Homélie 26 mai 2019, 6e dimanche du Temps Pascal, année C –
Par l’abbé Gaël de Breuvand
C’est la transcription d’une prédication orale… les titres sont ajoutés après retranscription
On vient d’entendre ces lectures, mais je ne suis pas sûr qu’on les ait déjà intégrées, parce que ce sont des textes qui ne sont pas si faciles à aborder. Et pourtant, il y a un lien entre ces trois textes, entre cet évangile, cette Apocalypse, et ces Actes des Apôtres. Et le lien,
c’est qu’on
nous parle de la source, de l‘origine de toutes choses, de notre foi,
on nous parle du but à atteindre,
et on nous parle du chemin pour y arriver.
I – la Source
Alors, l’origine, c’est quoi ? C’est Jésus lui-même, et la Parole qu’Il nous a donnée. Cette Parole qu’on a entendue la semaine dernière : « Je vous donne un commandement nouveau, aimez-vous les uns les autres, comme Moi Je vous ai aimés. Cette Parole n’est pas de Moi, elle est du Père. » Et nous sommes invités à vivre selon ce principe, selon cette règle, selon cette loi, parce que c’est la condition de notre bonheur. Alors, effectivement, au fond de notre cœur, cela fait écho. Oui, aimer, c’est quelque chose qui est fait pour nous. Et en même temps, aimer à la manière de Jésus, jusqu’à l’extrême, jusqu’au bout, sans jamais compter, est-ce que c’est vraiment à notre niveau ? Eh bien, tout simplement, on peut arriver humblement devant Dieu et dire « Seigneur, Tu sais bien que ce n’est pas à notre niveau. » Et c’est là que le Christ continue : « Le Défenseur, L’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, Lui vous enseignera tout », ‘y compris la manière d’aimer, en vérité, en esprit, tout entier, dans un vrai don total. Il nous l’enseignera’. Au point de départ, la source de toute chose, l’Origine, c’est Jésus.
II – Le but
Et puis, nous avons entendu ce texte de l’Apocalypse, la Révélation, le dévoilement ; c’est ce que signifie le mot « Apocalypse ». Saint Jean est en exil à Patmos, il a un certain nombre de visions, et nous arrivons à la fin du texte de l’Apocalypse, et il voit : il voit « la cité sainte », Jérusalem, qui n’est plus sur terre, mais qui descend du ciel. Cette cité sainte, nous sommes invités à en devenir citoyens. Nous sommes faits pour cela. Cette cité sainte, c’est bien évidemment une image de ce à quoi nous sommes appelés, et ce que nous vivrons dans l’Éternité. Une cité sainte, c’est-à-dire une rencontre entre personnes, un lieu social qui accomplit pleinement ce pour quoi il est fait, c’est-à-dire se tourner vers Dieu. Nous sommes un peuple appelé à nous tourner vers Dieu. Et, on peut déjà commencer aujourd’hui. On peut commencer aujourd’hui à nous tourner vers Dieu, ensemble. Mais le but ultime, c’est que, au ciel, avec nos corps, réunis en une cité, nous puissions nous tourner vers le seul Seigneur, le seul Dieu, le seul digne d’être aimé pleinement. Et ensemble, en nous aimant les uns les autres, nous aimerons Dieu. C’est cela le but. Du coup, nous sommes invités à nous entraîner dès aujourd’hui, et c’est pour cela que l’on entend ce commandement : « Aimez-vous les uns les autres comme Moi Je vous ai aimés. »
Le point de départ : le Christ. Le point d’arrivée, c’est nous, réunis en une cité, en un peuple, tournés vers le Seigneur : contemplation de Dieu. La gloire de Dieu l’illumine, et son luminaire c’est l’Agneau, Jésus ressuscité.
III – le chemin
Et puis, pour passer du Christ à la contemplation de Dieu, en direct, eh bien on nous a donné la Première Lecture, ce livre des Actes des Apôtres. Vous le savez, saint Luc a écrit deux livres. Le premier livre, c’est l’Évangile, son tome 1 : il parle de Jésus, il nous montre Jésus agissant, il nous montre Dieu incarné. Et puis, il écrit un deuxième livre, ce sont les Actes des Apôtres, qui sont, d’une certaine manière, « l’Évangile du Saint Esprit ». Parce que le premier acteur, dans les Actes des Apôtres, c’est l’Esprit Saint. Et ces Actes des Apôtres se terminent un peu en queue de poisson : parce qu’en réalité, ce livre n’est pas terminé, il continue jusqu’à aujourd’hui. Nous sommes toujours dans les Actes des Apôtres.
