Voilà ! Je viens de passer deux mois dans vos communautés paroissiales de Brignais et Chaponost. À la fin de mon séjour, je voudrais remercier de tout cœur l’Abbé Gaël qui a bien voulu m’accueillir au milieu de vous. Je voudrais remercier les membres d’accueil du premier jour à mon arrivée. J’ai été attendu, accueilli et aimé. Je traduis ma reconnaissance aux deux paroisses. En effet, l’équipe pastorale a bien établi le programme, les célébrations étaient planifiées et il y a eu toujours quelqu’un qui m’a accompagné. J’ai été invité dans de nombreuses familles. Je demande pardon aux familles où je n’ai pas pu me rendre pour honorer l’invitation, faute de temps. En tout cas, je ne me suis jamais senti seul. J’ai aimé regarder les matches de la coupe du Monde dans les familles mais surtout à la cure de Brignais, moment de communauté et de partage. On a fêté la victoire des Bleus et on s’est beaucoup réjoui avec les jeunes.
Dans les communautés de Brignais et Chaponost, la liturgie est préparée et soignée à temps, tout est en ordre (il manque seulement la danse !). Les fidèles donnent de leur temps pour les différents services pastoraux. Les pères Gaël et Séraphin (des Missions Africaines) sont bien entourés !
Ma pastorale d’été a été un moment de grande joie : je n’ai jamais baptisé autant d’enfants en Europe (15) en si peu de temps. La bénédiction de mariage, l’Eucharistie dans les maisons d’accueil, l’adoration eucharistique, le service de communion aux malades et aux personnes âgées, les visites, et même les obsèques, ont été des moments enrichissants pour ma vie de prêtre. Les rencontres m’ont édifié. J’ai apprécié particulièrement de voir de jeunes familles avec beaucoup d’enfants, 4 ou même 6 : il y a de la vie, de l’espérance ! C’est l’antidote à une mentalité matérialiste qui fonde la vie sur l’égoïsme, le divertissement et le plaisir ! La vie est un don de Dieu à recevoir, à donner, à protéger.
Les visites des Monts du Lyonnais, le recueillement dans les sanctuaires et les églises, m’ont permis de me rendre compte des joies et difficultés que vit l’Église de Dieu dans l’Archidiocèse de Lyon. J’ai été frappé de voir de très belles églises, de jolis monastères, fermés, sans prêtres ni moines pour célébrer la sainte Eucharistie et louer continuellement le Seigneur. Au Cameroun, on a beaucoup de fidèles, mais pas d’églises aussi belles qu’ici. Il y a un grand manque d’ouvriers dans le champ du Seigneur. Puisque les personnes consacrées sont don de Dieu qu’il faut demander au Seigneur dans la prière (cf. Mt 9, 38), je crois qu’il y a matière à consacrer du temps à la pastorale de la famille et à la prière des vocations afin que les familles accueillent les enfants que Dieu veut bien leur donner et parmi lesquels il voudrait bien appeler à son service. Par ailleurs, il serait bon que les pasteurs de l’Église de France intensifient la collaboration missionnaire, en demandant aux Églises qui ont assez de prêtres et personnes consacrées de leur venir en aide. Autrement, on court le risque dont parlait le Curé d’Ars : « Laissez une paroisse vingt ans sans prêtre : on y adorera les bêtes. ». Dans ces conditions, les tabernacles sont vides, il n’y a pas d’adoration. On se coupe ainsi de la source de grâces divines. Dans l’optique de la nouvelle évangélisation, je crois que l’adoration doit être placée au cœur des communautés : là, Jésus est connu, aimé et témoigné publiquement, sans peur. Sans l’adoration, le diable peut faire son nid dans la communauté pour la diviser. Un regret : il y a eu très peu de gens à l’adoration et aux confessions de la semaine mariale. L’Église est un peuple d’adorateurs, un peuple au service de Dieu : « Il n’est pas question que nous abandonnions le Seigneur pour nous mettre au service d’autres dieux. Nous aussi nous servirons le Seigneur, car c’est lui qui est notre Dieu. » (Jos 24, 16), nous dit la première lecture de ce dimanche. Dieu aime les adorateurs de son Nom (cf. Jn 4, 19-24). Dans l’adoration, nous sommes purifiés par Dieu, embrassés par Jésus et sanctifiés par le Saint Esprit : c’est là que nous goûtons la bonté du Seigneur (Ps 33).
