Homélie du 7e dimanche de Pâques – 2 juin 2019
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale.
I – Étienne, instrument de l’Esprit-Saint
Étienne était rempli de l’Esprit Saint. Et, alors qu’il est face à ses accusateurs, il contemple et il voit la gloire de Dieu. Que voit-il ? Il voit le Christ, debout, à la droite du Père. Cette vision, c’est d’abord – avant d’être une vision matérielle avec ses yeux de chair – une vision de foi. Il voit les cieux ouverts, parce qu’il y a peu de frontière entre ciel et terre. Nous sommes déjà invités à vivre au ciel. Il voit le Christ debout, ce Christ ressuscité qui est assis à la droite du Père, Il est donc comme Dieu. Il est le Messie, Il est le Fils de l’Homme, Il est celui que le peuple juif attendait. Il est notre Sauveur. Et quand il énonce tout cela, cela scandalise les Juifs, et il se fait tuer. Mais il est rempli de l’Esprit Saint, qui lui a donné la foi et lui a aussi donné la charité, l’amour de Dieu lui-même et, en mourant, il aime ceux qui sont en train de le faire mourir : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché. » Oui, il est à la suite du Christ, il imite Jésus en toute chose. Vous savez que les Actes des Apôtres, on pourrait l’appeler « l’évangile de l’Esprit Saint » après l’évangile de Jésus-Christ… C’est Dieu lui-même, donné, tel un cadeau pour chacun de nous, qui agit à travers Étienne. Alors il nous faut demander cet Esprit. Pourquoi ? Parce que c’est Lui qui veut venir habiter en nous. C’était la promesse que nous avons entendue jeudi : « Je vous enverrai une force, celle de l’Esprit Saint, et alors vous serez mes témoins. » Cet Esprit Saint vient habiter dans nos cœurs. Et puisqu’Il habite dans nos cœurs, Il nous aide à entrer en relation avec le Père, avec le Fils.
II – « Viens Seigneur Jésus » , le cri de l’Esprit en nous
C’est le récit, la vision encore, de saint Jean dans l’Apocalypse. Voilà ce qu’il voit. Il voit le Christ qui se présente, qui lui parle et qui nous annonce que « l’Esprit et l’Épouse me disent : Viens ». Cet Esprit, c’est l’Esprit de Dieu. Et qu’est-ce que l’épouse ? C’est l’Église toute entière, mais c’est aussi chacun de nous. Nous sommes invités à nous unir à l’Esprit Saint pour pouvoir dire au Christ « Viens ». Et d’ailleurs nous le disons à chaque messe, deux fois principalement : « il est grand le mystère de la foi, nous proclamons Ta mort, nous célébrons Ta résurrection, nous attendons Ta venue, nous attendons que tu viennes, nous sommes là à proclamer jusqu’à ce que Tu viennes et nous T’attendons, Seigneur. » Vite, viens. Et puis un petit peu plus loin, juste après le Notre Père, « délivre-nous, Seigneur, de tout mal, et nous attendons le bonheur que Tu nous as promis, l’avènement de Jésus-Christ, notre Seigneur. » « Viens Seigneur ». Et c’est tellement important que c’est le dernier mot de la Bible. Ce chapitre de l’Apocalypse que l’on vient d’entendre, c’est la toute fin de l’Apocalypse, qui est lui-même le dernier livre du Nouveau Testament, qui est lui-même la dernière partie de la Bible. Comme dernier mot, la Parole qui nous est donnée, c’est : « Amen, viens, Seigneur Jésus. » « Amen, viens, Seigneur Jésus ». Et juste avant, on a entendu cette promesse : « Oui, Je viens sans tarder. » Il vient dans la gloire. Mais nous ne pouvons être impatients de sa venue que si nous accueillons le Christ dans l’Esprit Saint dans nos cœurs. Oui, désirer la venue du Christ, désirer Dieu, c’est déjà une œuvre de Dieu. Si on ne s’appuie que sur nos propres forces, on aura la perception qu’il nous manque quelque chose, qu’il y a quelque chose en nous qui appelle plus grand ; mais pour désirer Dieu lui-même, pour oser désirer Dieu, oser croire que Dieu peut venir habiter en nous, il faut la Foi, ce don, ce cadeau de l’Esprit Saint.
III – La Foi, don de l’Esprit
Dans quelques instants, comme chaque dimanche, nous allons communier, dans quelques instants, comme chaque dimanche, le Christ lui-même va venir habiter en nous. En fait, nous sommes déjà dans une anticipation de ce moment où Il va venir dans la gloire. Il est déjà là parmi nous. Nous le voyons aujourd’hui avec les yeux de la foi. C’est l’Esprit Saint qui nous fait reconnaître dans ce petit morceau de pain quelque chose qui est beaucoup plus qu’un petit morceau de pain. C’est l’Esprit Saint qui nous fait reconnaître dans ce vin beaucoup plus qu’un peu de vin ; mais bien le Corps et le Sang de Jésus. Alors l’Esprit nous est envoyé par le Christ, des mains du Père, et c’est ce que nous allons célébrer, dans quelques jours, la semaine prochaine pour la Pentecôte. Mais ce don n’est pas réservé qu’aux apôtres, il est pour chacun de nous. Et nous, nous l’avons reçu au baptême, à la confirmation, mais en fait nous le recevrons à chaque sacrement, chaque fois que nous ouvrirons nos cœurs. Et la pédagogie de l’Église, qui nous permet chaque année de fêter Pentecôte, nous permet à chaque fois d’ouvrir un peu mieux nos cœurs, à ce cadeau. C’est pour cela que pendant cette semaine nous faisons un peu une neuvaine et nous appelons l’Esprit Saint ; « Viens, Esprit saint, viens dans nos cœurs », parce que quand Tu es dans nos cœurs, alors nous pouvons vraiment désirer Dieu, nous pouvons vraiment le reconnaître là où Il est. Et alors nous pouvons vivre à la manière de Dieu, autrement dit, en aimant : « Je leur ai fait connaître Ton Nom et je Le ferai connaître pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux ». « Aimez-vous les uns les autres comme Moi, je vous ai aimés. » Quand je dis cette phrase, je tremble ! Vous imaginez à quel point c’est exigeant, aimer à la manière du Christ ? Est-ce possible pour nous ? C’est pour cela qu’on a besoin du Saint Esprit. Cet Esprit qui nous unit, qui est comme le sang qui coulerait dans le corps de l’Église, qui fait que chaque cellule est vivante.
Et alors, puisque nous sommes unis les uns aux autres, c’est ensemble que nous pouvons nous tourner vers le Christ, remplis de l’Esprit Saint, en criant : « Viens, Seigneur Jésus. »