Homélie du 4e dimanche du TO, par le père Dino Gbebe
Aucun prophète n’est bien reçu dans son pays… L’accueil de Jésus dans sa ville natale se solde par un cuisant échec. Dans la synagogue de Nazareth, ses concitoyens passent vite de la bienveillance à l’hostilité, choqués et déçus par ses propos remuants. Pour expliquer la mésaventure, Saint Luc rapporte le dicton de Jésus à l’égard de ses auditeurs : « Aucun prophète n’est bien reçu dans son pays ». Oui, parce qu’on se trompe si facilement sur son identité, sa mission et l’arme de son combat.
Chers amis, ramenons cet évangile dans notre contexte actuel. Si Jésus revenait aujourd’hui, serait-il reçu dans nos églises et dans nos groupes ? Aurait-il encore une place, serait-il écouté, accueilli, aimé ? Nous faisons tant de choses pour lui, mais surtout, qu’il ne nous dérange pas ! Nous causons si souvent de lui, mais surtout, qu’il ne nous parle pas ! Nous savons tout de lui, mais saurions-nous le reconnaître ? Il a besoin de nous, mais avons-nous vraiment besoin de lui ? Jésus est revenu, aujourd’hui, il est présent parmi nous, il a frappé à la porte de nos réunions, de nos maisons, il est là dans nos rues, il est venu à la messe, il s’est assis à côté de nous. Il est l’autre, celui qui ne pense pas comme nous, celui qui ne connaît pas le langage codé de nos groupes, celui qui peut-être ne sait rien de notre religion. Il est l’étranger, l’isolé, l’oublié : Naaman le lépreux Syrien, la pauvre veuve de Sarepta… Il est l’autre, celui que nous côtoyons chaque jour et dont nous savons tout, cet homme ou cette femme que nous supportons chaque jour et qui n’a rien de nouveau à nous apprendre, dont nous avons fait le tour, dont nous connaissons les moindres défauts et les petites manies… « Aucun prophète n’est bien reçu dans son pays ». Alors, si nous ne le retenons pas, il partira ailleurs, il ira rencontrer ceux qui, comme lui, cherchent encore quelque chose, ceux qui n’ont pas tout trouvé, ceux qui lui souriront, qui feront attention à lui. Il ira ailleurs, passant au milieu de nous, il ira son chemin.
Si le malheur qui est arrivé au peuple de la première alliance allait se répéter aujourd’hui : Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu (Jean 1.11). Au cours de cette eucharistie dominicale, Jésus vient nous parler, mais nous savons par cœur ces lectures, et nous connaissons le sermon du curé… Pourtant, par eux, Dieu nous adresse un message que nous n’avons jamais entendu, une vérité qui peut bouleverser notre routine. Jésus est déjà au milieu de nous, car nous sommes réunis en son nom. Il va venir dans l’Eucharistie. Ne laissons pas l’habitude étouffer sa présence, ouvrons nos cœurs. Il est toujours nouveau, l’inattendu. Ne le laissons pas passer son chemin…Il est le fils de Dieu, plein de tendresse. Son unique arme de combat est l’amour, dont l’apôtre Paul décrit les caractéristiques essentielles dans la deuxième lecture de ce dimanche. Il n’y a rien de plus grand que l’amour. Je suis heureux ce matin de voir ces jeunes couples en préparation au mariage. Vous avez le regard plein d’amour en étant l’un à côté de l’autre et c’est facile pour vous de dire « je t’aime ». Oui, le secret du mariage c’est l’amour. Mais ce qui importe, ce n’est pas de parler de l’amour, mais de dire en quoi il consiste. C’est-à-dire qu’il est plus important d’aimer que de faire des miracles, que de faire beaucoup pour autrui par orgueil.
Chers amis, vivons notre quotidien dans l’amour. L’amour est la seule chose que nous emporterons avec nous à la fin de la vie. Car, l’intelligence sans l’amour produit la perversion. La justice sans l’amour rend intransigeant. La douceur sans l’amour rend arrogant. La richesse sans l’amour rend avare. La beauté sans l’amour rend ridicule. La vérité sans l’amour rend blessant. La loi sans l’amour transforme en dictature. La foi sans l’amour rend fanatique. Seul l’amour transforme la croix. Seul l’amour nous comble de joie. Seul l’amour nous trace la voie. Seul il nous élève…
et l’amour, mes chers amis, c’est Dieu en vous et moi.
Demandons au Seigneur de nous apprendre à discerner sa présence dans le banal et le quotidien. Bref en tout où il se cache. Amen ! rl