Devenir saint !
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale ; Les titres sont ajoutés après transcription.
Tous saints…
Nous fêtons tous les saints du ciel, tous ceux qui ont répondu à l’appel que Dieu leur a fait. Dieu est Amour, il nous a créé à son image, nous sommes faits pour aimer, et la meilleure façon de répondre à Dieu ce de ne faire que aimer.
D’ailleurs, c’est bien le thème du grand commandement : « Écoute Israël, le Seigneur ton Dieu est l’unique Seigneur, tu l’aimeras de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces, de tout ton esprit. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Voilà ! Une fois que l’on a dit cela, on se rend compte que l’on n’arrive pas tout-à-fait à répondre à cet appel. Est-ce que dans ma vie, je suis en permanence, en train de donner tout mon amour, de toute ma force, de toute mon intelligence, de toute mon énergie. Où ne m’arrive-t-il pas de me refermer un peu sur moi-même ? En posant la question, j’y réponds évidemment…
Alors faut-il désespérer ? Non. Puisqu’il y a des saints ! Alors comment sont-ils devenus saints ? Est-ce qu’ils ont fait des choses extraordinaires ? Il y en a qui ont été extraordinaires, qui ont fait des choses un peu étonnante dans leur vie, mais ce n’est pas cela la sainteté. La sainteté, ce n’est pas seulement les 4 000 personnes qui ont été canonisées et qui sont données en exemple. C’est une foule innombrable. C’est ce que disait l’Apocalypse ! Ils étaient 144 000 de toutes les tribus des Fils d’Israël. Autrement dit, 12 x 12, c’est déjà extrêmement nombreux, que l’on multiplie par 1000, ce qui est… incalculable. Une multitude, donc… Tout le monde est appelé, chacun de nous !
I. C’est Dieu qui sanctifie
Cet après-midi, j’étais au cimetière de Brignais, et j’ai béni les tombes. Et je me suis rendu compte que je commençais à connaître du monde dans ce cimetière. Cela me fait dire que je deviens un peu Brignairot, quand même… Et de fait, je pense que pour vous aussi, chacun de nous, – et plus on avance en âge, plus c’est vrai -, commence à arriver le moment où l’on peut se dire : “Tiens, finalement, je connais plus de personnes mortes que vivantes”. Et de fait, on peut dire que peut-être, on connaît plus de saints que de “pas saints” !
Parce qu’être saint, ce n’est pas extraordinaire. Au contraire, c’est l’appel ordinaire pour chacun de nous. C’est accomplir ! – c’est sainte Thérèse de l’Enfant Jésus qui disait cela -, c’est « accomplir les choses ordinaires de manière extraordinaire« . Faire toutes ces petites tâches, ces petits services, tous ces petits dons de soi du quotidien et les faire avec l’intention de donner de la joie et de l’amour autour de nous. De donner de la joie et du bonheur autour de nous.
Mais cela ne nous rend pas parfait ! Même quand on y met tout notre cœur, il reste en nous quelque chose qui résiste à l’amour de Dieu, quelque chose qui résiste à nous donner entièrement : parce qu’il y a quand même ce voisin qui est particulièrement pénible, ou ma belle-mère, ou je ne sais… Et c’est là que l’on a besoin d’être sauvés. C’est ce que dit encore la Parole de l’Apocalypse. « Ces gens vêtus de robe blanche… » – autrement dit : ces saints ! Ces amis de Dieu qui voient Dieu en face et qui rayonnent de sa splendeur – Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Et Dieu dit : « ceux-là viennent de la grande épreuve, ils ont lavé leur robe, ils les ont blanchis par le sang de l’Agneau ». C’est l’Agneau, c’est le Christ qui sauve… C’est le Christ qui nous transforme en saint. Tout notre travail, c’est de le laisser faire. Cela implique un peu de volonté de notre part. Parce que laisser Dieu faire, c’est pas très confortable, et ça écrase un peu notre orgueil. Et notre orgueil, vous savez…, c’est important !
Dieu veut nous sauver, et Lui seul nous sauve ! Mais Il ne peut pas le faire sans nous. Il a besoin de nous, pour nous sauver, et même pour sauver les autres.
II. L’Église et la communion des saints : moyens que l’Esprit Saint a choisi
Dans le Je crois en Dieu, vous savez qu’il y a trois parties : « je crois en Dieu le Père… je crois en Dieu Fils, Jésus-Christ… je crois en l’Esprit saint… ». Chaque fois, on croit “en”, parce que c’est une adhésion à une personne. J’adhère, je veux être lié à Dieu qui est Père, et Fils, et saint Esprit. Et quand on parle du saint Esprit, « je crois en l’Esprit saint… ». On continue : «…et à l’Église catholique, à la communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle ». Et toutes ses réalités-là, on croit à ces réalités-là, parce que ce ne sont pas des personnes, ce sont des réalités, des choses, des biens pour nous ! Et en fait, ces cinq réalités qui suivent la croyance en l’Esprit saint, c’est l’action de l’Esprit saint.
L’Église catholique ? Elle existe parce que l’Esprit saint lui donne vie. Et grâce à elle, grâce à cette Église du Christ, -“ekklesia”, c’est ceux qui sont appelés, – eh bien nous pouvons recevoir la vie de Dieu. Par le baptême, par l’Eucharistie, par le sacrement de réconciliation par tous les autres sacrements. Nous pouvons nous mettre ensemble à l’écoute de la Parole de Dieu. Nous pouvons ensemble louer, honorer, servir Dieu. « Je crois à la sainte Église catholique…
à la Communion des saints… ».
