Homélie du 4e dimanche de Pâques, dimanche du bon pasteur, Année B, 22 avril 2018
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
I – le Seigneur sauve….
Dans la première lecture des Actes des apôtres : « Pierre, rempli de l’Esprit saint », s’adresse à la foule. Il vient d’accomplir un signe, un miracle. Il vient de relever le paralytique qui était connu depuis longtemps et qui était à la Belle porte, à l’entrée du Temple. Il a fait du bien à un infirme. Et le peuple, les chefs des prêtres, les pharisiens sont assez dubitatifs quant à cette guérison : “est-ce que ce ne serait pas une sorte de sorcellerie ?” Alors ils posent la question : “au nom de qui avez-vous guéri ?” Évidemment, de la réponse de Pierre dépend tout, puisque Le seul qui guérisse, c’est Dieu ! Le seul qui sauve, c’est Dieu ! Et voilà que Pierre répond : “c’est par le nom de Jésus que nous avons guéri”. En nul autre que Jésus il n’y a de salut. Et vraiment, Pierre prend des risques, il s’engage. Jésus est Dieu. C’est ce qu’il signifie, là, maintenant ! Jésus est Dieu. Il est le sauveur, c’est Lui qui guérit.
C’est d’ailleurs le sens du mot Hosannah, Dieu sauve. Hosannah. C’est ce que l’on a chanté aux Rameaux, il y a quelques semaines, c’est ce que nous chanterons tout à l’heure, pendant la messe : “Hosannah” ! Dieu sauve… Et c’est bien de Jésus dont on parle, dont le nom signifie la même chose : “le Seigneur sauve”.
II – … en donnant sa vie
Lorsque saint Jean prend la parole, dans cette lettre, c’est bien des années plus tard. On pense que saint Jean a écrit cette lettre autour de 90 ans. Autour de l’an 100… Et il veut expliquer à cette population chrétienne qui est autour de lui que vraiment, par le fait même d’être en union avec le Christ, toute chose a changé. « Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu ». En fait, c’est bien du baptême dont il parle. « Dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu ». Être enfant de Dieu, on pourrait se poser la question de se dire : “tiens, est-ce que ça veut dire que seuls les baptisés sont enfants de Dieu et les autres sont ignorés de Dieu. Où est-ce que nous sommes tous enfants de Dieu ? Tous les hommes sur la Terre ?” À cette question, nous pouvons répondre que les deux ont raison. Oui, tout homme vivant sur la Terre est enfant de Dieu. Parce que Dieu nous a créé, tous, chacun, Il nous a voulu pour nous-mêmes. Il nous aime et Il veut prendre soin de nous. Et en même temps par le baptême, nous accueillons cet Amour que Dieu nous donne et nous faisons un acte, qui est un acte de réception. Je reçois la vie que j’ai déjà ! Je reçois la vie que Dieu veut me donner. C’est d’ailleurs ce que disais Jésus dans l’évangile. “J’ai le pouvoir de donner ma vie ; j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau”. Eh bien, nous, par le baptême, nous sommes connectés au Christ. Nous avons ce même pouvoir. Nous sommes capables de donner notre vie, par amour. Et nous sommes capables de la recevoir de Dieu.
Alors au baptême, c’est le début d’une histoire. Et vous le savez bien : ce qui sera n’est pas encore pleinement manifesté. Aujourd’hui, nous entrons dans l’amour. Nous entrons dans une démarche dans cette relation avec Dieu. Et cette relation, tout au long de notre vie, nous sommes chargés de la faire grandir, de telle sorte qu’un jour, il ne reste plus, en nous, que l’amour. Que tout égoïsme, que toute souffrance et tout mal soient écartés de nos vies. Oui, par le don de la foi qui nous est donnée au baptême, nous sommes capables de recevoir l’amour de Dieu et peu à peu, avec notre accord, avec l’engagement de notre liberté et de notre volonté, Dieu nous rend semblable à Lui.
