par le père Dino Gbebe
Vous est-il déjà arrivé de chercher désespérément et pendant longtemps un objet que vous avez pourtant devant les yeux ? Une montre, peut-être, que vous avez au poignet ? Ou encore une clef que vous avez dans la main ? Si c’est le cas, rassurez-vous ! Le monde compte beaucoup plus de personnes distraites que vous ne pensez.
En cette fête liturgique du baptême de Jésus, prenons le temps de redécouvrir ensemble la beauté et la dignité de cette grâce qui nous a été accordée, et que nous laissons trainer distraitement sans nous en rendre compte.
Qu’est-ce alors le baptême ?
La première idée qu’évoque est celle de la purification, de la régénération, de la libération du mal. C’est d’ailleurs la fonction essentielle des bains rituels prescrits par l’Ancien Testament que l’on peut considérer comme les annonces lointaines du baptême chrétien : Naamân s’est plongé sept fois dans le Jourdain pour se purifier ; la purification par l’eau était exigée des prêtres avant l’entrée dans le tabernacle ; de même, les lépreux avant de retourner dans le camp devaient subir des rites de purification.
La purification était donc exigée de tous ceux qui voulaient s’approcher de Dieu. Ils devaient se séparer du péché. Bien que cette idée se retrouve dans le baptême que propose Jean, on note cependant une différence importante entre ces bains purificateurs et le rite qu’il accomplit dans les eaux du Jourdain. Désormais ce n’est plus le fidèle lui-même qui se lave pour se purifier afin de se présenter devant Dieu mais un autre qui le plonge dans les eux en signe de pénitence et de conversion pour se préparer à la venue du Messie. La dimension morale du péché prend le pas sur celle de l’impureté légale. Plus tard, St Paul n’hésitera pas à parler d’une nouvelle naissance : « Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle ». (Rm 6,4). Voila pourquoi, lors de la célébration du baptême, la liturgie prévoit le rite de la renonciation au mal sous toutes ses formes, en particulier au diable qui en est l’auteur, ainsi qu’un rite de vêtement blanc qui symbolise la pureté conférée par le sacrement.
Chers amis, reconnaissons le. Le baptême est un sacrement de notre renonciation au péché. Sommes-nous vraiment conscients qu’avec le sacrement du baptême, nous sommes passés du régime du péché à celui de la grâce et que nous devons constamment chercher à nous libérer des entraves du mal ?
Pour tester la sincérité d’un jeune un faible d’esprit qui venait constamment se plaindre de ses difficultés à résister aux péchés capitaux, un prêtre lui dit un jour qu’il pouvait lui donner une prière efficace qui le guérirait définitivement de sa tendance à la luxure. Si tu fais cette prière, tu n’auras même plus envie de pécher, lui dit-il d’un air malicieux ; veux-tu que je te la donne ? Après un moment de réflexion, le jeune homme lui répond : « Mon Père, je préfère garder mes péchés et demander pardon chaque fois que je les commets, car sans mes péchés, je crois que ma vie n’aura plus de goût. N’est-ce pas ce que pensent nombreux de nos fidèles ? Soyons sincères : voulez- vous vraiment rompre avec le péché ? Que faites-vous sérieusement pour cela ?
Jean proposait un baptême de purification aux foules qui accouraient vers lui ; en venant à lui, Jésus marque sa solidarité avec notre humanité de pécheurs qu’il vient racheter. Mais, comme vous l’aurez sans doute remarqué, pour le Christ le rite d’eau n’occupe qu’une place subsidiaire. Dans le passage de St Luc qui nous est proposé en cette fête, le récit est plutôt centré sur la théophanie qui se déroule après l’immersion dans le Jourdain.
Le baptême est une plongée dans le mystère trinitaire. D’après l’évangile de Luc, les cieux se déchirent, l’Esprit descend sous la forme d’une colombe et la voix du Père proclame que Jésus est son Fils bien-aimé. Les manifestations qui entourent le baptême de Jésus mettent en lumière ce qui se réalise lors de la célébration de tout sacrement de baptême. Même si cette scène ne se reproduit pas de manière visible, l’Eglise nous rappelle que c’est bien cela qui advient dans la foi. Tout baptisé devient donc « fils bien-aimé du Père », « temple de l’Esprit Saint ».
C’est ce sacrement qui fait de nous des enfants de l’Eglise, le peuple de Dieu. « Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ Jésus. » (Ga 3, 27-28). En effet, le baptême n’est pas simplement une porte d’entrée dans l’Eglise mais le début d’un processus, un nouveau départ avec le Christ, notre Maître et Serviteur. Car, l’exemple qu’il nous donne aujourd’hui est celui de l’humilité et d’abaissement. Donc, à chaque pas que nous cheminons avec le Christ, nous devons choisir la vérité et la sainteté et rejeter au mal.