Homélie pour la solennité du Saint-Sacrement, Année B, 3 juin 2018
Par l’abbé Gaël de Breuvand, messe de 10h30 à Chaponost
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
(Aux 9 premiers communiants présents). Je ne vais pas arriver à dire tous vos prénoms je crois… Mais il y en a neuf d’entre nous qui vont recevoir Jésus pour la première fois ! Jésus qui vient visiter leur cœur et leur corps ! Jésus qui se donne tout entier. Dans ce que nous a chanté tout à l’heure la petite chorale, ça s’appelle “ecce panis angelorum” : « le voici le pain des anges… ». “Ange”, en grec, cela veut dire “envoyé”. « Voici le pain des envoyés ! » Et qui sont les envoyés ? Qui sont les envoyés ? C’est vous ? Oui, oui. C’est vous ! C’est vous les envoyés. C’est nous les envoyés. L’eucharistie, le corps du Christ, c’est le pain des envoyés. Le pain des chrétiens, le pain de l’homme en route. Le vrai pain des enfants de Dieu… « qu’on ne peut pas jeter aux chiens ».
Ce pain que Dieu nous donne, – nous le savons -, il ressemble à du pain. (Aux premiers communiants) Vous savez, l’hostie, – vous l’avez goûté d’ailleurs ! -, ça a un goût moyen… C’est pas du très bon pain, mais c’est du pain. Et ce pain, tout à l’heure, je vais dire une parole, et je vais dire une parole de Jésus ! Je vais dire : « ceci est mon corps ». Et je prête ma bouche à Jésus. Et à ce moment-là, qu’est-ce qui se passe ? Le pain devient le corps du Christ, de Jésus. Et c’est ce qu’on appelle la… transsubstantiation ! Transsubstantiation… ça, c’est un mot barbare ! Un mot bien long, bien compliqué, pour qu’on soit bien conscient d’une chose : c’est que ce qui se passe sur l’autel pendant la messe, c’est quelque chose de réel et en même temps, c’est quelque chose que l’on n’arrive pas bien à comprendre. Donc on met un mot compliqué pour bien saisir que oui, c’est au-delà de notre capacité.
Ce petit morceau de pain, – qui ressemble à du pain ! -, il continue à ressembler à du pain. Et pourtant, ce n’est plus du pain. C’est le corps de Jésus.
Alors dans les lectures que l’on a entendues, – elles n’étaient pas très simples les lectures aujourd’hui -, il y a cette première lecture, c’est Moïse qui rencontre Dieu au nom du peuple. Il est l’intermédiaire. Et comme il est l’intermédiaire, Dieu établit un pacte avec Lui. C’est ce qu’on appelle une alliance. Et pour établir cette alliance, qu’est-ce qui se passe ? Dieu parle, et Il donne des commandements, – en hébreu on dit “davar”, des paroles de vie -. Dieu donne sa parole et les hommes, le peuple, est invité à lui répondre. Et qu’est-ce que dit le peuple ? « Tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique ». Et après, qu’est-ce qui se passe ? Dieu parle. L’homme répond en disant : “Tout ce que Dieu a dit, nous le mettrons en pratique”. Et la troisième chose : on prend du sang et on en asperge tout le monde… Bah… Alors on pourrait se dire : “ça, c’est laid”. Et en fait, il faut bien penser qu’à l’époque, le sang, c’est le signe de la vie. Et donc, on est en train de dire que cette alliance, cet échange de parole, c’est un lieu de vie. « Voici le sang de l’alliance ». Le voilà ce sang qui nous donne la vie, qui nous permet d’être alliés avec Dieu. Et vous savez ce qui se passe, c’est que Dieu, il est là (il place sa main au-dessus de sa tête) un peu plus haut même ! Et nous, on est là ! (il place sa main presqu’au niveau du sol). Un peu plus bas même ! Et entre Dieu et nous, il ne peut pas y avoir alliance normalement. Et Dieu vient à notre rencontre. Et il nous fait monter jusqu’à Lui. Et on peut le rencontrer vraiment. Dans une alliance… être ami avec Lui ! C’est Jésus qui nous le dit cela. On peut être ami avec Lui.