Et on voit la situation en l’an 50 : il y a une controverse entre des gens qui sont attachés au Christ et des gens qui sont attachés au Christ… Ils sont d’accord sur l’essentiel, mais pas tout à fait d’accord sur les moyens pour y parvenir. Il y a ceux qui sont d’origine juive, et plus précisément de Judée, autour de Jérusalem, et ils découvrent qu’il y a des chrétiens qui sont d’origine païenne. Tous ces gens-là aiment le Christ. Mais les Judéens se disent : ‘si vraiment ils aimaient le Christ, ces anciens païens, ils se feraient juifs comme le Christ’. Parce que le Christ était vraiment juif, il priait au temple, il priait à la synagogue, il a fait sa barmitsva, il a été circoncis. Donc, si ces nouveaux chrétiens veulent vraiment suivre le Christ, il faut qu’ils suivent tous les commandements de la loi juive. Et puis, d’un autre côté, il y a Paul et quelques autres qui disent ‘non, non, la loi juive, elle était là pour nous conduire au Christ. Maintenant que nous avons le Christ, une bonne partie de cette loi juive tombe, dont on n’a plus besoin. L’essentiel, c’est le Christ !’ Alors, vous imaginez ce genre de controverse, avec des gens qui sont tous de bonne foi… cela devient compliqué.
Donc quand ça devient compliqué, eh bien on va voir l’autorité : ce sont les apôtres qui sont à Jérusalem, et on leur présente le problème. Et les apôtres réfléchissent, ils prient. On dit que ce moment s’appelle le premier concile, c’est le « concile de Jérusalem ». Pour la première fois l’Église se réunit en tant qu’Église pour décider. Et quand ils décident, c’est une formule qui est étonnante : « l’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé. » C’est l’Esprit Saint le premier acteur. C’est Lui qui offre la solution, qui est une solution assez géniale, puisqu’à la fois il est demandé aux Judéens de ne pas imposer la loi juive et tous ses commandements, ses 613 commandements, aux nouveaux chrétiens d’origine païenne et, à la fois, il est demandé aux païens de respecter les coutumes et les habitudes juives. Et à la fin : « bon courage ! » Parce que ce ne sera pas facile. On le voit bien, cela fait 2000 ans que l’Église existe, et cela fait 2000 ans que ce n’est pas facile, que l’on trouve toujours des moyens de disputes et de dissensions ; et c’est d’autant plus douloureux et d’autant plus sensible lorsque tout le monde est de bonne foi. Alors, il faut nous mettre sous le regard de l’Esprit Saint. C’est Lui qui peut nous offrir et nous ouvrir les routes, nous proposer les solutions, c’est Lui qui nous fera connaître la vérité toute entière.
Finalement, si, de tout ce que je viens de dire, s’il y a une chose à se rappeler, c’est que la source et l‘origine de toute chose : c’est le Christ. Notre finalité, notre but, c’est de nous tourner tous ensemble, comme un peuple uni, comme un corps, vers le Père, vers Dieu tout entier qui nous illumine ; et que pour aller du Christ à la contemplation de Dieu, nous avons besoin de l‘Esprit Saint. Et pour accueillir l’’Esprit Saint dans nos vies, il y a à la fois, beaucoup de moyens, et peu… Mais il y en a quelques grands : la vie des sacrements, la prière, la lecture, la méditation de la Parole de Dieu. Ce n’est pas très compliqué ; ce n’est pas très compliqué mais il faut le décider. Nous n’y arriverons pas si nous ne choisissons pas de nous mettre à l’écoute de l’Esprit-Saint. Alors, demandons au Seigneur de nous ouvrir le cœur, puisque, dans quatre jours maintenant, l’Ascension va faire disparaître le Christ à nos yeux, puisque, dans quinze jours, nous allons célébrer la Pentecôte, et ce sera l’occasion pour nous d’accueillir l’Esprit Saint encore une fois dans nos vies. Alors, dès aujourd’hui, commençons à demander : « Seigneur, ouvre mon cœur afin que je puisse être tout entier à Ton écoute, que Tu puisses habiter chez moi ; viens, Esprit Saint. »