Homélie du 7e dimanche de Pâques, Année B, 13 mai 2018
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
Avec Zoé, Théo, Romain, Paul et Adrien, nous nous sommes rencontrés hier matin. Et on a lu cet évangile. Puis je leur ai posé une question, c’est : “est-ce que vous avez compris ?” Alors, eux, ils m’ont répondu : “oui !” Mais, moi j’ai du mal à le comprendre quand même cet évangile. Donc on va essayer de trouver quelques clefs.
Jésus, quand Il parle à ses disciples, Il leur dit dans ce passage trois choses absolument essentielles et importantes.
I – Unis, dans la joie, envoyés
La première chose, la première prière qu’Il fait à son Père, Il se tourne vers son Père et Il lui dit : “Père saint, mon Père, voici ce que je te demande : fais que mes disciples, – vous ! -, fais que mes disciples soient unis, qu’ils soient un. Qu’ils soient un comme le Père et le Fils sont un”. Qu’ils soient un ! Parce que nous sommes faits pour cela. Vous le savez bien : dans notre cœur, dans notre nature humaine, nous avons un grand désir, un grand besoin de la relation, et nous sommes faits pour être unis. Il y a un psaume qui le dit d’ailleurs : “qu’il est bon et qu’il est doux pour des frères d’être unis et d’être ensembles”. Et la prière de Jésus au Père, c’est que nous soyons un, parce que Jésus sait bien que ce n’est pas facile d’être un, d’être unis. On le sait bien… Il suffit de regarder près de nous. Dans nos familles, dans nos amis, dans les relations que l’on a… Est-ce que l’on arrive toujours à être unis ?
Cette histoire d’unité, elle se fait dans le nom de Jésus. « Garde mes disciples unis dans Ton nom, le nom que Tu m’as donné ». Quel est le nom que Jésus a reçu du Père, c’est le nom de Christ. Et nous sommes invités à porter le même nom. D’ailleurs, on nous appelle chrétiens. On nous appelle chrétiens. Chrétiens, ça veut dire : “choisis”. Paul et Adrien, Romain, Théo, Zoé sont choisis par Dieu. Au jour de votre baptême, Dieu vous a appelé par votre nom et vous a dit : “je te fais mon enfant. Tu es mon enfant bien-aimé”. Pour rester unis, pour rester un, il nous faut d’abord reconnaître que nous sommes les enfants de Dieu.
La deuxième idée de cet évangile… elle est là : « je parle ainsi dans le monde pour qu’ils aient en eux ma joie ». Ça c’est une bonne nouvelle ! Dieu veut notre joie. En fait, c’est assez original quand même. Parce que lorsque l’on cherche dans les religions du monde, il est assez rare que la divinité veuille la joie de ses fidèles. Et nous découvrons avec Jésus, par le Christ, que ce que veut Dieu essentiellement : c’est que nous soyons dans la joie. Donc c’est une bonne nouvelle. C’est une bonne nouvelle et du coup ça va nous permettre d’avancer. Parce que le Seigneur ne se réjouit pas de notre souffrance. Le Seigneur ne se réjouit pas de notre violence. Le Seigneur ne se réjouit pas de nos combats. Il se réjouit de notre joie. Ça, c’était la deuxième chose ; peut-être la chose la plus essentielle. Dieu ne nous appelle pas pour…, – on ne sait pas quoi d’ailleurs -, mais Il nous appelle pour la joie.
Et puis la troisième chose, c’est que si le Seigneur nous appelle, Il nous appelle pour la joie, Il nous appelle à être unis, mais Il nous appelle aussi pour nous envoyer. En fait, c’est une chose importante, essentielle peut-être. C’est que finalement Dieu a décidé d’avoir besoin de nous. En gros : Dieu aime tous les hommes. Il veut prendre soin de chacun. Mais IL ne fera cela qu’à travers nous. Si nous nous disons : “non, non. Je ne m’occupe que de moi et pas des autres”. Eh bien nous mettons en échec le projet de Dieu pour nous. Et nous ne faisons pas ce pour quoi nous sommes faits et donc nous ratons la joie.
II – Dieu m’aime
Notre joie, c’est d’être unis, c’est d’être des témoins de l’amour possible, de l’amour de Dieu dans notre monde. C’est ce que nous dit saint Jean dans cette deuxième lecture. Cette deuxième lecture, on s’en rend pas compte parce qu’on l’entend toujours… On le sait… elle dit : « Dieu est amour ». Mais en fait, c’est une bombe nucléaire cette histoire. Dieu est amour… cela n’apparaît d’abord quasiment qu’ici dans la Bible. Il a fallu 2000 ans d’enseignements de la part de Dieu pour qu’on arrive à comprendre que Dieu est amour. Et encore, on a du mal à la comprendre. Il est amour, ça veut dire qu’Il aime et Il ne fait que cela. Dieu est tendresse. Dieu ne peut pas vous dire : “non, toi je ne t’aime pas”. Non, ça, Il ne sait pas faire. Dieu m’aime ! Même si j’ai l’impression d’être abandonné de tous, Dieu m’aime. Et je peux toujours me raccrocher à cela. Et Dieu m’aime tant qu’Il me donne tout son amour, toute sa vie. Et c’est l’Esprit Saint que nous attendons dimanche.
III – Dieu amour, c’est Dieu qui se donne : accueillons-le
Alors un certain nombre d’entre nous, ici, ont été confirmés. La majorité a été baptisée. Ce jour-là, c’est l’Esprit Saint qui nous a été donné. Dimanche prochain, la fête de la Pentecôte, c’est l’occasion de rouvrir notre cœur, pour accueillir à nouveau ce cadeau que Dieu nous donne. Et puis dans quelques instants, Zoé, Romain, Théo, Adrien et Paul vont recevoir l’eucharistie. C’est la vie de Dieu toute entière. Oui, évidemment, cela ressemble à du pain. Et pour l’instant, d’ailleurs, par là-bas, sur la crédence, c’est du pain ! (aux premiers communiants) On a goûté cela d’ailleurs… C’est du pain. Mais une parole de Dieu va être donnée. Une parole de Dieu sur ce pain : « ceci est mon corps ». Une parole de Dieu sur ce vin : « ceci est mon sang ». Et alors le pain et le vin deviennent vraiment corps et sang du Christ. Ce n’est pas qu’une façon de parler. C’est réel.
Alors c’est réel, mais pour pouvoir en profiter, il nous faut ouvrir notre cœur. C’est une petite histoire que je vous ai raconté hier. Admettons : On fait tomber Jésus-hostie, Jésus-hostie par terre, et une petite souris arrive pour grignoter cette hostie. Elle mange le corps du Christ ? Oui. Elle mange le corps du Christ. C’est réel. Pour autant, est-ce qu’elle sait que c’est le corps du Christ ? Non. Elle ne sait pas. Et donc du coup, elle n’en profite pas. Elle ne peut pas grandir dans l’amour.
C’est une caractéristique des hommes que de pouvoir grandir dans l’amour. Alors ce que je nous souhaite, ce que je vous souhaite, c’est de ne jamais communier comme si vous étiez des petites souris. Que vous ne communiez jamais… sans y faire attention ! Mais toujours en vous disant que c’est Dieu lui-même, qui nous aime, et qui se donne en nourriture pour nous… pour quoi ? pour que nous puissions à notre tour aimer. Aimer.