Alors, cette alliance, elle se continue. Elle se continue aujourd’hui. Aujourd’hui, Jésus veut faire alliance avec Jérémie ! Aujourd’hui, Jésus veut faire alliance avec Anna, avec Emma, avec Charlotte, avec Mathilde… – je suis perdu -, avec Adrien ! Il veut faire alliance aussi avec chacun de nous, qui sommes là, derrière. Il veut faire alliance avec nous ! Et la question, c’est : “est-ce que nous aussi, nous voulons faire alliance avec Lui ?” C’est une question qu’il faut se poser. Il faut se la poser régulièrement… Parce que ce que nous propose Jésus, – on l’a entendu dans l’évangile. Vous avez écouté l’évangile ? Vous l’avez sous les yeux en plus ! -. Dans l’évangile, il y a deux parties : il y a une partie où Jésus prépare la salle du repas, la salle de fête, la salle du banquet ! Et puis il y a une deuxième partie où Jésus donne sa vie. Il donne son corps : « ceci est mon corps donné pour vous ». Et je l’ai même lu deux fois…
Et nous, qu’est-ce qu’on fait ? Qu’est-ce qu’on est invité à faire ? Elle est où la salle du repas, la salle de fête, la salle du banquet ? Elle est où pour nous ? Est-ce que c’est simplement ce bâtiment ? cette église ? non. Si je pose la question… Non. La salle de fête, la salle du banquet, c’est notre cœur ! C’est Votre cœur ! Et c’est pour cela qu’on s’est préparé à vivre cette communion. C’est pour cela qu’hier, on a vécu un autre sacrement… (aux premiers communiants) Quel sacrement ? Vous avez fait quoi hier ? C’était il y a si longtemps que cela ? C’était quoi hier ? Qu’est-ce qu’on a fait hier matin ? On a vécu le sacrement de ré-con-ci-lia-tion ! ah bon… ouf ! (au reste de l’assistance) Parce que moi, je l’ai vécu avec eux, alors… j’aimerais bien que eux aussi l’aient vécu avec moi. On a vécu le sacrement de réconciliation ! Et ça sert à quoi le sacrement de réconciliation ? ça sert à préparer notre salle du banquet.
Alors on va vivre maintenant ce banquet. Et donc pendant un banquet, pendant une fête, qu’est-ce qui se passe ? eh bien on rencontre les personnes que l’on aime ! Et dans votre cœur, Jésus va venir s’installer pour vous rencontrer. C’est quand même une bonne nouvelle. Et qu’est-ce qui va se passer ensuite ? Qu’est-ce que Dieu fait ? Il vous donne Sa force. Et pour quoi faire ? Pour que vous soyez plus forts que tout le monde et que vous puissiez écraser les autres ? Non. C’est pas ça ! Pour quoi faire ? Quelle est votre grande mission, à vous ? C’est quoi votre grande mission ? Toi, tu le sais ? C’est donner la joie ? On en a parlé non ? Oui. C’est de donner de la joie. Notre mission à nous, chrétiens, c’est d’être des transmetteurs de joie, des porteurs de joie pour que tous ceux qui sont autour de nous soient dans la joie.
Tout seul, on n’y arrive pas très bien. Donc on a besoin de l’aide de Dieu. Et chaque fois que l’on communie, c’est ça : “Seigneur, je veux être ami avec Toi, je veux être en alliance avec Toi pour pouvoir donner la joie à tous ceux que je vais rencontrer aujourd’hui. Et c’est bien cela : c’est le pain des envoyés. Parce que notre envoi, à nous, chacun, c’est de porter l’amour de Dieu au monde.
Et dans quelques instants, il va y avoir un baptême. C’est bien, vous allez être au premier rang. On va baptiser Brune. (bas) Elle est passée où ? Je l’ai perdue… ah, elle est là ! On va baptiser Brune. Dieu va venir s’installer en elle. Alors vous me direz : “bah du coup, il n’y a pas besoin de communier parce qu’il est déjà là”. Mais chaque fois que l’on communie, Dieu prend un peu plus de places en nous. Chaque fois que l’on communie, Il nous relie un peu plus les uns avec les autres. Il fait de nous l’Église. L’Église… Et donc Brune va être baptisée. Et le dernier geste que l’on va faire, – on va lui mettre de l’eau sur la tête, on va la chrismer avec le Saint-Chrême, on va lui remettre un vêtement blanc -, et le dernier geste que l’on va faire, on va lui donner un cierge qu’on va allumer au cierge pascal. Cette lumière-là, c’est le Christ vivant. Et quand on va allumer le petit cierge de Brune, eh bien, c’est la vie de Dieu qui est en elle. Et elle, elle va être appelée à porter cette vie de Dieu au monde entier.
Vous aussi vous êtes appelés à cela. (aux premiers communiants) Est-ce que vous voulez porter la joie de Dieu au monde entier ? Oui ? ah… (au reste de l’assemblée) Et vous ? Est-ce que vous voulez porter la joie de Dieu au monde entier ? En vérité ? Oui ? (L’assemblée répond). C’est une bonne nouvelle ! Comptez sur moi pour vous y aider.
Nous prenons maintenant quelques instants de silence. Et du plus profond de notre cœur, nous pouvons dire au Christ Jésus : “Seigneur, viens me visiter. Aide-moi à préparer ma salle du banquet. Viens. Viens en nos cœurs !”