Homélie du 14e dimanche du TO, Année B, 8 juillet 2018
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
I – Ézéchiel : contre le conformisme !
Dans ce parcours biblique, nous commençons avec le livre d’Ézéchiel. Ézéchiel, c’est ce prophète qui parle dans les années 560 avant Jésus-Christ, alors que le peuple d’Israël est en exil. Le peuple d’Israël qui se sent un peu abandonné de Dieu puisqu’il n’a plus son temple, il n’a plus sa Terre. Ce peuple d’Israël, qui en exil, en théorie, devrait rester fidèle à Dieu, mais qui est un peu tenté par son entourage. Au contact de l’idolâtrie ambiante, du côté de Babylone, il est peut-être un petit peu plus confortable que de faire comme tout le monde.
Faire comme tout le monde, c’est peut-être ne pas aller à la messe le dimanche. C’est peut-être ne pas forcer prier chaque jour. Faire comme tout le monde… c’est peut-être ne pas dire qu’on est juif, – à l’époque ! -, ou ne pas dire que l’on est chrétien aujourd’hui. C’est peut-être aussi la tentation de rationaliser la foi, et donc bien souvent, d’éviter la croix. C’est une tentation de l’époque d’Ézéchiel, c’est aussi la nôtre.
Et le Seigneur ne se lasse pas d’envoyer son prophète Ézéchiel. Et puis il y en a eu bien d’autres, et puis il y a eu le Christ. Et puis il y a encore les prophètes de notre temps. En premier lieu, peut-être, notre pape ! Je vous invite, si vous ne l’avez pas encore fait, je vous invite à lire son exhortation sur la sainteté où il nous appelle vraiment à nous comporter en citoyen du ciel. Et donc en étranger à ce monde, nous sommes ici sur la terre en attendant le ciel… pour préparer le ciel. En fait, là où nous sommes, si nous sommes chrétiens, finalement, le ciel viendra un peu sur la terre, là où l’on est.
Finalement la tentation à l’époque d’Ézéchiel, comme aujourd’hui, reste la tentation d’abandonner le combat. De choisir le confort où l’on ne se pose pas de questions.
II – Entrons dans le combat de Dieu (qui n’est pas forcément celui que nous aurions choisi)
Dans la deuxième lecture, saint Paul nous expose sa situation : il a reçu des révélations tellement extraordinaires. Il a eu ces grâces fortes qui l’ont mis en mouvement, qui l’ont transformé alors qu’il était persécuteur, il est devenu évangélisateur. Il aurait pu avoir la tentation de s’en glorifier. Mais voilà, il a cette écharde dans la chair. Alors cette écharde, on ne la connaît pas. Est-ce que c’est son caractère impossible ? Parce qu’il est un peu coléreux saint Paul… Est-ce que c’est une maladie qui revient sans cesse ? On a pensé à des crises de paludisme, on ne sait… On ne sait pas. Il ne le dit pas.
En tout cas, il constate cette faiblesse, il se rend bien compte que, d’un point de vue humain, cela l’empêche de faire exactement ce qu’il voudrait. Alors il se tourne vers Dieu et il lui demande : “Seigneur, libère-moi !” Et le Seigneur ne le libère pas… Parce que le projet de Dieu pour nous, ce n’est pas notre confort. Le projet de Dieu pour nous, c’est l’établissement du Royaume ; C’est que nous menions le combat à Sa manière ! À la manière de Dieu. Et vous savez bien que la manière de Dieu, c’est la croix ! C’est la croix ! Non. C’est sûr que si l’on avait à choisir, ce n’est pas cela que l’on choisirait. Mais voilà… la croix nous est donnée. Nous sommes invités à la choisir, à choisir de l’accepter ou de la refuser.
Dieu agit à travers nous et Sa puissance se déploie dans la faiblesse. Acceptons d’être faible. Acceptons de laisser Dieu agir en nous. Ce n’est même pas malgré cette faiblesse que Dieu agit, c’est par cette faiblesse que Dieu agit. Finalement, si nous nous acceptons faible, si nous accueillons cette situation… – Et cette faiblesse, elle peut être multiple. Elle peut être liée à l’âge qui vient. Elle peut être liée à la maladie. Elle peut être liée à des défauts de caractère -. Cette faiblesse, c’est pour nous le lieu où nous pouvons accueillir la miséricorde et le pardon de Dieu. C’est pour nous le lieu où nous constatons que nous avons besoin les uns des autres. Il s’agit de ne pas déserter ce combat-là.
