Homélie du 5e dimanche de Pâques, 19 mai 2019, avec des premières communions
Par l’abbé Gaël de Breuvand
C’est la transcription d’une prédication orale, les titres sont ajoutés ensuite
C’est un moment de joie, de fête, car Dieu, le Seigneur lui-même, le Créateur du ciel et de la terre, celui qui possède toute la gloire, vient au milieu de nous. Et s’Il vient au milieu de nous, c’est pour nous transmettre ce qu’Il possède : Sa vie. Il vient nous donner Sa vie.
I -La gloire appartient à Dieu
On a entendu dans l’Évangile : « au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, Jésus leur dit : « Maintenant le Fils de l’Homme est glorifié et Dieu glorifié en Lui. Si Dieu est glorifié en Lui, Dieu aussi Le glorifiera ; et Il Le glorifiera bientôt ». » Cela fait 1 ligne et demie, et on a 5 fois le mot « glorifié ». Alors, peut-être faut-il se poser la question : qu’est-ce que cela veut dire ? Car moi, la première fois que je l’ai lu ou entendu, je n’ai rien compris. Alors, qu’est-ce que cela veut dire, la gloire ? Qu’est-ce que c’est, la gloire ? Lorsqu’on va chercher dans l’hébreu, le mot qui est utilisé c’est « kavod » ; et « kavod » désigne ce qui est pesant, ce qui est lourd. Et qu’est-ce qui est lourd, qu’est-ce qui est vraiment pesant ? Ce qui a du poids, eh bien, c’est Dieu. La gloire, c’est la caractéristique de Dieu. Et c’est la caractéristique que l’on peut voir, d’une certaine manière. De fait, sur la terre, on utilise aussi le mot gloire. Quand quelqu’un a de la gloire, c’est qu’il est riche, qu’il est célèbre, puissant, confortable, populaire, je ne sais… Mais nous savons bien que cette gloire-là, elle passe. Vous êtes une star aujourd’hui, demain vous ne le serez plus… Et puis, un jour vous mourrez, et on vous aura oublié. Tous les grands hommes de l’Histoire, nous les avons oubliés en majeure partie. Donc ça passe. En revanche, la gloire de Dieu, elle, elle ne passe pas, c’est ce qu’est Dieu.
II – la Gloire, c’est aimer
Alors qu’est-ce que c’est que la gloire de Dieu, comment elle se caractérise, comment elle se définit ? Eh bien, Jésus nous l’explique. Jésus nous dit que la gloire de Dieu, ce qu’est Dieu, c’est Amour. Amour. On a déjà réfléchi à ce que cela voulait dire : « aimer ». La gloire, c’est aimer. Aimer. Et donc Jésus nous le dit : « Aimez-vous les uns les autres, comme Moi, je vous ai aimés. » Parce que « aimez-vous les uns les autres », ce n’est pas très original, on l’a à peu près tous au fond du cœur : on est capable d’aimer son mari, sa femme, ses enfants, ses cousins, ses voisins… Ce n’est pas toujours facile, mais on en est capable. Mais Jésus nous dit : « Aimez-vous les uns les autres, comme Moi je vous ai aimés. » Et vous savez comment Jésus a aimé ? Il a tout donné, tout. Il a tout pardonné, tout. Et Il a continué à aimer. Ce passage de l’Évangile est au chapitre 13 de l’évangile selon saint Jean. Et il suit cet épisode du lavement des pieds. Vous savez, Jésus a enlevé son manteau, Il a mis un linge autour de sa taille, Il s’est mis aux genoux de ses disciples, et il leur a lavé les pieds, à tous : à ceux qui voulaient bien et à ceux qui ne voulaient pas ; à tous, ceux qui sont restés ses amis et ceux qui l’ont trahi, comme Judas. Alors que Jésus savait qu’il allait le trahir, Judas a eu les pieds lavés ; et Jésus ne regrette rien. Quand Jésus est sur la Croix, parce qu’Il aime jusqu’à mourir sur une Croix, pour nous, pour nous donner le « comment faire », le mode d’emploi de l’amour. Quand Il est moqué, quand il est insulté, battu, Il aime et Il pardonne. Nous sommes invités à aimer comme cela. Si nous sommes insultés, si nous sommes trahis, si nous sommes blessés, nous sommes invités, appelés, à aimer. Et c’est alors que nous touchons à la gloire de Dieu, cette gloire que Dieu veut donner. Il la donne, en premier lieu, à Jésus Son fils, et Jésus veut nous la faire partager, Il nous la donne, à nous. Vous me direz : « c’est beau, tout cela, mais est-ce vraiment humain, pouvons-nous le faire ? Est-ce qu’on peut le vivre ? » Eh bien, je vous répondrai que non, on ne peut pas. En tout cas, si on essaie par nos propres forces d’aimer à la manière de Jésus, on ne va pas y arriver… et c’est pour cela que l’on a besoin de prendre du temps avec Dieu et de se laisser remplir par Lui. Dans quelques instants, sur cet autel, Jésus va dire : « Ceci est Mon Corps, ceci est la coupe de Mon Sang, donnés pour vous », et pour moi. Et moi, je suis invité à accueillir ce don ; et c’est alors que je deviens capable de transmettre, de porter, cet amour à d’autres.