Dans le contexte mondial que nous traversons, je crois qu’il faut ouvrir les horizons de l’Église : elle doit être missionnaire. Nous ne pouvons pas nous contenter de vivre la foi seulement entre chrétiens « réguliers ». Beaucoup de jeunes ne connaissent pas Jésus et son Message de grâce. On leur a rempli la tête de philosophies antichrétiennes et anticléricales, et du coup ils se rebellent contre tout, et contre eux-mêmes. Nous avons la responsabilité en tant que « sel et lumière du monde » (Mt 5, 13-14), comme équipes pastorales, de sortir pour aller chercher ces frères et sœurs, et de les conduire à Jésus, « Chemin, Vérité et Vie » (Jn 14,6). Il est de la responsabilité du Curé de mettre en place des équipes pour organiser des campagnes publiques d’évangélisation et des groupes de prière dans les communautés et les écoles. Il est dommage que dans un pays de foi comme la France, les gens aient peur de manifester leur foi, que certains baptisés ne se rendent à l’église que pour les cérémonies de baptême, de mariage et obsèques. Comment a-t-on pu mutiler ainsi notre foi chrétienne ? Quel futur léguons-nous à nos enfants ? Un monde sans Dieu ? De l’absurdité, de la perdition ! Je crois que la France (et même l’Europe) qui a évangélisé la plupart des régions du monde, doit retrouver ses racines chrétiennes, sa fierté et sa joie de servir Dieu, pas Mammon, pas les idoles en tout cas ; autrement …
L’Église a besoin d’être forte de l’intérieur, parce qu’enracinée dans le Christ et fidèle à l’enseignement des Apôtres et aux Sacrements qui nous nourrissent. En même temps, elle doit sortir, pour proposer la Bonne Nouvelle du Christ à d’autres brebis qui sont hors de la bergerie. En somme, étant « sacrement universel du salut » (Lumen gentium 48), l’Église est appelée à être missionnaire ; c’est sa nature même (Ad Gentes 2).
Lors des visites dans les familles, j’ai écouté avec beaucoup de joie comment les fidèles aiment leurs prêtres, prient pour leurs pasteurs, les entourent de leur affection ; ils aiment le Pape François ! Ils sont reconnaissants pour le service rendu par les prêtres et les personnes consacrées. C’est vraiment bon d’être reconnaissant ! Généralement les prêtres sont très critiqués, ils se découragent et ils s’enferment en eux-mêmes, ce qui porte entorse à leur donation totale. Je vous encourage à entourer davantage vos prêtres, à leur faire des propositions pour le bien de la communauté ! Venez rencontrer votre curé, parlez à cœur ouvert avec lui, faites-lui des propositions, dialoguez avec lui et s’il y a besoin, reprenez-le, mais avec charité et patience ! Il est à votre service. Nous prêtres, nous avons besoin aussi de vos conseils pour grandir, nous ne sommes pas des super men. Nous sommes d’abord vos fils avant d’être vos pasteurs. Continuez de bien nourrir vos prêtres, soutenez-les de vos prières afin qu’ils se sanctifient et aident la communauté à se sanctifier elle aussi. Que chacun apporte sa contribution pour l’édification du Corps du Christ. Dans la communauté, tous sont importants, mais chacun à sa place. Nous devons fixer les yeux sur Jésus qui nous conduit vers la sainteté, mais tous ensemble ! L’Église est une communion !
En voyant l’organisation de vos communautés et le dévouement de vos prêtres et ouvriers apostoliques, et grâce à l’intercession maternelle de la Bienheureuse Vierge Marie, il y a lieu d’espérer à un futur radieux de l’Église. « Duc in altum ! » (Lc 5,4).
Que Dieu vous bénisse et vous garde !
Emmanuel