Homélie du 11e dimanche du TO, Année B, 17 juin 2018
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
Jésus leur parlait en paraboles. Et la parabole, vous savez, c’est une petite histoire inventée par Jésus, pour parler d’une réalité spirituelle, de la réalité de Dieu. C’est une petite histoire ordinaire qui veut nous parler d’une réalité extraordinaire. Quoi de plus ordinaire que de planter du blé ? Quoi de plus ordinaire que ce blé qui grandit et qui pousse ? Quoi de plus ordinaire au fait qu’il donne du fruit ? Quoi de plus ordinaire, et en même temps, n’est-ce pas un peu extraordinaire tout cela ?
Et voilà que Jésus emploie toutes ces images de notre quotidien, alors un peu moins dans le nôtre, aujourd’hui, du quotidien d’avant, à l’époque où l’on avait le temps de regarder les plantes pousser, pour révéler quelque chose du Royaume de Dieu.
I – Les paraboles du Royaume
Peut-être que la première chose que Dieu lus révèle, que Jésus nous révèle, c’est qu’il y a un immense décalage entre ce qui est semé, la manière dont cela grandit et le fruit que cela porte. Pour nos deux exemples, – imaginez bien ! -, un petit grain de blé qui se transforme en épi, cet épi on le coupe, et ensuite le blé, on le meule, on le pétrit, on le cuit, et on en fait du pain. Et si en plus ce pain devient Eucharistie, alors là, le grain de blé a réussi sa vie ! Il a réussi sa vie. Parce qu’il est devenu la chose qui soit la plus parfaite qui soit sur la terre.
Ce tout petit grain de moutarde, – vous savez, c’est encore plus petit qu’une lentille -, qui devient un arbuste de deux mètres de haut dans lequel les oiseaux peuvent s’abriter. Là encore, une toute petite graine qui porte du fruit et qui est le moyen d’abriter tous ceux qui en ont besoin.
La disproportion entre la graine et le fruit. La disproportion entre ceux que Dieu sème dans notre cœur, bien souvent très très très petitement, d’une manière toute humble, et le fruit que cela peut porter. Et même quand la croissance elle-même est discrète… Est-ce que l’on a déjà vu pousser des plantes ? Est-ce que l’on a déjà entendu pousser des plantes ? Non. On constate le changement. Si je vois la plante tous les jours, peut-être même que je ne m’aperçois pas qu’elle grandit. C’est vrai aussi pour les enfants ou les hommes… Les enfants, quand je les vois tous les jours, ils ne me donnent pas vraiment l’impression de changer. Si je ne les vois pas pendant trois mois ou six mois, là, tout a changé !
La croissance de Dieu, la croissance de l’œuvre de Dieu dans nos cœurs, dans nos vies, se fait aussi de cette manière-là, tout doucement. Et enfin, le projet de Dieu porte du fruit. Il est efficace. Quand la plante est en terre, elle porte du fruit. Quand la parole de Dieu est semée dans nos cœurs, cela porte du fruit. D’une manière parfois que l’on n’attend même pas. Il n’y a qu’une condition à tout cela : pour porter du fruit, il faut que nous accueillions le projet de Dieu. A la différence de la terre à qui on ne donne pas le choix et dans laquelle le blé va grandir, pour nous, il va falloir que nous le décidions. Accueillir la parole de Dieu, pour qu’elle puisse porter effectivement du fruit.
II – Notre ambition, c’est de plaire au Seigneur
Pour porter effectivement du fruit, on pourrait reprendre la parole de saint Paul : « Notre ambition, c’est de plaire au Seigneur ». Plaire. Aujourd’hui, c’est un mot qui n’a pas forcément très bonne cote. Parce que quand un homme politique veut plaire aux foules, ou quand nous voulons plaire à la hiérarchie… ce n’est pas forcément un compliment. Mais le mot “plaire”, en fait, signifie « vouloir s’ajuster à la volonté de l’autre ». Et bien ce mot désigne une qualité quand la volonté de l’autre est bonne. Et quand on parle de Dieu, forcément, Sa volonté est bonne ! Je veux correspondre à la volonté du Seigneur et je veux lui plaire. Et c’est une bonne chose. Comment je fais pour lui plaire ? J’accueille Sa vie. J’accueille le cadeau qu’Il veut me faire. Pour que je puisse porter du fruit ! Et ce fruit, c’est quoi ? L’Amour lui-même. Finalement, quand nous recevons Dieu dans nos vies, nous sommes invités à donner Dieu tout autour de nous.
Ce matin à la messe à Chaponost à 10h30, une adolescente a été baptisée. Et vous connaissez ce signe : j’ai allumé au cierge pascal le petit cierge. Le cierge pascal, c’est le Christ. C’est le Royaume de Dieu qui lui est donné. C’est cela la vie de Dieu qui lui est donnée. Et le petit cierge, c’est elle. Elle a reçu la vie de Dieu. La lumière de Dieu. Elle est invitée à porter cette lumière dans le monde entier. Chacun de nous. Nous sommes tous baptisés. C’est bien cela le fruit que Dieu veut pour nous.
III – Dieu s’engage
Et c’est intéressant parce que saint Paul nous met face à ce qui va à tous nous arriver. Nous allons bientôt quitter la demeure de ce corps. Nous allons mourir. Alors on pourrait être désespéré en se disant : “ca y est, c’est la fin de tout”. Et saint Paul nous dit : “non”. Que nous soyons ici, là, maintenant, dans ce corps, ou que nous soyons après notre mort hors de ce corps, l’essentiel, c’est de plaire à Dieu, d’accueillir son Amour et de nous donner à Lui, en retour.
Alors que nous le fassions dans la foi, c’est notre condition aujourd’hui, dans cette immense confiance que nous portons au Christ et à Dieu, alors que nous ne le voyons pas. Ou que nous le fassions quand nous le verrons face-à-face, en fait, c’est un seul et même acte. Nous préparons notre éternité aujourd’hui. Il y a un film qui est sorti il y a maintenant 20 ans je pense, en 1998. Il s’appelle Gladiator. Dans ce film, il y a une phrase dite par un gladiateur romain. Évidemment, il ne le dit pas exactement avec la même portée que nous. Mais il dit : “Ce que nous faisons dans la vie résonne dans l’éternité”. Alors évidemment, le gladiateur pense plutôt à la gloire et à la célébrité. Mais nous pouvons, nous chrétiens, reprendre vraiment cette phrase, pour nous ! Ce que nous faisons dans ce monde, aujourd’hui dans notre vie, résonne dans l’éternité. Parce qu’un acte d’amour que nous posons aujourd’hui, cet acte-là ne sera jamais perdu et il dure. Il est au présent. Et il est au présent pour toujours, en Dieu. Alors oui, ce que nous faisons dans ce monde aujourd’hui résonne dans l’éternité.
Si Jésus prenait des petites réalités ordinaires pour parler de choses extraordinaires, nous aussi dans nos vies, nous pouvons prendre tout l’ordinaire de chaque jour, toutes ces choses qui pourraient être ennuyeuses. Mais nous choisissons d’y mettre l’Amour de Dieu et en choisissant d’y mettre l’Amour de Dieu, alors elles se mettent à être extraordinaires et à résonner pleinement pour l’éternité.
Alors aujourd’hui encore, alors que nous allons encore nous approcher de l’autel où Jésus se donne sous cette forme si ordinaire d’un petit bout de pain qui n’a pas beaucoup de goût. Et pourtant, c’est Lui tout entier qui se donne afin que nous aussi, nous soyons extraordinaires.