Cette communion des saints, c’est ce qui nous unit les uns aux autres. Les saints, ce sont ceux qui sont appelés par Dieu, qui sont baptisés, qui sont invités à devenir pleinement saints. Le fait d’être en communion des saints, c’est aussi le fait que ceux qui sont de notre famille, sur la terre, – et au ciel ! -, nous avons un destin commun. Nous pouvons nous porter les uns les autres. Et c’est ce que je vous disais tout-à-l’heure, le Salut : Dieu ne peut pas le faire sans moi. Je ne peux pas être sauvé si je ne veux pas être sauvé. Cela dépend de moi, aussi. Et Dieu, en plus, choisit de passer par moi, – et quand je dis par moi, c’est chacun de nous -, pour sauver les autres. C’est d’ailleurs parfois un peu drôle, puisque certains seront l’occasion du Salut un peu a contrario… C’est en étant un peu pénible avec sa belle-fille que l’on devient une occasion de sainteté pour sa belle-fille. Et réciproquement ! Mais il ne faut pas le chercher, cela… évidemment.
Mais le Christ nous sauve… gratuitement. À la communion des saints, à la résurrection de la chair, voilà encore l’action de l’Esprit saint, et c’est bien cela que nous attendons.
« Et à la vie éternelle ! ». À la vie éternelle. En fait, dans le je crois en Dieu, on parle d’abord de la résurrection de la chair et ensuite de la vie éternelle. On pourrait en parler dans l’autre sens. Parce que la vie éternelle, elle commence maintenant. Chaque fois que nous choisissons d’accueillir l’Amour de Dieu dans nos vies, la vie éternelle grandit en nous. Elle est déjà là. En fait, tout notre travail, c’est de repousser un peu notre égoïsme, notre orgueil, pour laisser la vie éternelle grandir en nous. Et alors, quand la vie éternelle a toute la place, alors vraiment, oui, nous sommes vraiment saints ! Pour la majorité d’entre nous, nous arriverons à laisser la place à la vie éternelle qu’une fois que nous serons morts, et que l’on aura vraiment lâché ce à quoi on tenait, mais qui n’était pas si important que cela.
Mais cette vie éternelle, c’est la chose la plus précieuse que nous ayons… qui nous est donnée ! C’est la chose la plus précieuse et c’est la seule chose qui peut nous combler. Nous sommes faits pour cela. Parce que la vie éternelle, c’est la vie même de Dieu, l’Amour quoi !
III. le chemin de sainteté passe par la croix du Christ
Alors quel mode d’emploi ? Comment arriver à cette sainteté, qui fait qu’il y a des milliers, et des milliers, et des milliers et des millions de saints, d’hommes et de femmes qui regardent Dieu en face et qui le chantent, et qui le louent, et qui sont pleinement dans la joie : « réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ». D’ailleurs, « réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse », en latin, c’est : Gaudete et exsultate. C’est le titre de la dernière exhortation apostolique de notre pape. Il y en a d’ailleurs encore quelques exemplaires au fond de l’Église, vous pourrez en prendre… Gaudete et exsultate. « Réjouissez-vous… », car Dieu, le Christ, nous sauve ! et nous sommes invités à entrer dans ce Salut.
Et voilà ! Le mode d’emploi, il est là : c’est l’Évangile, la Parole de Dieu et plus particulièrement ce discours sur la montagne, et plus particulièrement ces Béatitudes. « Heureux les pauvres de cœur » : “heureux ceux qui ont réussi, déjà aujourd’hui, à lâcher un peu … ou beaucoup ! Heureux ceux qui accueillent la souffrance, qui ne se révoltent pas contre elle, qui accueillent la Croix, et qui pleurent ! Car Dieu les console. Heureux les doux, qui acceptent de ne pas être violent, donc. De ne pas détruire…”. Le chemin du vrai bonheur, c’est le chemin du Christ. Alors c’est tout le chemin du Christ, y compris la Croix. Vous le savez, il n’y a pas un saint qui ait évité la Croix. En fait, si on essaie d’éviter la croix, on l’aura de toute façon. Cela me fait penser à une petite bande-dessinée que j’ai vue il y a peu… C’est trois cases. Et sur ces trois cases, on voit un petit enfant qui ne veut pas aller au bain. Et donc il hurle : “non, non, non, non, je ne veux pas y aller !”. Sa mère le prend dans ses bras pour l’emmener au bain : “non, non, non, non, je ne veux pas y aller !”. Et à la troisième case, il est dans son bain et il explique : “on peut me forcer à aller au bain, mais que l’on ne me demande pas d’y aller avec dignité”.
Eh bien pour nous, le Ciel, la sainteté, la mort, on ira de toute façon. La souffrance sera de toute façon là. (Ce n’est pas le « plan » de Dieu. Dieu n’est pas un tyran qui nous ferait juste mal pour le plaisir, mais c’est là !) Et nous sommes invités à l’accueillir, cette souffrance et cette mort, et trouver là l’occasion d’aimer un peu plus et un peu mieux. « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute, si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous à cause de Moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les Cieux. »
Alors aujourd’hui, Toussaint, c’est un grand jour pour toute l’Église. Parce que tous les enfants de l’Église sont fêtés. Les saints qui sont en présence de Dieu, en face-à-face. Et puis nous aussi, qui sommes sur le chemin, avec encore en nous des endroits qui ne sont pas tout-à-fait saints, – c’est l’occasion de se regarder un peu, de faire le point -, et d’accueillir une grâce, un cadeau que l’Esprit veut nous faire… Vous savez, c’est le troisième : « en l’Église catholique, en la communion des saints, à la rémission des péchés ». Accueillons cette limite que nous avons en nous, ces péchés que nous faisons et accueillons le pardon que Dieu veut nous donner. Laissons-nous aimer par Lui. Et aimons, aimons en retour !