III – L’Eucharistie, Jésus lui-même qui se donne
Voilà, dans quelques instants, sept d’entre nous – ils sont là – vont recevoir Jésus pour la première fois. C’est Jésus qui vient. On ne réalise pas bien, car Il l’a déjà fait : Jésus, Fils de Dieu, s’est montré à nous tel un homme, qui est mort et ressuscité. Dans quelques instants, Jésus, Fils de Dieu, un homme, va se montrer à nous sous une forme très humble, très petite : c’est un petit morceau de pain, même pas très bon, c’est un peu de vin, un peu meilleur quand même… Il se donne à nous comme nourriture, et c’est vraiment Lui.
Je vais vous raconter une histoire : celle de la petite souris. Il se trouve que la petite souris habite dans cette église et lorsqu’il y a des choses à grignoter, elle les grignote… Il se trouve que – on n’a pas fait exprès, on n’aurait pas dû car ce n’est pas bien et ce n’est pas bon – il y a une hostie consacrée, qui est le Corps du Christ, qui est tombée à côté de l’autel, là-bas, et la souris est venue grignoter cette hostie consacrée. Est-ce qu’elle a mangé le Corps du Christ ? Eh bien, notre Foi dit que oui, elle a mangé le Corps du Christ. Par contre, elle n’a pas reçu Dieu dans sa vie, elle n’a pas été capable de communier, d’être unie à Lui… Alors, j’ai un souhait pour chacun de nous, pour vous, pour nous tous : c’est que lorsque nous communions, nous ne soyons pas comme des petites souris : le but n’est pas de grignoter Jésus, le but n’est pas de manger Jésus, c’est de communier avec Lui, d’unir nos cœurs au Sien. Mère Térésa, qui a une belle parole, disait aux prêtres, mais cela s’applique à nous tous : « Quand vous êtes à la messe, il faut que cette messe-là soit comme si c’était la première messe de votre vie. » Aujourd’hui c’est votre « Première communion », donc ce n’est pas très difficile de penser que c’est la première. Il faut penser « comme si c’était la seule messe de votre vie », la seule communion, donc il ne faut pas la rater. Il faut être là, « comme si c’était la dernière messe de votre vie », et là encore, quand c’est la dernière fois que l‘on vit quelque chose, il ne faut pas le louper…
Hier, nous avons eu un mariage dans cette église, et de fait les mariés sont invités à s’unir ; ce n’est pas qu’une question corporelle : c’est une question de cœur, d’esprit et de corps, et tout cela va ensemble. De fait, la communion à la messe ressemble beaucoup à une union conjugale. Alors, pensons-y. Et puis, normalement, une union conjugale, cela change notre vie, voire beaucoup quand il y a un enfant qui vient. Eh bien, la communion, c’est pareil : chaque fois que l’on communie, cela doit changer notre vie. Et quand on sort, on doit être des témoins de l‘amour de Dieu, on doit être des lumières.
Et c’est le dernier mot, c’est ce que fait saint Paul, on l’a entendu dans les actes des Apôtres, lors de la Première lecture. Il a annoncé le Christ, et alors Dieu « a ouvert aux païens la porte de la Foi ». Si nous sommes des témoins, si nous accueillons Dieu dans notre vie et que nous Le laissons sortir de nous, alors la porte de la Foi sera ouverte ; et la porte de la Foi, c’est ce qui donne la vie éternelle, la vraie Vie, la vie dans la joie. Et cette vie dans la joie, elle commence maintenant.