III – participer à l’action du Bon Pasteur,
Et pourquoi fait-Il cela ? C’est le troisième point. Pourquoi fait-Il cela ? Il nous le dit dans l’évangile. Il est le bon pasteur. Cette image du berger, c’est une image que l’on connaît bien dans la Bible. Vous connaissez, vous savez le psaume :
« Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien
Sur des prés d’herbe fraîche, Il me fait reposer »
Et puis nombre de prophètes nous ont assuré que Dieu était pour nous un bon pasteur, un bon berger. Et Jésus se présente. Il dit : « Je suis le bon pasteur ». Autrement dit, encore une fois : “Je suis Dieu”. Il s’engage. Il prend des risques. Et d’ailleurs ce sont de tels risques que quelques semaines plus tard, Il va mourir sur une croix pour avoir dit cela. Il est le bon pasteur. Et donc il prend soin de ses brebis. Dans cette image, souvent, on a une petite réticence, nous. On n’aime pas bien être pris pour des ‘moutons’. On n’aime pas bien faire partie du troupeau. Mais peut-être qu’il faut entrer dans cette logique de l’Ancien testament. Dans l’Ancien testament, le troupeau, c’est la richesse par excellence. C’est le bien précieux entre tous. Celui qui a un troupeau, grâce à ça, il peut en vivre, grâce à cela, il est considéré. Être partie du troupeau de Dieu, du Christ, c’est être précieux à ses yeux. Et tellement précieux qu’Il connaît toutes ses brebis. Il nous connaît tous, chacun, personnellement. Et Il nous aime. Et Il nous appelle. Et nous sommes invités à reconnaître sa voix .
Vous savez qu’au jour du baptême, nous sommes connectés au Christ. Nous devenons membres de Son corps. Devenir membre de corps du Christ, cela signifie partager, participer à sa mission. Et au jour d’u baptême, on le rappelle, le Christ est essentiellement prêtre, prophète et roi… et berger ! Parce que roi, dans le langage de l’Ancien testament, cela signifie berger. C’est pareil. Vous savez… le roi David, avant d’être roi, il était berger. Et il est invité à prendre soin de son peuple, comme il a pris soin de son troupeau. Et Jésus nous le rappelle. Donc nous sommes connectés au Christ. Nous participons à sa mission et nous sommes tous appelés à être bergers, pasteurs.
Alors certains d’entre nous ont des missions particulières : les pères et les mères de famille ont à être berger au sens le plus noble du terme pour leurs enfants. Mais lorsqu’on est responsable d’association, au travail… il nous faut être berger de ceux qui nous sont confiés. Et puis vous savez que dans l’Église, il y en a certains à qui est confiée une mission particulière de berger, de pasteur. Le pape, nos évêques, nos prêtres. Mais cette mission de berger, elle est bien d’abord destinée à chacun de nous. Nous sommes appelés à prendre soin les uns des autres. Aujourd’hui, dans cette église, nous sommes 350, et nous sommes destinés à prendre soin, tous, les uns des autres. Vraiment ! À prendre souci. À nous intéresser aux vrai bien de celui qui est là, près de moi ! Ou un petit peu plus loin. Et ce vrai bien, c’est d’abord d’entrer dans le projet de Dieu. Et donc de se laisser aimer par Lui, et de l’aimer en retour.
C’est la question que nous sommes tous invités à nous poser chaque dimanche. Si nous nous retrouvons chaque dimanche, c’est bien pour cela. Pour que cette question nous taraude. Comment prendrai-je soin de ceux qui me sont confiés aujourd’hui et toute cette semaine ? Et je prends l’aide du Christ, qui Lui, prend soin de moi. Et j’accueille Sa vie, pour vivre comme Lui et aller jusqu’à donner Ma vie, sans rien retenir, sans égoïsme. Et vous savez… qu’on le dit facilement ; c’est un peu plus difficile à mettre en œuvre. On pourrait demander à ceux qui sont mariés depuis longtemps, ou même un peu moins longtemps… Et on sait qu’être bon pasteur, c’est être bon pasteur de son époux ou de son épouse. Et ce n’est pas forcément facile tous les jours. Nous sommes invités à accueillir la force de Dieu l’amour de Dieu dans nos vies, pour pouvoir chaque jour remettre cette mission entre ses mains parce que c’est Lui qui nous fera vivre.
Alors en ce dimanche du bon pasteur, en ce dimanche où un certain nombre préparent le baptême de leurs enfants… En ce dimanche où nous prions tout particulièrement pour ceux qui vont devenir prêtres, nous nous remettons en face du Christ. C’est Lui le bon pasteur. Et c’est en le regardant, en le contemplant et en cherchant à l’imiter que nous trouverons la bonne manière d’être pasteur, à notre place. Encore une fois, laissons-nous aimer par Lui et en retour, aimons !