé à prendre soin ?
Garder le lien entre nous, c’est aussi garder l’unité et la communion. C’est faire passer la charité fraternelle avant toute autre considération. Dans ce que nous faisons, ce que nous disons, Dieu nous garde d’utiliser son Église ou ses Mystères Sacrés comme instruments de nos opinions. Cette conversion-là est pour tous, et elle est permanente.
Ce que nous faisons et ce que nous ne faisons pas
« Ce que vous faites à ces petits qui sont mes frères… »
Sur le plan de la présence aux autres, les initiatives se multiplient pour garder le lien. Une chaîne d’appel téléphonique est organisée, les visites aux plus isolés et aux malades se poursuivent, un numéro d’écoute a été mis en place et nombre de groupes paroissiaux déploient des trésors d’ingéniosité pour développer des actions concrètes. Nous pouvons mentionner les visiteurs des malades, les Conférences Saint-Vincent-de-Paul, Alerte Solidarité, le Secours Catholique, les groupes scouts et bien d’autres. Notre principale difficulté reste le repérage des personnes les plus isolées ou les plus en difficulté. N’hésitez pas à nous aider dans cette tâche.
Rencontrer le Seigneur dans son Eucharistie
Dès le début de ce mois de novembre, plusieurs options ont été mises sur la table pour permettre aux chrétiens de se rassembler et de vivre l’Eucharistie. Au niveau national, un référé liberté a été porté par des évêques de France devant le Conseil d’État, mais il n’a pas abouti en faveur de la reprise des Messes en public. Au niveau du diocèse, nous savons que Mgr Michel Dubost est en lien régulier avec la Préfecture. Au niveau paroissial, nous sommes en lien avec les municipalités et les services de gendarmerie. Nous sommes heureux de pouvoir témoigner de la droiture et du dévouement de nos interlocuteurs. Nous remercions aussi les chrétiens qui, dans leur diversité, prennent contact avec nous pour nous partager leur sentiment et leurs propositions. Nous avançons tous dans l’inconnu, cherchant à nous adapter aux contraintes d’une situation inédite qui évolue et qui évoluera encore.
Par exemple, il avait été évoqué avec les curés du diocèse la possibilité de Messes à 10 personnes. Nous avons passé une matinée à planifier des célébrations sur les quatre communes, avec inscriptions, mais un démenti nous est parvenu l’après-midi même. D’autres possibilités ont été envisagées, comme la célébration de Messes en plein air, mais le Vicaire Général nous a répondu que ce n’était pas envisageable non plus.
Nous avons fait le choix de diffuser la Messe du dimanche sur la chaîne YouTube de la paroisse. Cela ne saurait « remplacer la Messe » mais beaucoup vivent ce temps dans un climat de prière et y trouvent un moyen de marquer le dimanche comme jour du Seigneur. Contrairement au premier confinement, la rencontre réelle du Seigneur dans l’Eucharistie est possible dans l’adoration eucharistique que nous proposons au long de la semaine dans les différentes communes. En cours de journée, les églises restent ouvertes ; n’hésitez pas à y venir prier. Il est aussi possible de recevoir le Sacrement de Réconciliation. Fortifions l’homme intérieur !
Depuis plusieurs jours, nous réfléchissons à la possibilité de proposer la communion en dehors de la célébration de la Messe. Nous avons eu plusieurs demandes en ce sens et nous savons que l’absence de communion sacramentelle est âprement vécue par certains.
Jusqu’à présent, Mgr Dubost nous demandait de réserver cette communion aux seuls malades. De fait, l’Eucharistie n’est pas une pratique de dévotion comme une autre et elle n’est pas seulement personnelle. Communier en l’absence de célébration et de communauté perd beaucoup de son sens. Cette semaine, Mgr Dubost a laissé aux curés la responsabilité de ce choix en réaffirmant que dans les circonstances présentes, une telle communion ne lui semblait pas forcément opportune. Nous avons pu échanger avec les curés de notre doyenné à ce sujet et nous nous sommes trouvés en accord. L’Eucharistie est un moyen pour notre conversion et notre communion. Si nous sommes momentanément privés d’un moyen, n’oublions pas la fin : la conversion et la communion.
Nous entendons bien que l’absence de communion sacramentelle est difficile. En conscience, ce qui nous apparait clairement comme un bien supérieur, c’est la communion avec l’Église, c’est-à-dire concrètement avec notre évêque, même si sa parole ne nous oblige pas. C’est aussi la cohérence pastorale avec les paroisses de notre secteur. Pour nous, c’est ici que commence concrètement l’unité de l’Église. C’est ici que commence l’Eucharistie, Sacrement de l’Unité. En ce sens, notre décision veut être un enseignement sur le sens profond de ce Sacrement.
La réflexion se poursuit, mais ce qui nous semble essentiel, c’est que l’Eucharistie reste le lieu de la Communion. Ce que nous vivons en ce moment, c’est ce que des milliers de français vivent à longueur d’année, en particulier dans les zones rurales. Comme prêtres, nous pensons à Charles de Foucauld, qui faute de peuple, restait de longues semaines sans célébrer la Messe, là-bas dans son désert du Sahara. Prions pour les peuples sans prêtre et les prêtres sans peuple. Voilà une belle occasion de prier avec ferveur pour les vocations sacerdotales.
Voilà ce que nous tenions simplement à vous partager à ce jour. Nous comptons particulièrement sur votre prière à tous. Priez pour que le Seigneur nous inspire les justes attitudes et les justes décisions.
Bien sûr, nous restons liés par les liens de la foi, de l’espérance et de la charité !
Pères Vincent GÉRARD, Luc GARNIER et Étienne ROCHE