III – reconnaitre le Christ, tel qu’Il se donne
Et puis, le Christ vient lui-même visiter son peuple. Il est venu sur SA terre, au milieu du peuple choisi, au milieu du peuple aimé de Dieu : Israël. Et dans ce peuple, il y a un lieu tout particulier qui est Nazareth, – sa ville ! -, là où Il a grandi. Et lorsqu’Il y vient, Il n’est pas reconnu. En fait, ses contemporains, ses voisins, ses amis, ses plus proches, – on le sait, parce que dans l’évangile, un peu plus loin, la parole qui nous est donnée, c’est que les frères et sœurs de Jésus viennent le voir pensant qu’Il est fou, qu’Il est insensé -, donc ses plus proches ne savent pas reconnaître en Lui le Messie, le Fils de Dieu.
Et la question, elle est pour nous aussi. Nous sommes chrétiens pour beaucoup d’entre nous depuis bien, bien, bien longtemps… Est-ce qu’aujourd’hui, nous avons la capacité de reconnaître Dieu qui se présente à nous dans toutes les petites choses. Qui se présentent à nous dans tous ceux que nous croisons. Qui se présente à nous dans tous les événements de nos vies.
Et non seulement il s’agit pour nous de le reconnaître, mais il s’agit aussi de la choisir. De se mettre au service de la joie et du bonheur de ceux qui sont là autour de nous, parce que c’est vraiment ainsi que l’on sert le Christ. Est-ce que nous laissons Dieu agir en nous ? Nous arrivons à l’été, et l’été, nous savons bien que c’est une grande période de pause, en tout cas de changement de rythme, et ce changement de rythme est pour tout le monde.
Deux possibilités : la première est de se dire que c’est l’occasion pour nous de se remettre en contact avec le Seigneur que l’on avait peut-être un peu perdu de vue dans le rythme délirant de notre monde ; ou au contraire, ce peut être le risque inverse, vu que le rythme change beaucoup, de perdre un peu le contact. Alors il s’agit, pendant ces quelques jours de début d’été, de réfléchir et de se dire : “tiens, comment est-ce que je fais, moi, pour être en connexion avec le Seigneur, pour le reconnaître dans ces petites choses, pour le servir dans mes frères ?” Et l’on a beaucoup de chance dans la paroisse, parce que le père Emmanuel est là tout au long de l’été, et du coup, nous maintiendrons par exemple la messe en semaine, nous maintiendrons les temps d’adoration le mardi après-midi et le jeudi soir. C’est l’occasion de prendre un petit peu de temps que l’on n’a pas forcément l’occasion de prendre dans l’année.
Le baptême d’une enfant de la paroisse !
Enfin, aujourd’hui le Seigneur vient visiter son peuple. Il va s’installer dans le cœur de Félicité. Il va s’installer en elle et elle va devenir Christ. Connectée au Christ, connectée à Jésus, elle devient membre de son Corps. On le verra lorsque j’allumerai au cierge pascal ce petit cierge qui la représente elle. Elle sera chargée de porter au monde cette lumière. Cette lumière de la foi, cette lumière de la confiance en Dieu. Nous prions pour elle. Pour qu’elle soit vraiment le témoin dont Dieu a besoin pour notre monde. Nous prions pour chacun de nous afin que nous nous rappelions nous-mêmes de notre baptême, que nous fassions mémoire de lui.
Baptisés, nous avons comme mission principale d’être prêtre, prophète et roi. D’être comme Ézéchiel, nous sommes envoyés à notre monde pour témoigner du Christ, pour rappeler à tous ceux qui sont autour de nous que la joie, elle se trouve dans la relation à Dieu. Prêtre, nous sommes envoyés au monde, pour porter le monde dans notre prière et le présenter au Seigneur. Et roi, nous sommes chargés de nous mettre au service de nos frères.
Quand nous disons que nous sommes chrétiens, c’est que le Christ choisit d’avoir besoin de nous pour aimer. En fait, d’ailleurs c’est ce qu’Il a demandé aux parents de Félicité, Il leur a dit, Il leur dit encore aujourd’hui : “aujourd’hui, Je vous confie Félicité. Je l’aime et je vous charge de l’aimer”.
Parmi nous, un certain nombre sont mariés, Il vous a confié votre femme, Il vous a confié votre époux, en vous disant : “Je l’aime tout particulièrement, et je te charge de l’aimer en mon nom”. Nous avons cette mission. Cette mission d’aimer. Alors ne nous lassons pas d’aimer, entrons dans le combat de Dieu, accueillons nos faiblesses, laissons-nous aimer à travers elles, et aimons.